La relance économique en Algérie est tributaire de l’engagement de plusieurs réformes, dont celui du Code du travail. L’émergence de nouveaux métiers et de domaines d’activités nécessitent, en effet, la refonte de notre cadre juridique et réglementaire régissant le marché du travail et en particulier la gestion des ressources humaines.
Par Akrem R
De nouveaux modes du travail, à l’instar de celui à distance (le télétravail), ont fait leur apparition durant cette période de pandémie, donnant des résultats probants et bénéfiques pour l’entreprise mais aussi pour le travailleur. D’ailleurs, des firmes et multinationales à travers le monde ont déjà décidé de passer carrément au télétravail. Toutefois, dans notre pays, cette nouvelle façon de travailler a été adoptée par certaines entreprises activant dans les services, notamment, malgré l’absence d’un cadre juridique l’encadrant. De ce fait, la relance économique escomptée nécessite, d’autant plus, la captation de meilleures compétences pour mener à bien les projets économiques et d’investissements.
A cet effet, des experts et des chefs d’organisations patronales plaident la révision du Code actuel élaboré dans les années 90. Pour le président de la Confédération algérienne du patronat citoyen (CAPC), Mohamed Sami Agli, la révision du Code du travail est l’un des chantiers qui doit être lancé dans les meilleurs délais. «Dans le cadre de l’assainissement du cadre règlementaire et juridique, le Code du travail constitue un important chantier qui doit être lancé pour s’amarrer aux standards et aux défis actuels», dira-t-il dans une déclaration à la radio nationale. Il cite l’exemple du télétravail qu’il faut, selon lui, « encadrer par la loi ».
Pour sa part, l’expert en développement économique, Abderrahmane Hadef, a estimé que la principale question «est, surtout, de rendre cette réglementation qui régit la relation du travail entre les employeurs et les travailleurs, plus flexible et plus attractive pour plus de recrutements».
«Il faut penser à mettre en place des contrats adaptés par filières»
A ce titre, estime-t-il, dans une déclaration à Eco times, « il y a nécessité de revoir les type de contrats qui sont pris en compte dans la législation sur la relation du travail. C’est dans un cadre de relance économique et pour pouvoir inciter les entreprises à recruter, qu’il y a lieu de mettre des contrats plus attractifs». Et d’ajouter : «Cette révision vise à rendre la relation moins rigide qu’elle ne l’est aujourd’hui, du moment que tout contrat écrit et non écrit dont la durée n’est pas mentionnée, est considérée comme un contrat à durée indéterminée. Ce qui cause beaucoup de problèmes pour l’entreprise, en termes de flexibilité dans la gestion de la ressource humaine».
Ainsi, cette révision du Code du travail est dictée également par l’évolution des métiers et des secteurs. «Il faut penser à mettre en place des contrats adaptés par filières et par secteurs. Par exemple, dans les services, il est intéressant de voir s’il y a possibilité, comme cela fait partout dans le monde, à mettre de contrats plus flexibles. Dans certains pays ultralibéraux, il y a même des contrats à 0 heure», a fait savoir Hadef, en affirmant que certains personnes préfèrent être embouchées par ce genre de contrat, pour ne pas être retenues, au cas où décideraient de quitter l’entreprise sans préavis trop rigides.
Pour notre interlocuteur, le turn over doit être un peu la moyenne mondiale. Actuellement en Algérie, celui qui prend un poste y reste presque à vie, alors que les usages aujourd’hui c’est surtout un turn over important, pour évoluer dans sa carrière et essayer d’aller vers des challenges plus intéressants. «Donc, la relation de travail d’aujourd’hui n’est plus celle des années 70 et 80», résume-t-il. Pour cela, plaide-t-il, un débat doit être initié entre l’ensemble des parties-prenantes (pouvoirs publics, organisations patronales et syndicats), pour essayer de trouver le juste équilibre et «à mon sens, il faut travailler par filière et essayer d’aller vers une législation beaucoup plus flexible et ne pas rester dans une position rigide, n’admettant pas une dynamique pour notre marché du travail », conclut-il.
A.R.