Une réunion déterminante pour le marché pétrolier est prévue demain lundi 5 septembre, entre les pays exportateurs de pétrole (Opep+), dont l’Algérie est membre influant. Il s’agit-là d’un rendez-vous important durant lequel les participants œuvrent à trouver des solutions efficaces pour la stabilité du marché pétrolier.
Par Akrem R.
La situation géopolitique, la récession économique et la tendance inflationniste des marchés actuellement, sont autant d’aspects à prendre en considération par les pays exportateurs de pétrole, afin d’éviter un éventuel choc pétrolier dans les prochains mois. Dans un rapport publié mercredi dernier, l’Opep+ a affiché ses craintes concernant l’avenir du marché pétrolier. Ce dernier enregistrera sans doute un excédent plus important, estime le cartel, qu’anticipé cette année en raison de l’augmentation des prix de l’énergie et du durcissement des politiques monétaires, qui freinent la demande.
Le document table sur une augmentation de la demande globale de 3,1 millions de bpj cette année mais souligne les incertitudes liées à l’inflation et au resserrement des politiques monétaires, deux facteurs qui rongent le pouvoir d’achat des consommateurs.
Un excédent de 900 000 barils/J
Selon le rapport, le marché mondial serait en excédent de 900.000 bpj cette année, soit 100.000 bpj de plus que prévu auparavant. Et cet excédent devrait persister l’an prochain, selon le scénario central du comité.
L’OPEP+ est prête à réduire la production dans un contexte de volatilité du marché à terme du pétrole, alimenté par une liquidité mince et une déconnexion avec les marchés physiques, a relevé la semaine dernière le ministre saoudien de l’Énergie, le prince Abdulaziz ben Salman.
Une déclaration qui avait un effet rapide sur les prix du pétrole, ayant enregistré un rebond en passant de 95 à 105 dollars le baril, lundi dernier, son plus haut niveau depuis un mois. Mais le prix du marché est retombé autour de 96 dollars mercredi, les traders anticipant une baisse de la demande.
Pour 2023, le risque de récession de l’économie mondiale et le retour de l’Iran sur le marché pétrolier international sont des facteurs baissiers. Rappelons que l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés (OPEP+) poursuivent leurs efforts pour assurer au marché mondial de l’approvisionnement stables et réguliers, à travers l’introduction d’une quantité supplémentaire de 100.000 barils/jour, le mois de septembre courant.
Cinq sources proches de l’organisation ont déclaré à Reuters que les discussions sur l’évolution de sa politique de production au-delà de septembre n’avaient pas encore commencé.
Vers le maintien des quotas actuels
Pour l’expert en économie, Mourad Kouachi, les pays de l’OPEP+ ne vont pas recourir à une réduction des quotas sur le marché mondial. Pour illustrer ses propos, il a affirmé que les grands producteurs à l’instar de l’Arabie saoudite fait face à de forte pression des Etats-Unis et ses alliés qui réclament le pompage de quantités supplémentaires sur le marché afin de faire baisser les prix à moins de 90 dollars.
A cet effet, prédit l’intervenant, l’Opep+ va maintenir les mêmes quotas déjà décidé pour ce mois de septembre, et ce, pour des raisons connues, à savoir la guerre en Ukraine, le dossier du nucléaire iranien et l’approche de l’hiver, dont la demande repartira à la hausse. En somme, estime-t-il, les prix vont remonter et resteront au-dessous de la barre de 100 dollars/baril.
A. R.
Abdelkader Slimani, expert en économie : «La réunion de l’Opep+ de ce Lundi est déterminante»
L’expert en économie, Abdelkader Slimani a qualifié la réunion de demain lundi de l’OPEP+ d’importante et capitale même. Du côté politique, les deux grands producteurs à savoir la Russie et l’Arabie saoudite connaissent un rapprochement «inédit», contrairement au rapport entre Riyad et Washington, notamment après l’élection de Joe Biden.
Le président américain a depuis son installation, tenté de trouver un accord avec l’Iran sur le dossier nucléaire et son retour sur le marché pétrolier, soit l’injection d’un million de barils/j sur le marché. Un avis que les dirigeants saoudiens ne partagent pas et décident de réduire au minima leur coopération avec les Etats-Unis. Pour cela, «nous estimons que les pays Opep+ vont maintenir les mêmes niveaux de productions actuels ou de procéder à une légère diminution de la production», affirme l’enseignant universitaire Abdelkader Slimani.
Ainsi, la décision des ministres des Finances du G7 pour le plafonnement du prix du pétrole brut et des produits d’origine russe vont également impacté le marché mondial, notamment avec la réaction de Moscou qui menace d’imposer un embargo aux pays qui soutiennent le plafonnement des prix de son pétrole proposé par Washington.
«Il y a plusieurs facteurs notamment politiques qui vont influer sur le marché. Il y a d’abord l’Arabie Saoudite qui s’oppose à tout rapprochement américain et iranien sur le dossier nucléaire et la mise sur le marché de quantités supplémentaires en pétrole iranien, d’une part. D’autre part, il y a la Russie qui menace d’imposer un embargo sur les pays qui soutiennent le plafonnement des prix du pétrole russe proposé par le G 7», souligne-t-il. S’agissant des prix, l’expert a indiqué que l’Arabie Saoudite plaide pour un baril de pétrole à 100 dollar. Un niveau jugé élevé par les consommateurs. Mais, indique Abdelkader Slimani, les prix du pétrole ont enregistré une forte baisse durant ces deux derniers jours, en passant sous la barre de 100 dollars (95 dollars/b). Ceci reflète la situation difficile dans laquelle se trouve l’économie mondiale, dont la croissance est lente. Elle avoisine les 1% dans la zone euro! Même situation en Asie, notamment en Chine, notamment avec le risque de l’instauration des mesures de fermeture contre la pandémie Covid-19.
En clair, détaille-t-il, la demande sur le pétrole sera en baisse. Et si il y a lieu de demande serait pour l’hiver ou par des perturbations dans l’approvisionnement suite au conflit entre l’Ukraine et la Russie. «La réunion de ce lundi sera décisive pour les pays producteurs Opep+ pour trouver des solutions à la situation actuelle», conclut-il.
Propos recueillis par A. R.