Révision de l’Accord UE-Algérie : Les arguments d’Alger

Port d'Alger

Photo : D. R.

L’Algérie a réitéré encore une fois son appel pour la révision de l’accord d’association avec l’union européenne (UE), le jugeant trop désavantageux et déséquilibré. L’appel a été lancé cette fois-ci par le Vice-président du Conseil du renouveau économique algérien (CREA), Abdelouahed Kerrar. 

Par Akrem R.

«L’UE ne devrait pas considérer l’Algérie comme problème commercial seulement. Le président de la République avait remis en cause, il ya déjà plusieurs mois, les déséquilibres dans les accords signés  avec l’UE et nous pensons au CREA qu’il faudrait revoir ces accords plus du côté des investissements en faveur des changements géopolitiques et des relocalisations que connait le monde en renforçant davantage les investissements. Donc, l’UE devrait nous percevoir comme partenaire d’investissement plus que commercial», souligne-t-il dans une déclaration à la radio nationale « Chaîne III».

Pour l’intervenant,  il y a beaucoup de synergie à développer avec l’UE, en affirmant  que l’Algérie est la clé de la stabilité dans la région du sahel.  

« Actuellement, il a ya une politique orientée vers la production locale. D’ailleurs, nous ne sommes pas les seuls à adopter cette politique. Tous les pays la privilégient  en renforçant l’intégration locale», a affirmé Kerrar.

Ceci est un message clair aux pays de l’UE qui veulent imposer leur diktat, en percevant l’Algérie comme uniquement un partenaire commercial, alors que la donne maintenant est changée, outre que toutes les conditions sont réunies pour les investisseurs, notamment avec l’entrée en vigueur du nouveau Code de l’investissement, et un nouveau cadre législatif qui garantit la transparence et la stabilité juridique d’au moins 10 ans.

 En somme, le climat des affaires est en nette amélioration, mais le combat est toujours en cours pour éradiquer la bureaucratie. Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, appelle et instruit l’Exécutif à prendre des actions et mesures pour lutter efficacement contre ce phénomène. Une fois la loi sur le foncier économique promulguée, les pays du Vieux continent n’auront pas assez d’arguments pour justifier leur réticence à venir investir en Algérie.

Des avantages comparatifs à exploiter  

Le vice-président du CREA a indiqué que « nous avons des avantages comparatifs à mettre en avant afin de développer un partenariat gagnant-gagnant avec l’UE». Il a cité notamment les richesses naturelles, une ressource humaine bien formée et un pays immense. « Nous sommes à deux heures des frontières de l’UE et nous sommes également la porte de l’Afrique», note-t-il. Tout cela place l’Algérie comme un terrain propice à l’investissement et de la délocalisation. Depuis la crise sanitaire Covid-19 et le conflit russo-ukranien, les pays de l’UE  ont décidé de relocaliser certaines industries stratégiques afin de garantir leur sécurité sanitaire et alimentaire. L’Algérie se positionne comme une alternative pour les pays asiatiques. Elle peut être une terre d’accueil pour ces industries, dont leurs relocalisations vers l’Europe seraient coûteuses.  Il faut donc, plaide-t-il, penser à l’Algérie en matière d’investissement et non pas en matière commerciale.

Depuis un certain temps, Alger indique que l’Accord d’association avec Bruxelles, entré en vigueur en 2005, profite plutôt à l’UE qu’à l’Algérie. Ainsi, le cumul des exportations vers l’UE, hors hydrocarbures, n’a pas atteint 14 milliards de dollars, alors que l’UE a exporté en Algérie pour 220 milliards de dollars.

Même si l’accord avait déjà été réévalué en 2015 à la demande de la partie algérienne, les changements apportés ne semblent pas suffisants. En effet, le Président Tebboune a demandé, il y a près de deux ans, à revoir les dispositions de cet accord « clause par clause » selon une approche « gagnant-gagnant ».

Cependant, l’UE campe sur ses positions. Le haut représentant de la diplomatie européenne a défendu cet accord lors de sa visite à Alger en mars. Josep Borrell a notamment affirmé que les exportations européennes vers l’Algérie avaient reculé de 45% depuis 2015 et que la balance commerciale était en faveur d’Alger. 

Une réaction tardive 

Concernant les inquiétudes exprimées jeudi dernier par la Commission européenne sur le travail de la commission nationale chargée de lutter contre les transferts illicite des devises, le Vice Président du CREA a précisé que le problème a été pris en charges par les pouvoirs publics, en qualifiant la réaction de l’UE de tardive. Il a affirmé que le CREA accompagne les entreprises étrangères dans ce processus. D’ailleurs, ceux de l’UE ont salué les décisions de la commission.

Lors d’une récente réunion avec les membres du Patronat au siège de la Présidence, le Président Tebboune a pris la décision de geler les activités de cette commission et de mettre en place une commission qui détermine une méthode et le process avec lequel elle devrait travailler conformément à la législation en vigueur et conformément au Code des douanes. Il a été décidé  de donner accès aux entreprises à leurs dossiers pour voir ce qu’ ils leur reproche et aussi pour se défendre.

Le président de la République a pris la décision également, ajoute-t-il, de mettre en place une commission de recours. Et dans le cas où la surfacturation est avérée avec des preuves bien établies, l’entreprise doit s’acquitter du montant de cette surfacturation et dans le cas où elle ne pourrait le faire, un échéancier sera proposé pour l’entreprise. Il a été décidé également pour les entreprises qui sont blanchies de recouvrer leurs droits.

C’est dire que le problème a été pris en charge par les autorités faisant que l’inquiétude des Européens n’a aucun sens, conclut-il.

A. R.

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