Renforcement de la sécurité alimentaire : L’Algérie passe à la vitesse supérieure

L’Algérie veut accélérer le processus de renforcement de sa sécurité alimentaire. En effet, de nombreux projets agricoles dans les cultures stratégiques, notamment, les céréales et légumineuses, sont déjà lancés et d’autres en cours d’étude. Ils seront implantés en majorité, dans le grand Sud, dont les terres agricoles et l’eau sont disponibles. Toute une stratégie est mise en place par le ministère de l’Agriculture, visant à étendre les zones de mise en valeur des terres pour la production agricole dans le Sud du pays, en établissant des pôles agricoles pour le développement des cultures stratégiques et des produits de large consommation.

L’Algérie veut accélérer le processus de renforcement de sa sécurité alimentaire. En effet, de nombreux projets agricoles dans les cultures stratégiques, notamment, les céréales et légumineuses, sont déjà lancés et d’autres en cours d’étude. Ils seront implantés en majorité, dans le grand Sud, dont les terres agricoles et l’eau sont disponibles. Toute une stratégie est mise en place par le ministère de l’Agriculture, visant à étendre les zones de mise en valeur des terres pour la production agricole dans le Sud du pays, en établissant des pôles agricoles pour le développement des cultures stratégiques et des produits de large consommation.

Par Akrem R.

Dans sa feuille déroute, l’Algérie veut assurer son autosuffisance en céréales d’ici 2030, soit, la production de la totalité de ces besoins en blé dur et tendre, estimés actuellement à 9 millions de tonnes/an, alors que la production nationale ne dépasse par la moyenne de 3 millions de tonnes/an.

Pour combler ce déficit de 6 millions de tonnes, l’Algérie recourt à l’importation, en déboursant des milliards de dollars. Chose que le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, qualifie d’inacceptable d’autant que le pays détient toutes les potentialités et moyens pour ré- pondre aux besoins nationaux en matière de produits agricoles et céréaliers.

À cet effet, il a ordonné à son gouvernement de mettre en place une nouvelle organisation pour booster l’investissement agricole, tout en facilitant l’octroi du foncier agricole. Une démarche qui commence à porter ses fruits sur le terrain.

Des investisseurs nationaux et étrangers adhérent à cette nouvelle politique de l’Etat visant à promouvoir l’agriculture algérienne et à réduire la facture d’importation.

Depuis le début de l’année en cours, deux mégaprojets seront réalisés au Sud du pays en partenariat, respectivement, avec les Qataris avec un investissement de 3,5 milliards de dollars pour la production de la poudre de lait, dont les travaux pour la réalisation de puits sont lancés en ce début de juillet, et le deuxième avec les Italiens pour la production du blé dur.

Des projets structurants bientôt en production

D’un investissement de 420 millions de dollars, ce projet, en partenariat avec le leader italien «BF International Best Fields Best Food Ltd», vise la mise en valeur de 36 000 hactares dans la wilaya Timimoun à partir d’octobre prochain, en plusieurs phases.

Il est prévu la mise en valeur des terres dans une première phase de 3.000 hectares directement pour le blé, avant de les porter à 10.000 hectares pour les légumineuses et les oléagineux dans une seconde phase, précise la directrice générale de l’investissement agricole et du foncier au ministère de l’Agriculture et du Développement rural, Assaous Souad.

Il est prévu, selon l’accord signé entre les deux parties, l’augmentation des superficies de 6 000 hectares/an pour atteindre les 36 000 ha en 2028 et la production entre 128 000 quintaux (scénario 1) et 170 000 quintaux/an, soit une production moyenne de 80 quintaux/ha.

La responsable au ministère a annoncé qu’une société mixte du droit algérien sera créée prochainement, dont 51 % pour le partenaire italien et 49% pour le Fonds national de l’investissement (FNI), assurant que tous les moyens seront mis à la disposition d’investisseurs pour relever le défi de la sécurité alimentaire.

Assaous Souad a révélé, dans une déclaration à la radio «Chaîne I» que d’autres projets importants, en phase d’étude, seront bientôt lancés dans une dizaine de wilayas dans le Sud du pays par des sociétés publiques et autres investisseurs privés.

C’est à travers ce genre de projets que l’Algérie augmentera sa production céréalière et renforcera sa sécurité alimentaire. Des orientations claires ont été données, rappelle-t-on, par le chef de l’Etat pour l’augmentation des superficies à 500 000 hectares dans le Sud du pays.

Un appel a été lancé aux investisseurs locaux et étrangers pour s’impliquer dans cet ambitieux programme.

Mettre en place notre propre modèle agricole

Pour sa part, Pr. Hartani Tarik, directeur de l’Ecole nationale supérieur d’agronomie (ENSA) a indiqué que l’acte d’investir dans le grand Sud est un acte économique qu’on doit prendre en charge sérieusement avec beaucoup de moyens logistiques, humains, techniques et scientifiques.

« Nous sommes conscients qu’il faut trouver les bonnes formules, à titre d’exemple, aménager des superficies de 500 à 1000 hectares pour les valoriser avec un système de rotation avec deux cultures par an, afin d’avoir un rendement durable», a-t-il souligné dans une déclaration à laradio «chaîne III ».

Pour lui, la vision d’avenir c’est de pouvoir avoir nos 30 millions ha dans le grand Sahara et d’avoir 500 000 ha cultivés en céréales avec d’autres cultures en rotation avec des systèmes pivots de 50 ha pour pouvoir avoir des modèles intéressants en association l’élevage pour maintenir la fertilité des sols.

Il a fait savoir que pour réussir la concrétisation de ce programme, « nous avons besoin de mobiliser au moins 9 milliards m3/an pour les 500 000 ha /an à raison de deux cultures par campagne. Sur ce point, l’intervenant a estimé nécessaire de lancer une étude sérieuse pour connaitre les potentialités hydriques dans ces régions.

La digitalisation de l’agriculture s’impose

S’agissant de la question des rendements, l’enseignant universitaire a également jugé nécessaire de porter les rendements à 60 quintaux/ha afin d’atteindre le objectifs fixés.

Ceci passe, dira-t-il, par l’intensification de la recherche scientifique en développant de nouvelles variétés de semences adaptées aux aléas climatiques.

« Nous devons être plus réactifs pour renforcer notre sécurité alimentaire et avoir nos moyens de production locaux (semences, une bonne ingénierie mécanique…)», recommandet-il, appelant à la mise en place d’un modèle propre à l’Algérie.

Les grands projets d’investissement annoncés « nous ne pouvons que les saluer, mais nous devons les adapter à la réalité de notre climat. Nous sommes à la recherche de notre propre modèle».

Pour le chercheur universitaire, le modèle idéal serait celui dans lequel la participation des collectivités locales et des citoyens serait effective.

« Nous souhaitons une agriculture durable développée par nos variétés localement, dont des systèmes de pompage et d’irrigation. Nous devons apprendre et tirer des leçons des échecs des pays du Golfe », a-t-il dit.

Pr. Hartani a préconisé de mener des études poussées pour avoir une agriculture intelligente avec des technologies innovantes associées à l’Intelligence artificielle (IA).

« Nous devons investir dans la digitalisation de notre agriculture au maximum pour optimiser nos ressources et faire face aux phénomènes climatiques», conclut-il.

A. R.

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