Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune a donné, hier, le coup d’envoi officiel de la Conférence nationale sur la relance industrielle. En effet, au cours de trois jours (4, 5 et 6 décembre en cours), les participants à ce rendez-vous important, placé sous le thème : «Ensemble pour relever le défi», vont tracer la nouvelle feuille de route pour la renaissance de l’industrie nationale.
Par Akrem R.
Un secteur névralgique, nécessitant une synergie entre les différents acteurs, notamment l’administration et les chefs d’entreprises, pour remettre sur rail l’industrie nationale. Un secteur, qui ne participe qu’autour de 5% au PIB national ! Un taux « insignifiant» par rapport au potentiel existant. En dépit des plans de restructurations et de relance, engagés par l’Etat, injectant des milliards de DA, cette industrie, un fleuron de l’économie nationale durant des années, a été réduite en peau de chagrin. Beaucoup d’usines et autres unités de production, n’arrivent toujours pas à reprendre leur place sur le marché local. En outre, les usines qui continuent de résister encore, fonctionnent à un rythme lent et n’arrivent pas à atteindre la compétitivité escomptée. D’ailleurs, sans l’appui et le soutien de l’Etat, nombre de ces usines seraient à l’arrêt.
En effet, l’heure est venue de mettre en place une nouvelle approche afin de relancer ce secteur et contribuer à la diversification de l’économie nationale. Lors de son discours, hier, le chef de l’Etat a souligné la nécessité de hisser la contribution de l’industrie au PIB, de 10 à 15%. « À travers des actions concrètes, on peut facilement atteindre un taux de 10% du PIB et si nous réussissons à réaliser une véritable révolution industrielle, on atteindra les 15%», a-t-il indiqué, affichant l’ambition de hisser notre pays dans le domaine industriel, au niveau de certains pays de l’UE (11% du PIB). Cette croissance industrielle permettra de développer des produits en local et réduire la facture d’importation. Pour le chef de l’Etat, le redressement de la situation de ce secteur est un défi à relever par le gouvernement et les opérateurs économiques.
Evoquant le nécessaire l’assainissement de l’environnement économique, en éliminant l’argent sale du pouvoir décisionnel et, également, du milieu des affaires, le chef de l’Etat a affirmé qu’ « il est temps de revenir à la construction d’une industrie forte et réelle sur des bases solides, répondant à l’intérêt national. Cette industrie doit être l’un des leviers de la croissance et du développement de notre pays». Il est à noter que durant les années de prospérités financières, des milliards de dollars ont été détournés de leur vocation, à cause de projets d’ « investissements industriels » de montage. Un créneau qualifié d’importation « déguisée» par le Président Tebboune, dont l’objectif était le transfert des capitaux et des intérêts personnels. Dans son allocution d’ouverture, Mohamed Zaghdar a fait savoir, quant à lui, que l’objectif de cette Conférence est d’«amorcer un processus permettant à tous les acteurs d’unifier leurs efforts afin de relancer la croissance économique et partant, la croissance de toute l’économie nationale». Pour ce faire, il sera question, lors de cette Conférence de la présentation d’un «projet de plan d’action ambitieux, opérationnel et réaliste à débattre et à enrichir en vue de son adoption en tant que feuille de route pour tous les acteurs économiques et administratifs, dans le cadre d’un dialogue constructif», a-t-il souligné. La nouvelle stratégie ambitionne la réalisation de deux principaux objectifs : la substitution progressive des importations par des produits locaux et le développement chez les filières industrielles de la logique d’exportation des produits industriels, a précisé Zaghdar.
Blocage administratif des projets : Tebboune met en garde
Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune a mis en garde les responsables du blocage administratif de beaucoup de projets industriels. Dans un discours franc et direct, le chef de l’Etat s’est interrogé sur la volonté de ces responsables qui aspirent à créer le chaos et bloquer le programme du gouvernement. Beaucoup de projets et usines, en phase finale, sont en situation de blocage ! C’est inadmissible dira le président Tebboune, qu’une usine de production soit construite et que l’administration refuse de lui attribuer l’autorisation d’exploitation. Il a ordonné, par conséquent, de trouver des solutions rapides à cette problématique, en annonçant, également, la création d’une structure au niveau du Médiateur de la République, pour trouver des solutions urgentes aux projets en suspens. En effet, tout opérateur dans cette situation, est appelé à se rapprocher de cette structure, dont le chef de l’Etat est le contact direct, pour dénoncer ces actes bureaucratiques. Dans ce cadre, le Président a annoncé que le gouvernement s’attèle à la levée des contraintes auxquelles font face les chefs d’entreprises, en faisant savoir que 57 projets sur les 402 suspendus pour des raisons administratives, ont été relancés. M. Tebboune a fait savoir que la levée du gel de ces projets, prêts au lancement, est intervenue «en très peu de temps», ce qui suscite, a-t-il dit, des interrogations sur «les véritables raisons de ces obstacles». Pour le chef de l’Etat , « entraver la réalisation de projets prêts au lancement pour des raisons bureaucratiques est un crime contre l’économie, perpétré par des personnes qui défendent des intérêts douteux à travers des calculs politiciens». Et d’ajouter : «Il est inconcevable de geler des projets faute d’autorisations administratives, malgré la mobilisation de milliards pour leur réalisation ! C’est là un comportement antipatriotique !». En outre, l’entrée en service de ces usines permettra la création de 75 000 emplois. Un nombre, que même des pays développés ne sont pas en mesures de créer durant cette conjoncture difficile, fera remarquer Tebboune. Evoquant les projets qui sont bloqués au niveau de l’ANDI, le Président a fait savoir qu’il avait ordonné le 30 novembre dernier, le déblocage de 581 dossiers et 356 autres seront étudiés avant la fin de ce mois courant. En somme, et après la finalisation du processus de parachèvement des institutions de l’Etat, l’année 2022 sera une année de réformes et de relance économique, par excellence, affirme-t-il, en annonçant également, la mise en place d’une agence nationale, dédiée exclusivement au foncier industriel. Une institution qui aura toutes les prérogatives nécessaires pour la gestion de ce dossier épineux, sans l’interférence, ni du P/APC, ni du chef de Daira, ni du Wali, promet le Président.
Investissement dans l’industrie de transformation : Le chef de l’Etat fustige les investisseurs locaux
En dépit des avantages qu’accorde l’Etat à l’investissement dans l’industrie de transformation (agricole, industrie, et minière), allant jusqu’à un financement bancaire à hauteur de 90%, aucun projet n’a été concrétisé dans ces domaines, a déploré le président de la République.
Pour Tebboune, avant de penser à la construction d’une industrie mécanique forte, il est, au préalable, nécessaire d’investir dans la sous-traitance, en construisant, à titre d’exemple, entre 10 à 15 usines spécialisées dans la pièce de rechange. Ceci nous permettra d’exporter vers le continent africain, les pays de l’Europe et même, vers l’Amérique latine. « Il est regrettable de n’avoir reçu aucun projet dans ces domaines, créateurs de richesse, de valeur ajoutée et d’emplsoi», a-t-il regretté, en relevant que l’Algérie a besoin d’une économie patriotique.
Sur un autre registre, le chef de l’Etat s’est interrogé sur la poursuite des opérations d’importations de certains produits de l’étrangers, à la portée de la production nationale! « L’acte d’importation n’est pas interdit, mais il ne doit pas être au détriment de la production nationale», a-t-il tranché, en appelant les opérateurs économiques et les entreprises algériennes à se préparer à l’éventuel démantèlement tarifaire avec l’UE.
Enfin, le président de la République a fait savoir que les recommandations et les propositions de cette conférence seront prises en considération afin de relancer l’industrie nationale, annonçant également, que l’administration locale sera soumise à une évaluation périodique afin de remédier aux différents problèmes. « Notre but est de donner un nouveau souffle à l’industrie en facilitant la participation des opérateurs économiques à la reconstruction de notre industrie qui sera au service de l’Algérie», a-t-il conclu.
A. R.