Réunion consultative Algérie-Tunisie-Libye : Vers un partenariat stratégique tripartite

Les dirigeants des trois pays du Maghreb, à savoir l’Algérie, la Tunisie et la Libye se sont réunis, hier, lundi, à Tunis. Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a rencontré ses homologues tunisien Kaïs Saïed et le libyen Mohamed Younès el Menfi lors de cette première réunion consultative décidé au 7e Sommet des chefs d’État et de gouvernement du Forum des pays exportateurs de gaz qui s’est tenu à Alger, en mars dernier à Alger.

Par Akrem R.

En effet, les questions de coopération dans les domaines politique, sécuritaire et économique étaient à l’ordre du jour de cet important Sommet. Conscients des enjeux et défis communs, notamment d’ordre géopolitique, auxquels fait face la région, les dirigeants des trois pays veulent insuffler une nouvelle dynamique à leur coopération, tout en répondant aux aspirations des peuples frères.

D’ailleurs, les données géopolitiques dictent à ces trois pays de penser à la création d’un bloc afin d’affronter ensemble les difficultés.

De nombreuses opportunités se présentent pour l’Algérie, la Tunisie et la Libye pour le renforcement de leur coopération et pour aller vers un partenariat stratégique.

Selon l’expert en export, Ali-Bey Nasri, il est recommandé d’aller vite et avec précision dans la concrétisation de ce partenariat. Avec des frontières aussi immenses et un contexte géopolitique imposant des regroupements à travers tous les continents, « l’intégration régionale est plus qu’incontournable (…) et le destin commun des trois pays impose de faire face à des défis communs », a souligné, Bey Nasri dans une déclaration à la radio nationale « Chaîne III», recommandant, d’abord, l’identification des complémentarités économiques entre les trois pays.

 Avec la Tunisie, à titre d’exemple, elles sont très importantes, dira-t-il, précisant que celle-ci « est très ouverte sur le marché international et très intégrée dans les chaines de valeurs, notamment européennes » et que c’est un pays « producteur qui dispose de plusieurs industries très fortes ».

Il a cité à ce titre, celle de l’automobile dans sa partie équipement électronique, l’industrie textile avec un montant d’exportation de 3,5 milliards de dollars, la pétrochimie, la transformation du phosphate de Gafsa, l’industrie pharmaceutique, entre autres.

Ce sont donc des pistes pour nouer des partenariats stratégiques avec la Tunisie et par extension vers la Libye, qui, elle, dispose d’une forte industrie sidérurgique entre autres, a-t-il ajouté. 

D’importantes opportunités de coopération 

En clair, les trois pays ont tout intérêt à travailler ensemble en renforçant leur intégration économique. La création de zones franches et autres zones de productions en commun renforcera l’intégration économique entre les trois pays et également leur positionnement régional et continental.

Actuellement, les échanges commerciaux et les investissements entre ces trois pays sont en-deçà des attentes et ne reflètent pas les opportunités dont disposent les trois pays du Maghreb. À titre d’exemple, nos échanges avec la Tunisie n’excédent pas un milliard de dollars. Idem avec la Libye, dont nos exportations avoisinent les 200 millions de dollars !

« Il faut saisir cette bonne entente politique pour la mise en place d’un nouveau partenariat bénéfique pour les trois pays, en allant vers la réalisation de projets communs et la construction d’entreprises champions dans les domaines stratégiques tels que l’agroalimentaire, l’énergie, les EnR, les industries de transformations et autres», a recommandé également Bey Nasri.

C’est à travers cela, ajoute-t-il, qu’une intégration économique entre les trois pays va leur conférer plus de visibilité à l’international en matière d’investissement notamment. «C’est ensemble qu’on va attirer des IDE», souligne-t-il, en affirmant que la levée des contraintes et la mise en place d’un cadre attractif par les trois Etats, dynamisera leur coopération.

Pour sa part, l’expert en questions maghrébines, Abdelwahab Benkhelif, a estimé que l’idée de relancer le projet d’Union entre les pays du Maghreb est devenue aujourd’hui une nécessité urgente, au vu des défis géopolitiques, économiques et sécuritaires, auxquels la région fait face, en particulier depuis le début de la guerre en Ukraine, au Moyen-Orient et de la guerre à Gaza.

Selon l’intervenant, la région du Maghreb connaît un retard dans la construction d’un bloc politique, économique et industriel intégré entre ses pays.

Toutefois, il s’est montré optimiste pour l’avenir de la région, suite à l’initiative du Président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, de revenir sur le terrain de la coordination et de la concertation pour la relance de la création d’un bloc maghrébin.

Cette première réunion entre les chefs d’Etat des trois pays reflète une volonté solide de relancer le chemin de la construction maghrébine commune.

«Il est nécessaire de travailler à la relance de cet ambitieux projet intégré, d’autant plus que les pays de la région ont des composantes communes que l’on ne retrouve pas dans d’autres régions arabes et européennes et dans d’autres régions du monde, en vertu de leur position géostratégique entre les continents de l’Europe et de l’Afrique et la disponibilité de richesses et ressources naturelles, outre, une population importante», a-t-il précisé, dans une déclaration sur les ondes de la radio algérienne internationale. 

En somme, une sérieuse opportunité se présente aujourd’hui pour réactiver la coopération, l’intégration et la coordination entre les pays du Maghreb arabe, à la lumière du besoin commun et pressant croissant des pays du Maghreb « de faire face aux évolutions géostratégiques»

En effet, la création d’un bloc maghrébin doit se faire selon une vision pragmatique, reposant sur le lancement de nouveaux projets économiques.

A. R.

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