Réduction de ressources financières, Inflation galopante, perte d’emplois, des entreprises en difficultés, embrasement social plus ou moins larvé avec des grèves tournantes et cycliques, sont autant de frémissements annonciateurs de situations de crises imminentes, alerte, l’économiste, M. Yacine Ould Moussa.
«Il faut agir vite avant que le temps ne nous dépasse», avertit Ould Moussa, indiquant que «les difficultés de notre économie sont structurelles et non conjoncturelles».
Invité de la rédaction de la chaine 3, hier, mercredi, l’expert tire la sonnette d’alarme et conseille de «lancer rapidement de véritables et profondes réformes», nuançant qu’« il y a une différence entre l’urgence et la durée ».
Et d’expliquer «dans l’urgence, ce sont les mesures palliatives et pour cela, il faut avoir des ressources, de l’organisation de l’économie, faire l’inventaire, avoir les hommes», ajoutant qu’il faut aussi des objectifs pertinents, une organisation performante et des hommes engagés et compétents qui sont prêts à s’inscrire dans la durée.
Selon l’intervenant, cet inventaire permet de voir les capacités et les attentes tout en sachant que la stabilité politique commence par la stabilité sociale. Car au delà des revendications politiques on peut trouver des solutions mais les revendications sociales c’est des réponses économiques. « Et pour répondre à ces revendications, les solutions palliatives n’ont plus cours ».
«Les questions sociales ne peuvent être résolues sans création de richesse et de l’emploi », relève-t-il montrant qu’on paie ces années d’ineptie économique.
On paie, explique-t-il, « les années blanches » où l’on a rien changé depuis des années d’un iota le modèle de croissance, du modèle de développement, de la façon de créer de la valeur, de la façon de créer de la richesse, de la façon de collecter de l’épargne, de la façon d’investir, des choix stratégiques importants qui sont générateurs de progrès, d’intégration économique, de reconquête du marché intérieur.
Et de regretter que l’on s’attarde sur la création des conditions idoines de l’économie de la connaissance qui est une économie extrêmement complexe et sensible aux variations aux inepties de l’écosystème.
Pour rattraper cet immense retard sur l’agenda économique à mettre en route, il constate qu’« il ne faut pas restaurer que le ministère du plan, comme un outil efficace, mais il faut aussi restaurer la prévision : le calcul économique, la planification et la capacité d’évaluer nos besoins sur plusieurs années tout en évaluant nos moyens ».
«On n’utilise pas des moyens modernes pour une économie archaïque», fait-il remarquer appelant à faire avec la politique de ses moyens.
« C’est la 3ème fois qu’on subit le choc mais on ne retient pas la leçon », se désole l’économiste. On paie aujourd’hui, dit-il, la facture de «la cécité économique» occasionnée par la politique de la rente et la disponibilité de la manne des ressources financières dépendant du prix du baril de pétrole.
Se disant rassurant, M. Ould Moussa temporise : «Même si nos ressources sont actuellement maigres, il est toujours possible de faire relancer notre économie. Il faut juste faire des réformes, mais des réformes basées sur le diagnostic de la réalité. «Il faut optimiser nos ressources par le principe de l’efficience», fait-il savoir.
R. N.