Retards dans la mise en œuvre des projets agricoles dans le Sud : Le gouvernement convoque les investisseurs

projets agricoles dans le Sud

Le ministère de l’Agriculture et du Développement rural veut dynamiser l’investissement agricole dans le grand Sud, en accélérant la mise en œuvre du plan national pour les cultures stratégiques. D’importantes superficies ont été attribuées par l’Etat à des investisseurs depuis 2020 à ce jour, mais la mise en œuvre des projets est «lente».

Par Akrem R.

Selon les chiffres officiels communiqués par le ministre Youcef Cherfa, depuis la création de l’Office de développement de l’agriculture industrielle en terres sahariennes (ODAS), plus de 54 périmètres ont été créées pour la mise en valeur des terres à travers les wilayas du sud, soit près de 460 000 ha.

Parmi ces périmètres, 264 000 ha (terres de 250 à 1000 ha de superficie) ont été distribués au profit de 431 exploitants, dont 286 exploitants réellement installés, a indiqué Cherfa, citant la mise en valeur de 16 000 ha, en plus des 6680 hectares cultivés de la superficie exploitable de ces terres estimées actuellement à 96 000 ha. En termes clairs, seulement 30% des terres attribuées ont été cultivées !

Un taux jugé «faible» par rapport aux objectifs ambitieux fixés par les pouvoirs publics, visant une autosuffisance en céréales, oléagineuses, légumineuses et sucre.

Une situation qui a poussé le ministre Youcef Cherfa à la convocation des investisseurs ayant obtenu des contrats de concession afin de connaître les véritables raisons de ces «retards».

En effet, après avoir rencontré ceux des wilayas d’Adrar et Timimoun, dimanche dernier, et ceux des wilayas d’Illizi, Djanet et Ouargla (Lundi), le ministre a présidé, hier, mardi, une troisième rencontre en recevant les investisseurs de Ghardaïa, Laghouat et El-Menia, a indiqué Wahid Tifani, directeur de la planification foncière au ministère de l’Agriculture et du Développement Rural.

Ces rencontres ont pour but d’écouter les préoccupations de ces investisseurs et de tenter de trouver des solutions rapides, notamment, aux problèmes de l’accès à l’électricité, au permis de forage et à l’absence de pistes (routes).

Lors de ces rencontres, le ministre a affiché une nette volonté pour la résolution de ces différentes entraves dans les meilleurs délais, faisant appel aux autres départements, avant de passer à l’étape de résiliation de contrats de concession avec les investisseurs «défaillants».

Des solutions définitives aux entraves

Le responsable au ministère, M. Tifani, a rassuré que le ministre a promis des solutions à court terme pour surmonter ces obstacles, tout en insistant sur la nécessité de clarifier les responsabilités entre les différents secteurs concernés, notamment l’énergie et les mines.

Dans une déclaration à la radio nationale « Chaîne I », Wahid Tifani a indiqué clairement que la volonté d’investir, à elle seule, n’est suffisante pour atteindre les objectifs escomptés. Les investisseurs doivent faire leurs preuves sur le terrain, en trouvant des solutions alternatives aux différentes contraintes en attendant des solutions définitives.

Pour illustrer ses propos, le représentant du ministère a indiqué que des jeunes agriculteurs entre 20 et 23 ans ont réussi à mettre en œuvre leurs projets, et ce, malgré l’absence d’électricité. Ceci témoigne, dira-t-il, de leur innovation et de leur détermination à faire avancer leurs projets grâce à des solutions alternatives.

Ce dynamisme est crucial pour atteindre les objectifs du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, concernant la sécurité alimentaire du pays.

Le gouvernement reste intransigeant sur l’obligation pour les investisseurs d’exploiter effectivement les terres concédées, faute de quoi celles-ci seront réattribuées à des acteurs plus aptes à les valoriser.

« Le développement agricole en Algérie ne se limite pas à l’attribution de terres. Un plan de travail rigoureux, incluant des réunions régulières, a été mis en place pour s’assurer que les investissements se réalisent selon les délais», a-t-il fait savoir, indiquant que le ministère de l’Agriculture joue un grand rôle en offrant un accompagnement technologique complet, comprenant la formation, le transfert de technologies, et l’assistance technique, particulièrement pour les grands investisseurs.

Le message est donc clair. L’Etat est déterminé à aller vite dans la concrétisation de son programme de développement de l’agriculture straté- gique dans le grand Sud. Tous les moyens seront mis à la disposition des investisseurs qui doivent eux aussi, faire montre d’une réelle volonté pour atteindre l’objectif de la sécurité alimentaire.

Les projets étrangers sur la bonne voie

Concernant l’investissement étranger, l’Algérie en attire de plus en plus, comme en témoigne le projet algéro-qatari « Baladna » pour la production de lait en poudre.

Ce projet structurant, qui mobilise une superficie de 117 000 hectares, prévoit la création de fermes d’élevage intégrées, combinant production de céréales, de fourrage, de lait et de viande, ainsi qu’une usine de production de lait en poudre.

Une fois concrétisé, ce projet, d’une valeur de 3,5 milliards de dollars, permettra de couvrir 50 % des besoins nationaux en poudre de lait, de renforcer le cheptel bovin et de créer 5 000 emplois directs.

Un autre investissement avec les Italiens est en cours de réalisation à Timimoun sur une superficie de 36.000 hectares pour un montant de 420 millions d’euros.

Il est prévu l’emblavement de 3000 ha durant la prochaine saison agricole. Le plan national prévoit, rappelle-t-on, la mise en valeur d’un million d’hectares de terres d’ici 2028, dont 500 000 hectares seront dédiés à la production de cé- réales et d’orge, 220 000 hectares au maïs, et 20 000 hectares aux légumineuses et plus de 30 000 hectares aux cultures oléagineuses.

Ces initiatives visent, non seulement à réaliser la sécurité alimentaire, mais aussi, à réduire la facture d’importation en constituant des stocks stratégiques pour faire face aux crises et aux perturbations climatiques.

A. R.

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