En dépit de l’amélioration de la situation sanitaire et de la stabilité politique, les intentions d’investissement en Algérie ont connu une baisse de 4% par rapport à l’année 2020. Une situation qui s’explique par la non promulgation du nouveau code de l’investissement, a indiqué, hier, le directeur général de l’Agence nationale de développement de l’investissement (ANDI), Mustapha Zikara.
Akrem R
Durant les neufs premiers mois de 2021, 365 projets ont été enregistrés à l’Andi, pour un montant global d’investissement de 359 milliards de DA et la création de 34 220 emplois directs, a détaillé Zikara, dans une déclaration à la radio nationale.
Concernant, les grands projets, l’intervenant a indiqué que seulement 186 d’entre eux ont été recensés pour un montant de 500 millions de DA, «contrairement à nos attentes où nous avons tablé sur un saut quantitatif en matière d’intention d’investissements, comparativement à 2020 qui a vu les activités économiques plombées par la pandémie Covid-19, regrette-til. Mais, la réalité est là, et le nombre de projet d’investissements a connu une baisse de 4%», a-t-il déploré, en expliquant que les chefs d’entreprises et investisseurs sont prudents et ne veulent pas s‘aventurer. Ils sont impatients de voir l’entrée en vigueur du nouveau Code de l’investissement. Ce dernier tarde à voir le jour, et ce, en dépit des assurances du président de la République, Abdelmadjid Tebboune et du Premier ministre, Aymen Benabderahmane. Dans une déclaration accordée avant-hier à la chaîne Sky News Arabia depuis Dubai, Benabderahmane a fait savoir que la loi sur l’investissement avait subi des amendements substantiels devant favoriser la libération des initiatives. «La loi sur l’investissement représente l’un des principaux éléments de réformes structurelles et profondes en passe d’exécution».
Des amendements substantiels seront introduits, a-t-il dit, permettant d’investir dans tous les domaines, notamment le tourisme, les énergies renouvelables, les mines et l’agriculture, en rappelant au passage que la règle des 49/51 qui constituait un obstacle à l’investissement, a également été abrogée. Dès lors, «la vision adoptée en matière d’investissement ne sera soumise qu’au principe du « gagnant-gagnant », pour faire avancer l’économie nationale vers de nouveaux horizons fondés sur des revenus diversifiés, loin de la dépendance des hydrocarbures». Toutefois, des experts en économie et chefs d’entreprises ont critiqué la démarche du gouvernement qui a travaillé en «solo» et sans la consultation des hommes de terrain dans l’élaboration de cette nouvelle loi. D’ailleurs, certains prédisent, carrément l’échec de ce nouveau code. « Le ministère de l’Industrie doit associer les chefs d’entreprises qui connaissent les véritables contraintes de l’acte d’investir et d’entreprendre dans le pays. Il ne faut surtout pas se limiter à la consultation des cadres administratifs et autres consultants n’ayant pas l’expérience requise», a souligné Mohamed Sayoud, expert international en investissement. Et d’ajouter : « Le gap économique est trop long en Algérie alors que les marchés évoluent plus rapidement. Le « costume » d’aujourd’hui ne sera plus valable dans deux ans. Il faut simplifier les procédures et laisser les gens travailler. À ce rythme et avec cette méthode de gestion des dossiers, on risque de perdre encore 2 à 3 ans». Chose qui n’est pas acceptable pour l’Algérie qui aspire à amorcer sa transition économique, en passant d’un système dépendant à 98% des hydrocarbures à un autre, diversifié. D’ailleurs, même le DG de l’ANDI a reconnu qu’en dépit des efforts consentis par l’Etat en matière de facilitations et accompagnements des entreprises algériennes, « nous ne sommes pas encore arrivés aux standards internationaux»
Investissement : 1 300 dossiers en souffrance à l’ANDI
Ledirecteur général de l’Agence nationale de développement de l’investissement (ANDI), Mustapha Zikara a indiqué que près de 1 300 dossiers d’investissements sont en souffrance au niveau de l’Agence. Il a affirmé que le dossier est en cours de résolution. Le Premier ministre, Aymen Benabderhamane a ordonné la création d’une commission sous sa tutelle directe, où siège le ministère de l’Industrie.
« Des dossiers sont en cours d’étude et traitement», dira-t-il, en précisant que certains projets d’investissements sont à l’arrêt pour d’autres litiges, notamment, ceux liés aux enquêtes judicaires. «Des investisseurs sont appelés d’abord à s’acquitter de certaines taxes avant de poursuivre leurs opérations. Des mesures ont été prises par le ministère de la Justice pour remédier à cette situation», a indiqué Zikara dans une déclaration à la radio. S’agissant de l’investissement étranger, l’intervenant a relevé l’existence de moins de 100 dossiers qui sont en suffrance, dont 10 seulement sont importants, en rappelant que le Conseil national d’investissement (CNI) régissant l’investissement étranger en Algérie, ne s’est pas réuni depuis 2019. «Une fois la nouvelle loi sur l’investissement prête, nous allons procéder à l’étude minutieuse des dossiers afin d’éviter les erreurs du passé, en limitant le transfert en masse des bénéfices vers l’étranger», précise-t-il. Questionné, par ailleurs, sur le foncier industriel, le DG de l’ANDI a fait savoir qu’un nouvel organisme (agence du foncier industriel) est en cours de constitution, englobant le CALPIRAF, ANREF et Divindus). En outre, Zikara a appelé les pouvoirs publics à l’association avec l’ANDI dans cette nouvelle agence, en indiquant : « Le développement et la promotion de l’investissement ne pourront exister sans le foncier industriel. Nous demandons à ce que l’ANDI soit au moins, membre dans le conseil d’administration de l’agence du foncier industriel».
Par ailleurs, le même responsable a annoncé le lancement d’un nouveau système d’informations au sein de l’ANDI. La démarche consiste à atteindre zéro déplacement et zéro papier. En somme, les différentes procédures d’enregistrement de dossiers d’investissement se feront à distance et l’investisseur ne se déplacera à l’ANDI que pour le règlement d’un problème éventuel. « Notre plateforme numérique interne, déjà opérationnelle, sera ouverte aux investisseurs dans les prochains jours», annonce-t-il, en interpelant les pouvoirs publics sur la nécessité de mettre les moyens nécessaires à la disposition de l’Andi, afin d’en finir avec les actes bureaucratiques de certains agents qui travaillent dans des conditions catastrophiques. « Il faut mettre le paquet afin de réussir la nouvelle politique économique du pays», a-t-il conclu.
A. R