La préservation de la semence locale a été le thème d’une journée de sensibilisation organisée, jeudi dernier à Alger, au niveau de la Chambre nationale d’agriculture (CNA) par l’association TORBA.
Par Akrem R.
Cette rencontre, «Matmoura II», a été destinée aux petits agriculteurs qui possèdent et reproduisent leurs propres semences «des graines locales».
En effet, cette rencontre a été un forum national sur la préservation des semences locales et, principalement, de l’agriculture durable, soit, un lieu de rencontre pour tous les acteurs du secteur agricole et autres intervenants s’intéressant à l’agriculture durable et à la souveraineté alimentaire.
Une manifestation qui a vu la participation de plusieurs agriculteurs, paysans, fermiers, amateurs et, surtout, la femme agricole rurale de plusieurs wilayas ( Béjaïa, Alger, Skikda, Bouira, Tizi-Ouzou, Boumerdes, Blida, Mostaganem, Oran, Timimoune et Ghardaïa ). La participation de plusieurs associations activant le domaine de la préservation de l’environnement, a été constatée. Dans ce cadre, le président de l’association « Torba», Karim Rahal, a souligné la nécessité de conjuguer les efforts et de travailler, la main dans la main, entre les différents acteurs pour mettre en place une stratégie nationale pour la préservation et la promotion des semences locales.
Actuellement, ce patrimoine fait face à une rude concurrence, notamment de la semence importée, dont la culture de cette dernière nécessite un itinéraire technique et traitement phytosanitaire spécial, contrairement aux graines locales adaptées et résilientes, également, aux changements climatiques.
«La préservation de semences paysannes locales est un premier pas primordial, vers l’autonomie et la souveraineté alimentaire. La reproduction des semences est une pratique gratuite qui évite aux paysans d’avoir à en racheter chaque année, tout en les adaptant d’une année sur l’autre, à son terroir. Les semences paysannes locales sont adaptées à leur milieu et n’ont pas besoin de traitements chimiques et résistent mieux à la sécheresse que les semences importées, particulièrement, les semences hybrides», résume-t-il.
Pour l’intervenant, la bonne semence c’est celle qui est produite, saine, sans modification génétique, une bonne graine adaptée, non hybride et reproductive. Toutes ces caractéristiques se trouvent dans la semence locale, dira le conférencier, en faisant savoir que l’agriculteur a l’expertise pour son utilisation et est, la plupart du temps, gratuite.
Toutefois, cette semence locale a mauvaise réputation, notamment en matière de productivité (des rendements faibles), difficulté dans la commercialisation, suite au changement d’habitude de consommation chez l’Algérien. C’est pour cela, que « les centres de recherche et les petits agriculteurs sont appelés à la préservation et au développement de nos propres semences ».
Cette rencontre a été soldée par une série de recommandations, allant toutes dans le sens de la nécessité de la préservation et la promotion des semences locales, à travers l’encouragement des agriculteurs et la femme rurale, ainsi que les associations ; imposer un contrôle rigoureux sur la semence importée. «Le recours intense à cette pratique a participé fortement à l’affaiblissement du marché de la graine locale et bio», indique le même intervenant, en soulignant que la semence locale est un facteur majeur de la souveraineté alimentaire en cas d’imprévus mondiaux (cas de la Covid-19) ; la labellisation et revalorisation des produits bio, issues de l’agriculture rurale pour une nutrition sanitaire et renouvelable ; le partage du savoir-faire de stockage et les moyens de reproduction de la semence originale ; création d’une archive et banque nationale de la graine locale et prévoir des pavillons dédiés spécialement à l’exposition des semences locales lors des futures foires agricoles. La 3ème édition sera prévue d’ici une année à Beni Izguen (organisée par l’APEB) et sera consacrée surtout à la semence oasienne.
A. R.