Sous le haut patronage des ministères du commerce et de l’environnement, le palais des expositions d’Alger accueille la 8e édition du salon international de la Récupération et de la Valorisation des Déchets (REVADE). Jusqu’au 21 novembre, cet événement réunit des entreprises nationales et internationales pour promouvoir l’innovation dans la gestion des déchets et renforcer les collaborations stratégiques en faveur de l’économie circulaire.
Par Houria Mosbah
Comme le souligne une représentante de l’entreprise Revade, ce salon «permet de créer des liens et de développer des contacts pour donner naissance à de nouveaux projets».
L’entreprise Revade : transformer les déchets en opportunités
Acteur majeur dans la collecte et la valorisation des déchets en Algérie, l’entreprise Revade se distingue par son expertise et sa vision durable.
Lors de l’interview, la représentante de l’entreprise a mis en avant les services de collecte, de recyclage et de gestion des déchets spéciaux.
L’innovation phare de Revade cette année est la création de la société « Green Eco Plast », qui fabrique des produits tels que des tables, des poubelles ou encore des kayaks à partir de plastique recyclé.
L’entreprise se prépare également à introduire la fabrication de bois composite à base de déchets plastiques et de bois recyclé, une initiative inédite sur le territoire national.
Selon Revade, l’objectif national en matière de recyclage est d’atteindre un taux de 30 %, un défi ambitieux lorsqu’on sait que seulement 9 % des déchets sont actuellement recyclés en Algérie.
L’entreprise souligne qu’une réduction progressive de l’utilisation de matières premières vierges est essentielle pour y parvenir.
«Le recyclage n’est pas seulement une solution écologique, c’est aussi un levier économique qui crée des emplois et renforce l’économie circulaire», a précisé le représentant de l’entreprise.
Gnovex : moderniser le tri avec l’intelligence artificielle
La représentante de Gnovex a présenté leur innovation phare : une poubelle intelligente équipée d’un système de tri basé sur l’intelligence artificielle.
Cette technologie détecte automatiquement le type de déchet introduit et le place dans le compartiment approprié. Reliée à une application mobile, les entreprises peuvent suivre en temps réel la quantité et le type de déchets, dans le but d’améliorer la gestion de leur consommation.
«Notre objectif est d’intégrer progressivement le tri dans le quotidien des algeriens, et cela nécessite une sensibilisation accrue», a souligné la représentante.
Elle a reconnu que l’adoption de ces nouvelles technologies peut être progressive et parfois accompagnée d’hésitations.
Néanmoins, elle reste optimiste quant au potentiel de cette innovation pour révolutionner la gestion des déchets en Algérie.
Uno Industry : impliquer les citoyens dans le recyclage
Uno Industry s’est fixé une mission ambitieuse : transformer le paysage urbain algérien grâce à un réseau d’automates de collecte de déchets.
Ces machines permettent aux citoyens de déposer leurs emballages et d’être récompensés par des points convertibles en divers avantages.
Le représentant de l’entreprise a expliqué : «Ce système encourage les citoyens à adopter des gestes écoresponsables tout en alimentant nos usines de recyclage avec des matériaux de qualité.»
Uno Industry s’appuie également sur l’application Mihfada, qui intègre des solutions FinTech innovantes pour simplifier les transactions dans des secteurs spécifiques, notamment l’industrie pneumatique.
Avec ces avancées prometteuses, l’entreprise identifie des opportunités pour accélérer la démocratisation du recyclage et renforcer le soutien réglementaire, ouvrant ainsi la voie à un développement encore plus rapide de ce type d’initiative.
Geocycle : valoriser les résidus industriels pour un avenir durable
Branche du groupe Holcim, Geocycle se spécialise dans la valorisation des résidus industriels au sein de l’industrie cimentière.
Leur plateforme numérique My Geocycle permet une gestion complète et transparente des déchets, offrant un suivi à leurs partenaires à chaque étape.
«L’Algérie est le premier pays d’Afrique du Nord et du MoyenOrient, du groupe à utiliser cette plateforme. Cela reflète une prise de conscience chez les industriels, qui cherchent à améliorer leur image et à contribuer à la préservation de l’environnement », a expliqué la représentante de Geocycle.
La représentante de Geocycle met en avant une vérité fondamentale : «Le déchet est une ressource précieuse, mais l’écologie, la durabilité et la préservation de l’environnement ont un coût. Chaque déchet nécessite une logistique adaptée et une préparation spécifique pour remplacer efficacement les ressources naturelles. »
Cependant, elle insiste sur l’impact positif de ces investissements à long terme : «Ces efforts permettent non seulement de réduire la consommation des ressources naturelles, mais aussi de préserver les ressources non renouvelables pour les générations futures.»
Ce positionnement ambitieux s’accompagne de projets futurs novateurs, tels que l’utilisation des résidus de barrages pour substituer l’argile, avec des tests concluants réalisés en partenariat avec des universités algériennes.
Geocycle illustre ainsi comment le secteur privé peut combiner innovation technologique et engagement environnemental pour un développement durable.
Un salon qui dessine l’avenir du recyclage en Algérie
REVADE 2024 met en lumière des solutions innovantes pour transformer les déchets en ressources.
Bien que le secteur du recyclage en Algérie soit encore en phase de développement, les initiatives présentées au salon témoignent d’un potentiel énorme pour construire une économie circulaire.
En renforçant la sensibilisation, en modernisant les infrastructures et en soutenant les start-ups, l’Algérie pourrait devenir un acteur majeur de l’économie verte dans la région.
Le défi reste toutefois de taille : démocratiser les gestes écologiques auprès des citoyens et instaurer un cadre réglementaire solide pour accompagner ces innovations prometteuses.
Avec des entreprises comme Revade, Gnovex, Uno Industry et Geocycle, le pays dispose d’un vivier de talents et d’initiatives qui, à terme, pourraient transformer profondément son économie et son environnement.
H. M.
