Près de trois millions de retraités vont bénéficier d’une revalorisation exceptionnelle de leurs pensions à partir de ce mois de janvier 2023. Ces augmentations seront applicables dès le mois de mars prochain avec effet rétroactif, a fait savoir, hier, le directeur général de la Caisse nationale des retraites (CNR), en l’occurrence, Djaafer Abdelli.
Par Akrem R.
En effet, trois catégories de retraités sont concernées par la décision «historique» du président de la République, Abdelmadjid Tebboune.
Il s’agit des personnes ayant moins de 15 années de travail et qui touchent des allocations retraites entre 3500 DA à moins de 15 000 DA. Ces derniers, selon les détails du DG de la CNR, et sur instruction du président Tebboune, leurs allocations seront augmentées à 15 000 DA.
C’est un geste de l’Etat afin de garantir une vie plus au moins décente pour ces personnes. Ce qui confirme le principe d’Etat social de l’Algérie, dira-t-il.
La deuxième catégorie concernée par cette revalorisation, sont les retraités ayant plus de 15 ans de cotisations et dont leur retraite ne dépasse pas les 20 000 DA. Sur ce point, le responsable de la CNR a précisé que tous ces retraités verront leurs pensions augmenter à 20 000 DA. A titre d’exemple, celui qui perçoit une pension de 16 000 DA, bénéficiera d’une augmentation de 4000 DA à partir de ce mois janvier. « Les autorités du pays ont décidé d’augmenter la pension minimum à 20 000 DA», annonce-t-il. Quant à la troisième catégorie, il s’agit des retraités ayant une pension entre 20 000 à 50 000 DA. Ils vont bénéficier d’une revalorisation entre 2 000 à 4 000 DA. Les autres retraités (des pensions de plus de 50 000 DA), doivent attendre le mois de mai prochain pour bénéficier d’une augmentation, conformément à la loi en vigueur, concernant toutes les catégories de retraités.
Une incidence financière 147 milliards de DA/an
Certes, l’augmentation des allocations et pensions de retraite est jugée plus que nécessaire, du fait que le pouvoir d’achat des ménages a connu une nette régression ces trois dernières années, suite à la flambée des prix des produits alimentaires et autres intrants sur les marchés mondiaux, mais le déficit budgétaire de la Caisse nationale de Retraite va encore s’aggraver. D’ailleurs, sans l’aide directe de l’Etat, la CNR n’est pas en mesure d’assurer les pensions de ses adhérents.
En effet, cette dernière augmentation coûtera quelque 147 milliards de DA/an pour la CNR et la Cansnos, soit, l’équivalant d’un milliard de dollars. « Une incidence financière de 147 milliards DA sera occasionnée par cette opération d’augmentation des pensions de 2 millions 900 000 retraités affiliés à la CNR et Casnos. La CNR, à elle seule, doit débourser, encore, 130 milliards de DA/an pour assurer les pensions de 2 millions et 600 000 retraités», détaille-t-il. Il est à noter, également, qu’en 2022, pas moins de 90 milliards de DA de dépenses supplémentaires ont été effectués par la CNR, suite à la décision du gouvernement de la suppression des pensions de retraite (de moins de 30 000) d’IRG, et sa réduction graduelle pourles pensions de plus de 30 000 à 50 000 DA, et, également, la revalorisation des pensions de retraites annuellement de 2021 et 2022. Ces augmentations positives pour les retraités sont qualifiées de lourd fardeau à supporter par la CNR et le Trésor public. Si le déficit s’est stabilisé depuis trois années, tout de même, il reste élevé et pesant sur les équilibres budgétaires des Caisses de la sécurité sociale. En 2022, le déficit budgétaire de la CNR s’élevait à 376 milliards de dinars.
376 milliards de déficit en 2022
« La Caisse a enregistré un important déficit structurel en 2022 qui a affecté ses soldes, enregistrant une augmentation des dépenses de 09%, par rapport à de maigres revenus estimés à 03%, ce qui a conduit à l’intervention du Trésor public cette année pour réduire le déficit budgétaire à 376 milliards de DA», avait-il déclaré, auparavant, devant la Commission de la santé, des affaires sociales, du travail et de la formation professionnelle à l’APN.
Il a expliqué que la Caisse nationale des retraites a commencé à connaître un déficit financier croissant depuis 2013, surtout après la diminution de la proportion de cotisants pour un seul retraité, alors que le nombre de bénéficiaires est passé de deux millions en 2010 à plus de 3 millions en 2022, soit une augmentation de 46%.
En effet, seul le retour de la croissance économique et la reprise du marché de l’emploi pourront réduire ce déficit important de la CNR. D’ailleurs, selon les chiffres du ministre du Travail « grâce à la reprise du marché de l’emploi en 2022, le déficit est passé de de 540 milliards de DA en 2021 à 376 milliards en 2022. Actuellement, «nous sommes sur un ratio de 2 cotisants pour un retraité, alors que l’équilibre financier de la caisse est de 5 cotisants/un retraité. Avec la relance de l’emploi, le déficit de la CNR va se réduire», avait déclaré Youcef chorfa, ministre du travail, de l’emploi et de la sécurité sociale, tout en tranchant sur la question de la retraite proportionnelle. Elle n’est plus d’actualité , dira-t-il, rappelant que cette dernière a été mise en place dans des circonstances particulières, en faisant allusion aux années 90, dont des entreprises publiques étaient en difficulté, avant d’être gelée depuis 2016.
A. R.