Le ministère de l’Agriculture et du Développement Rural a annoncé, en fin de week end dernier dans un communiqué, la création d’un conseil interprofessionnel de l’élevage bovin au premier trimestre de 2023, indiquant que ce conseil viendra remplacer le Conseil national interprofessionnel de la filière Viandes Rouges (CNIFVR).
Par Farid D.
La filère viandes rouges et lait, suscite, décidément, un fort intérêt des autorités gouvernementales. Deux types de considérations, l’un à court termes et l’autre à moyen terme, semblent présider à ce fait. D’abord, à court terme, l’approche du mois de Ramadhan, qui comme chaque année dicte aux autorités de prendre les devants pour, d’une part, prévenir toute éventuelle tension sur ces produits particulièrement prisés en pareille échéance, et d’autre part, afin d’anticiper sur une possible pénurie.
A moyen terme, le gouvernement tente de mettre de l’ordre dans la filière accusant des défaillances organisationnelles générant une situation d’anarchie, terreau des pratiques spéculatives, notamment sur les prix.
Ainsi, le communiqué, annonçant la décision de créer un conseil interprofessionnel de l’élevage bovin, prise lors d’une rencontre présidée par le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, ayant regroupé plusieurs opérateurs économiques et importateurs de bovins vivants, fixe l’objectif d’organiser la filière et ce, explique-t-on, dans le cadre du plan d’action du gouvernement et de la feuille de route du secteur, visant à augmenter la production de lait frais, et impulser une nouvelle dynamique à la production locale des viandes rouges.
Il s’agit, dans ce contexte, d’un programme « important et durable », visant à réduire les importations à l’instar de la poudre de lait et accroitre la production nationale des viandes rouges.
Lors de la rencontre de cette fin de semaine, le ministre a donné des orientations et mis en avant les mesures prises les autorités publiques, ayant permis le développement de toutes les filières agricoles, l’amélioration quantitative et qualitative du produit national et une large couverture des besoins nationaux, ajoute le communiqué.
L’importance de cette filière a également été évoquée, en sus de l’impératif de revoir son organisation et son encadrement, selon le ministère.
De leur côté, les opérateurs ont exprimé « leur adhésion totale à ce programme », saluant toutes les mesures prises par l’Etat dans le cadre de l’appui et de l’accompagnement » de cette filière.
Vu l’interférence entre les deux filières, à savoir la production du lait et des viandes, il a été décidé de créer un conseil interprofessionnel de l’élevage bovin au premier trimestre de 2023 pour remplacer le CNIFVR, lit-on dans le communiqué.
Il a été décidé également d’assurer la traçabilité et l’identification des cheptels importés à partir du 2 janvier 2023 et ce en collaboration avec le Centre national d’insémination artificielle et d’amélioration génétique (CNIAAG) et l’Office national interprofessionnel du lait (ONIL) qui seront chargés de la mise en place d’un système d’immatriculation de toutes les vaches reproductrices.
Stabilité des prix
Il a été convenu aussi, lors de cette réunion, de garantir la stabilité des prix des aliments de bétails, notamment le son du blé dont le prix a été plafonné car issu des « blés tendre et dur » subventionnés.
A savoir, à propos de la stabilité des prix des viandes rouges ayant atteint un niveau record, qu’un délai d’un mois avait été fixé, la semaine écoulée, aux professionnels et producteurs locaux pour la révision à la baisse des prix actuels, (dont le kilogramme de viande de mouton et d’agneau oscille entre 1700 DA et 2000 DA !), sans quoi le marché sera inondé par l’importation de quantités importantes de viande fraiche. L’annonce a été faite par le directeur général de l’ALVIAR, Lamine Derradji, lors de son passage sur une chaine de télévision privée.
D’ailleurs, la société Algérienne des viandes rouges (ALVIAR) a pris toutes les dispositions nécessaires pour le début des opérations d’importations à partir de la mi-janvier 2023. . Aux yeux des observateurs, c’est le seul moyen pour stopper cette frénésie des prix sur un marché désorganisé, dont les spéculateurs imposent leur diktat.
En réalité, les coûts de revient pour la production d’un kilo de viande rouge d’agneau, ne dépasse pas les 1000 DA, indique le DG d’Alviar. Pour lui, le prix sur le marché de détail ne devrait pas dépasser des 1400 et 1500 DA le kg au maximum.
« Nous espérons que le marché retrouvera son équilibre grâce aux opérations d’importations que nous allons lancer dès janvier. D’ailleurs, la viande fraiche hallal sera proposée à 1200 DA/kg. Le cahier des charges est fin prêt et nous sommes en pourparlers avancés avec des pays, avec lesquels nous disposons d’accords de santé vétérinaire (DSV), souligne-t-il, en faisant savoir que cette viande importée sera commercialisée dans un circuit bien défini et contrôlé. Il y a, d’abord, les points de vente de l’Alviar, mais aussi, Onab et les grandes surfaces. Des accords seront signés avec des opérateurs privés pour la commercialisation de la viande fraiche importée pour un prix fixé à 1200 DA/kg. « Nous avons opté pour cette organisation afin d’éviter les pratiques de spéculation et de fraude. Certains peuvant la proposer comme étant une viande locale»,
La réunion a permis de réviser le cahier de charges pour l’allègement des procédures administratives en focalisant sur le contrôle sanitaire, rappelant à l’unanimité, la nécessité d’imposer un système de contrôle sanitaire ferme au niveau des frontières et tous les points de passage.
Aucun animal ne sera admis au niveau des centres d’isolement relevant des services vétérinaires, ont-ils souligné.
En cas de contamination, toutes les mesures organisationnelles devront être prises pour la protection du cheptel national.
Une autre réunion est prévue fin janvier 2023 pour la concrétisation et le suivi des décisions et mesures convenues.
F. D.