Les réformes engagées en 2022 par le gouvernement contribuent sans doute à l’amélioration du climat des affaires et à booster l’investissement. D’ailleurs, des experts et patronat ont tous salué les efforts consentis dans ce cadre, tout en affichant leur satisfaction pour les étapes franchies en matière législative.
Par Akrem R.
L’heure actuelle est à la mobilisation et à l’implication de tous les acteurs, en particulier le secteur privé dans la relance et la diversification de l’économie nationale. En clair, les verrous ont été pratiquement tous levés. La balle est, désormais dans le camp des opérateurs et investisseurs pour amorcer une réelle transformation de notre économie.
Pour l’expert en économie, Hamza Boughadi, « nous sommes tous concernés par le projet de relance économique de notre pays. Le secteur privé est appelé à s’impliquer avec force dans l’effort du gouvernement visant l’amélioration du climat des affaires, l’augmentation du PIB national, la hausse des salaires et l’exploitation des ressources existantes en local ».
À l’exception de certains groupes privés, la plupart des entreprises du secteur sont de moyennes ou petites tailles (PME/PMI) et souffrent de plusieurs contraintes, notamment, celles liées au management et financement, surtout. En effet, le secteur privé est appelé à s’organiser, en adoptant de nouvelles méthodes de gestion afin d’améliorer ses performances et capacités de production, en particulier.
Sur ce point, Boughadi a préconisé de généraliser la norme ISO, appliquée jusqu’à maintenant pour les entreprises du BTPH, et ce, afin d’améliorer le management au niveau des sociétés privées. Ainsi, il est nécessaire que ces PME/PMI du secteur privé s’ouvrent sur la Bourse d’Alger. Ceci donnera plus de visibilité aux investisseurs et à externalisatier la PME en question. C’est à travers ces démarches que l’entreprise augmentera ses parts sur le marché et garantira son développement à moyen et long termes.
Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, rappelle-t-on, a lancé des appels, depuis 2020, pour la réalisation des investissements dans les industries de transformation, en faveur desquels l’Etat accordera un financement jusqu’à 90%.
Toutefois, ceci est resté lettre morte et aucun projet de la part du secteur privé n’a été réalisé dans ce cadre, avait déploré le chef de l’Etat en marge de l’inauguration de la Foire de la production algérienne (FPA 2022). L’explication quant à cette frilosité, dira l’expert en économie et enseignant universitaire, Dr Ishak Kherchi, c’est que le privé préfère activer dans le commerce au lieu d’investir. « Nous avons peu de privés qui activent dans le domaine de la production industrielle », déplore-t-il.
Il faut se libérer de la commande publique
Pour notre interlocuteur, l’implication du privé est plus que primordiale dans la diversification de l’économie, notamment avec l’objectif fixé par les hautes autorités du pays visant l’adhésion de l’Algérie au groupe BRICS. «Nous devons, tout simplement, passer à une croissance à deux chiffres et le secteur privé doit en être le moteur », affirme-t-il, en rappelant que tous les ingrédients sont désormais réunis pour booster l’investissement et augmenter la participation du secteur privé dans le PIB national.
Dr Kherchi a déploré, au passage, le manque d’implication des organisations patronales dans les projets de transformation économique. Les chefs d’entreprises sont toujours otages de la commande publique. Les chiffres relevés par le chef de l’Etat en font foi. 85% des financements du secteur privé proviennent des dépenses et des banques publiques. « Malheureusement, ce secteur est financé à 85% par les fonds et les banques publics, l’investisseur demande désormais un financement public pour la réalisation d’un petit hôtel sans toutefois donner de garanties », déplore-t-il.
Par conséquent, les opérateurs économiques sont appelés à ne pas compter sur l’Etat dans le financement de leurs projets, mais sur l’innovation et le savoir-faire pour s’imposer sur le marché et contribuer à l’augmentation du PIB national.
En somme, l’implication du privé dans la concrétisation du Plan de relance devient plus qu’impérative. Outre l’ambition d’augmenter le taux de croissance et la création de l’emploi, l’Etat a besoin d’associer le privé dans le financement de l’investissement, tout en sachant que le budget de l’Etat souffre d’un déficit de 50 milliards de dollars. « Le privé pourrait, d’une manière indirecte, contribuer à l’absorption d’une partie de l’argent de l’informel, en l’injectant dans l’économie nationale, à travers la réalisation de projets en partenariat avec le secteur public (PPP)», conclut Dr. Ishak Kherchi.
A. R.