Fermé en Décembre 2020, suite à l’apparition fin mai 2019, de foyers de fièvre aphteuse en France, et de la crise sanitaire, l’Algérie a rouvert son marché à l’importation de bovins vivants, en provenance de France. Le ministre français de l‘Agriculture s’est félicité de cette décision et a signifié, dans un communiqué qu’«après de longs mois de mobilisation de la part des autorités françaises et de l’interprofession bovine, le marché algérien est à nouveau ouvert pour notre filière». A titre de rappel, en 2013, l’Algérie était le troisième débouché à l’export pour les bovins vivants français, avec presque 43 000 têtes, dont une majorité de maigres. Cette mesure intervient, néanmoins conditionnée par un cahier des charges et des modalités remodelées.
Par Réda Hadi
La réouverture de ce marché aux exportateurs français, permettra aux entreprises de l’Hexagone de répondre aux besoins du marché algérien en bovins vivants destinés à la production de viande et de contribuer à la reconstitution d’une filière laitière en Algérie, affirme-t-on, outre méditerranée.
Si le ministre français de l’Agriculture et de l’Alimentation, s’est félicité de cette «excellente nouvelle», le ministère algérien de l’Agriculture et du Développement rural, a, précisé dans un communiqué, les nouvelles modalités et règles auxquelles les exportations françaises seront soumises, et a décliné trois cahiers des charges.
S’agissant des génisses destinées à la production laitière, les conditions fixées sont un âge compris entre 18 et 42 mois et un poids minimum de 480 kg. L’exigence de pedigree «dûment rempli, délivré par un organisme officiel reconnu de la sélection de la race pure dans le pays d’origine» est réaffirmée.
S’agissant des bovins d’engraissement destinés à la production de viande rouge, l’âge maximum est de 14 mois et le poids maximum est de 450 kg, après une période de transition de janvier à mars 2022, durant laquelle l’âge maximum est de 18 mois sans indication de poids.
Quant aux vêles de race mixte, non gestantes et destinées à l’insémination artificielle, leur âge doit être de 12 à 18 mois, avec un poids minimal compris entre 150 kg et 200 kg. À Paris, le ministère de l’Agriculture précise que les représentants de la filière bovine française se sont «engagés, avec l’appui de l’État, à respecter strictement les conditions énoncées» par les autorités algériennes.
«Avec cette réouverture, la France reprend pied dans le marché algérien», nous dit M. Radja Ahmed, ingénieur agronome et consultant à la FAO. L’expert estime que «les nouveaux cahiers de charges sont nécessaires, car le marché subit des tensions et des spéculations. L’arrêt des importations françaises a été un coup dur pour ce pays. En effet, après avoir progressé entre 2014 et 2019, les importations algériennes de bovins vivants ont reculé l’an dernier. Pour autant, la France demeure le premier fournisseur en broutards (50 000 têtes en 2020 soit -16 % par rapport à 2019). Pour l’instant, la demande n’est pas élevée, et selon mes renseignements, quelques bateaux seront envoyés, mais le ministère de l’Agriculture attend la période de contingent».
Des exports concentrés en janvier
Selon la presse française, la particularité de cette destination, c’est qu’une grande partie des animaux sont expédiés dans le cadre des contingents à droits nuls (5 000 tonnes), accordés aux exportateurs par ordre de saisie, le 1er janvier de chaque année.
A ce sujet M Radja explique qu’effectivement, «16 000 têtes s’étaient présentées sur les ports algériens (Alger, Oran, Annaba…) en quête de détaxation», et après des tractations, près de la moitié ont finalement dû s’acquitter des droits de douane. Il faut savoir que c’est un marché important pour la filière française, car en 2019, l ‘Algérie a importé pour 82 millions d’euros de viande et d’animaux vivants, de France. Cette réouverture intervient dans un contexte particulier pour régénérer notre cheptel, et ce qui est appréciable, c‘est qu‘elle ne fait pas à n’importe quel prix, et les nouveaux cahiers de charges, sont de bons garde-fous»
R. H.