Inscrit au registre des priorités des stratégies de développement que prônent les pouvoirs publics depuis le début de l’année en cours, le secteur de l’agriculture, avec ses différentes composantes, continue de faire l’objet de mesures et de dispositions nouvelles en vue de devenir le pivot central de la sécurité alimentaire du pays, dans un contexte international marqué par des chamboulements et des fluctuations de grande ampleur.
Par Mohamed Naïli
C’est dans cette perspective que le chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune, s’est saisi encore une fois du dossier de l’agriculture lors du Conseil des ministres qui s’est tenu ce dimanche pour émettre de nouvelles recommandations et directives en vue d’ « intensifier les efforts » pour la consolidation de la nouvelle dynamique inculquée au secteur, notamment pour les filières stratégiques qui sont les céréales, les grandes cultures, les productions animales, les fourrages entre autres.
Ainsi, à l’occasion de la présentation d’un exposé du ministère de tutelle sur les préparatifs du processus technique de la prochaine saison céréalière 2022-2023, le chef de l’Etat « a instruit le gouvernement à l’effet d’intensifier les efforts pour garantir la sécurité alimentaire, notamment pour ce qui est des céréales, et ce, compte tenu des fluctuations internationales actuelles. Il s’agit là d’un défi devant être relevé quels que soient les difficultés et les obstacles, car le potentiel et les capacités matérielles et naturelles de l’Algérie la qualifient pour atteindre cet objectif stratégique », est-il souligné dans le communiqué sanctionnant les travaux du Conseil des ministres.
Cette nouvelle démarche des pouvoirs publics pour donner un nouveau souffle aux filières stratégiques du secteur agricole est loin de se contenter de décision prises à haut niveau, bien au contraire, les directives émises sont visiblement suivies de près pour garantir leur application sur le terrain, ce qui se confirme avec cette nouvelle instruction du ministre de l’Agriculture et du développement rural par le chef de l’Etat pour procéder à l’élaboration d’un « nouveau plan pour la réorganisation du secteur loin de toute forme de bureaucratie et tenant compte de l’efficacité sur le terrain ».
Les subventions pour la céréaliculture à revoir
Au sein du secteur de l’agriculture, les jalons de cette nouvelle reconfiguration semblent commencer à prendre forme, du moins pour les filières. C’est ce qui est en train d’être mené en tout cas au niveau du BNEDER (Bureau national d’études pour le développement rural), qui est un organe d’aide à la décision, affilié au ministère de l’Agriculture et du développement rural et intervenant en amont de la production.
Le directeur général de ce bureau d’études, M. Khaled Ben Mohamed, lors d’une intervention à la radio avant-hier, a fait état d’un nombre de nouvelles mesures en cours de préparation. Parmi celles-ci, la reconsidération des paramètres définissant les subventions agricoles. A cet égard, évoquant la filière céréalière, le DG du BNEDER a soulevé la question des inégalités en matière des rendements soulignant qu’ « il y a des régions où les rendements dépassent les 50 quintaux/hectare, voire atteignent 80 qtx/ha, comme les wilayas de Khenchela ou Guelma à l’Est du pays, alors que dans d’autres régions, en raison du recul des disponibilités en eau, les rendements sont au dessous de 10 qtx/ha ».
En conséquence, M. Ben Mohamed a évoqué de nouvelles mesures qui consisteront à réorienter les subventions vers les zones de production où les rendements sont plus importants et les cesser pour les régions où les rendements sont faibles. Laquelle mesure qui permettra à coup sûr d’encourager les céréaliculteurs à aller vers l’intensification de la production dans les zones à hautes potentialités et accompagner les agriculteurs des régions où les cultures céréalières sont moins compétitives à se convertir à d’autres productions à forts rendements, comme les fourrages.
D’un point de global, il y a lieu de souligner que le secteur compte quelque 600 000 agriculteurs faisant dans la céréaliculture et les mesures prises en début de l’année, consistant à revoir à la hausse les subventions accordées à cette filière, à travers l’augmentation du prix d’achat des céréales par l’OAIC fixés à partir de cette année à 6 000 DA/ql pour le blé dur, 5 500 DA/ql pour le blé tendre et 3 400 DA/ql pour l’orge et l’avoine, ont suscité un engouement considérable au sein des producteurs pour faire dans la production de céréales.
Néanmoins, faute de ressources suffisantes en eau d’irrigation et de pluviométrie, les rendements sont en-deçà des attentes dans une grande partie des périmètres emblavés. C’est pourquoi donc il est nécessaire d’adopter une nouvelle approche pour aller vers l’amélioration des rendements céréaliers, qui, selon le DG du BNEDER, demeurent au dessous des 20 qtx/ha, « alors que depuis des années nous ambitionnons de les améliorer pour atteindre au moins 30 qtx/ha ».
M. N.