Les comptes sociaux de la compagnie nationale de transport aérien sont, une nouvelle fois, dans le rouge. Mise face à ses responsabilités, le staff dirigeant d’Air Algérie veut renforcer la position de la compagnie sur le marché algérien, et développer les lignes intérieures ainsi que renouveler sa flotte pour un accès au marché africain, qualifié de croissant.
Par Réda Hadi
A ce titre, le ministre des Transports, Aissa Bekkai, a présidé, en fin de semaine dernière, une réunion en présence de cadres du ministère, du P-DG par intérim de la compagnie, de son conseiller aux affaires financières, de la directrice du département commercial, de la directrice de gestion des recettes, du directeur des finances et de la comptabilité et d’un chargé des études et de l’analyse, a indiqué un communiqué du ministère.
Dans le cadre du plan de développement 2021-2025 que la compagnie compte lancer, le P-DG par intérim d’Air Algérie, a donné un aperçu général sur la vision prospective pour le développement de la compagnie et se préparer à la période post-coronavirus, en prenant en considération les grands changements enregistrés en matière de transport aérien aux plans local, régional et international, selon la même source.
Le ministre des Transports, Aissa Bekkai, a rappelé que l’ouverture du transport aérien au privé est l’une «des priorités du ministère», et que pour cela et pour un plus grand entretien des aéronefs, la création d’une entreprise de maintenance est prévue avant le 31 décembre prochain ainsi qu’une société de services terrestres en 2022.
Le plan vise également l’adhésion à certains groupes professionnels, la promotion de la destination Algérie en collaboration avec les instances et établissements concernés, outre l’introduction de la technologie et la numérisation dans l’ensemble des services clients afin de «les promouvoir et les rendre plus attractifs». De plus, il a été question, durant la réunion, de présenter la grille tarifaire adoptée par Air Algérie, insistant dans ce sens, sur l’intérêt accordé au mode d’établissement des prix de billets des vols locaux et extérieurs. La rencontre a permis de mettre en avant la technologie de gestion de revenus et de réservations au vu de « la rude concurrence » des compagnies aériennes.
Aussi, Air Algérie est appelée à compter sur ses propres capacités et saisir toutes les opportunités pour la concrétisation de ses plans de développement, a insisté le ministre.
Conditions de réussite
Cet ambitieux programme pour des spécialistes, ne peut reposer en fait que sur la capacité de résilience d’Air Algérie et son adaptation à l’environnement du transport aérien mondial, telle que «sa force de pénétration dans l’espace international et particulièrement africain», ont-ils estimé.
S’agissant de ce plan, Billel Aouali, économiste agréé, estime pour sa part, que « Air Algérie est dans l’obligation de se préparer à l’après-crise sanitaire. Et ce plan qui va s’étendre de 2021 jusqu’à 2025, est trop court pour remodeler de fond en comble, les structures qui existent, précisément en ce qui concerne le management» a-t-il souligné, et ce, d’autant plus qu’aucune aide ne lui sera octroyée. A remarquer que le compte-rendu de la réunion ne fait aucune référence à une probable hausse du nombre de vols internationaux dans les prochains jours,
De plus pour l’économiste «Air Algérie joue sur le fil, car si le plan présenté prévoit de développer les lignes domestiques, renouveler la flotte et se lancer à la conquête du marché africain, aucune date n’est fixée. Dans ce secteur la concurrence est rude, et il faut avoir des griffes affutées pour résister. De plus, Air Algérie doit faire attention au débauchage du personnel, car Emirates se prépare à une accélération de son activité. La compagnie aérienne de Dubaï a annoncé, dans un communiqué, le lancement d’une vaste campagne de recrutement sur les six prochains mois. 3 000 membres d’équipage et 500 agents des services aéroportuaires pour son hub de Dubaï. L’Algérie est concernée par la campagne de recrutement »… De plus, l’expert souligne qu’«au Maroc, l’activité a repris cet été dans les aéroports. Selon les chiffres publiés ce vendredi par l’Office national des aéroports marocains (ONDA), plus de 31.000 vols internationaux et 3,5 millions de passagers ont été enregistrés durant la période allant du 15 juin au 31 août. Des chiffres rendus possibles, notamment, par la grande promotion lancée par la compagnie Royal Air Maroc, la Tunisie aussi a annoncé la reprise de ses vols après des mois d’inactivité » et de souligner, alors, «que nous sommes encore loin de rivaliser avec ces compagnies, dont l’assise est confortée, par une gestion moins monolithique et plus réactive »
R. H.