La question de la révision de la marge bénéficiaire sur les prix du carburant revient aux-devants de la scène. Elle sera à l’ordre du jour d’une rencontre entre le ministre de l’Energie et des mines avec les représentants de l’association des gérants de stations-service, a fait savoir le président de l’Autorité de régulation des hydrocarbures (ARH), Rachid Nadil.
Par Akrem R.
Cette réunion sera déterminante pour les deux parties afin de trouver une solution équitable à cette problématique de la «maigre» marge bénéficiaire que subissent les « pompistes ». Inchangée depuis plusieurs années, la marge bénéficiaire actuelle ne permet pas de couvrir les charges des stations-service. C’est un véritable casse-tête pour les quelques 1800 propriétaires de stations service et même pour la société publique en charge de la distribution du carburant, en l’occurrence Naftal.
L’ex Pdg de la société, Mourad Menouar avait déclaré que Naftal ne tire pas assez de bénéfices des activités liées aux carburants. Ceci est le résultat de la politique de subvention de l’Etat des carburants. Comparativement à la réalité du marché, le prix du carburant est subventionné à hauteur de 50% par le budget de l’Etat.
En effet, si l’Etat, dans son budget pour l’exercice de 2023, ne prévoit aucune augmentation des prix du carburant ou taxations, il y a la possibilité de revoir légèrement les prix des carburants, de quelques centimes (50 centimes) seulement, indique Rachid Nadil lors de son passage sur les ondes de la radio nationale « Chaîne II». Bien que la question de révision des marges bénéficiaires qui risquent d’impacter les prix des carburants reste tributaire d’une décision politique en ce sens, les prix des produits de base, et notamment de l’énergie étant étroitement administrés, la déclaration du président de l’ARH permet de relancer le débat, dans le sillage de la discussion sur la révision des subventions.
2 700 stations de service en activité
La question est bien inscrite dans le programme du gouvernement depuis 2022, mais à ce jour rien n’a été décidé encore sur la question des subventions d’une manière générale. Nous devons certainement attendre la finalisation des opérations de la numérisation exigées par le président de la République afin d’avoir toutes les données pour le ciblage des subventions et l’instauration d’une justice sociale et, surtout, la libération du marché national à la concurrence. L’implication des prix réels permettra aux entreprises d’avoir plus de visibilité pour investir davantage. Le président de l’ARH a plaidé la cause des distributeurs des carburants, en souhaitant trouver une solution équitable à cette question sensible, sans toutefois pénaliser le consommateur. L’équation est donc compliquée nécessitant une concertation permanente, les pouvoirs publics étant appelés à faire un geste, notamment en matière d’allégement des charges fiscales et parafiscales. Les «pompistes» réclament l’augmentation de cette marge de 0,80 DA le litre de différents produits de carburant à 2 DA. Il est à noter que l’Algérie compte actuellement 2700 stations-service, dont 700 pour Naftal et 1800 autres pour le privé. 200 nouvelles stations sont en cours de réalisation à travers le pays. « Nous souhaitons la réalisation de plus de stations, notamment dans le grand Sud, où l’automobiliste est contraint parfois de faire un trajet de 500 à 700 km pour trouver une station-service. Le nombre actuel de 2700 stations est certes important, mais il est insuffisant», a lancé le président de l’ARH.
La consommation des carburants en hausse
Sur un autre registre, Rachid Nadil a indiqué que la consommation nationale en carburants à connu une augmentation en 2022 par rapport à 2021, suite, notamment, à la relance des activités économiques. A titre d’exemple, la consommation du gasoil est passée de 9,7 millions de tonnes en 2021 à 10,1 millions en 2022. Quant à la consommation d’essence, elle s’est élevée à 3,3 millions de tonnes en 2022 contre 3,4 millions de tonnes en 2021, enregistrant une légère baisse due à la tendance à l’utilisation du GPL « Sirghaz », qui a connu une consommation de 1,550 million de tonnes l’an dernier, contre 1,2 million de tonnes en 2021. Pour le kérosène, les quantités consommées sont, elles aussi, passées de 300.000 tonnes à 500.000 tonnes. Une augmentation qui s’expliquerait par le retour à la normale de l’activité du transport aérien. S’agissant de la consommation des huiles, le même responsable a fait savoir que la production locale répond parfaitement à la demande estimée à 1,3 million de tonnes. Sur ce point, il a estimé nécessaire de consentir des investissements en matière du recyclage de ces huiles. « Nous souhaitons que 2023 verra la réalisation de ce genre d’usines pour le recyclage des huiles», a-t-il dit. Tout en assurant que l’Algérie ne va pas recourir cette année aussi à l’importation des carburants de l’étranger, le président de l’ARH a estimé nécessaire de lancer des investissements, notamment en matière de la production du gasoil, afin de répondre à la demande nationale.
A. R.