Revalorisation des salaires : Le « oui- mais » de l’UGTA 

Le patron de la centrale syndicale, UGTA, Amar Takdjout a salué, hier à Alger, les dernières augmentations salariales accordées aux travailleurs de la Fonction publique dans le cadre de la loi de Finances (LF 24). « Nous ne pouvons que saluer ces augmentations salariales décidées par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune. Mais des mesures et des mécanismes sont également à mettre en place pour maitriser l’inflation», précise t-il lors d’une conférence de presse au Forum d’El- Moudjahid. 

Par Akrem R.

Pour lui, la maitrise de l’inflation est la question centrale qu’on doit poser pour la préservation et l’amélioration du pouvoir d’achat des travailleurs. Un dialogue franc et transparent est à engager par le gouvernement, le patronat et les syndicats pour trouver des solutions efficaces et durables à cette question épineuse du pouvoir d’achat. Puisque dira-t-il, « la vie du travailleur ne se résume pas au salaire».

Pour le syndicaliste, la solution ne peut se dégager qu’à travers le dialogue et la concertation entre les différents acteurs pour parvenir à la maitrise du phénomène inflationniste.

«Il faut apprendre à discuter et dialoguer. L’UGTA est disposée à participer activement à la relance économique du pays et apporter des solutions aux différents questions en lien avec le pouvoir d’achat et la relance économique du pays», souligne le SG de l’UGTA.

Dans ce cadre, Amar Takdjout a rappelé, au passage, que des augmentations salariales ont été effectuées en 2023 pour les travailleurs de la Fonction publique au nombre de 2,8 millions, mais avec quel impact ? Le constat est là : le budget des ménages est toujours sous pression.

En clair, ces augmentations ont été tout simplement absorbées par l’inflation surtout des produits importés. Durant l’année écoulée, le taux d’inflation était de plus de 9%. Un niveau jugé élevé et sans l’aide de l’Etat, à travers la subvention des produits de large consommation, la situation des ménages serait dégradée davantage. 

« Nous souhaitons que cette situation ne se reproduise pas durant 2024. Je dirais encore une fois, oui aux augmentations salariales, mais il faut les accompagner par des mesures et mécanismes pour lutter contre l’inflation», insiste-t-il.

Donc, le cheval de bataille du gouvernement pour l’année courante est de mettre en place une stratégie pour la maitrise de l’inflation. Des décisions ont été prises dans ce sens par le Président Tebboune, à travers notamment, la réduction au maximum de la TVA sur les produits alimentaires, en la supprimant même pour les produits «made in bladi». Il y a également la réduction de la taxe douanière sur les viandes rouges et blanches importées.

A cela, s’ajoute une batterie de mesures pour accompagner les entreprises algériennes. C’est dire, dira l’intervenant, que le Président Tebboune a joué son rôle et que la balle est, maintenant, dans le camp des institutions, entreprises et syndicats pour relever le défi et mettre en place des mécanismes susceptibles de maitriser le marché.

Il est à noter sur ce point que le gouvernement se penche sur la question et est en passe de finaliser sa feuille de route pour l’approvisionnement et le contrôle du marché. Le SG de l’UGTA a estimé que la maitrise des prix passe par l’augmentation de la production nationale. 

Des mesures pour relancer les entreprises en difficulté 

«Nous avons besoins de plusieurs PME pour l’approvisionnement du marché national, tout en réduisant le recours à l’importation. Des mesures ont été prises par le gouvernement pour promouvoir la production nationale, en instaurant des incitations aux entreprises productrices. Maintenant, il fait les traduire sur le terrain afin d’atteindre les objectifs escomptés», indique Takdjout, en appelant à la prise en charge du dossier des entreprises en difficulté. L’UGTA, dira-t-il, est prête à faire des propositions pour la relance de ces entreprises. 

Il a, dans ce cadre, plaidé pour que la Caisse nationale de chômage prenne en charge les salaires des entreprises au bord de la faillite, en attendant leur mise à niveau. « Il est inconcevable que la société contracte des crédits pour payer les salaires des travailleurs, alors qu’elle est à l’arrêt. Notre proposition c’est que la Caisse de chômage s’occupe des salaires des travailleurs pour une période de trois mois, en attendant la relance de l’entreprise», plaide-t-il.

Concernant le retour à la retraite anticipée ou proportionnelle, le SG de l’UGTA a réitéré sa position pour son rétablissant uniquement pour les travailleurs ayants accompli un service de 32 ans et qui n’ont pas encore atteint l’âge de la retraite (60 ans).

« Accorder une retraite à un travailleur ayant accompli 20 et 25 ans de service c’est dérisoire et compliquera sa situation sociale, sauf si ce dernier va chercher un autre boulot. Dans ce cas là, je dirai qu’il y a un grand malaise au sein de la société, et que nous devons ouvrir un dialogue pour trouver des solutions à cette problématique», précise-t-il, en rappelant que la retraite anticipée a été instaurée dans une conjoncture difficile et dictée par le FMI.

A.R.

Quitter la version mobile