Après lui avoir donné du fil à retordre depuis les années 1990, avec le démantèlement du tissu industriel public, la filière textile et cuirs suscite à nouveau l’intérêt des investisseurs privés au vu des potentialités qu’elle renferme.
Par Mohamed Naïli
Le capital privé national semble ainsi nourrir beaucoup d’ambitions pour la relance des anciennes entreprises publiques du textile mises à l’arrêt, selon le président de la CIPA (Confédération des industriels et producteurs algériens), Abdelwahab Ziani.
Evoquant, hier, dans une intervention à la chaîne 3 de la radio nationale, l’ex-Sonitex et autres anciens fleurons de l’industrie textile, le responsable de l’organisation patronale estime que « ces entreprises sont toujours là, pourquoi ne pas les redémarrer, en créant des mixes et des liaisons « public-privé » ? Ce qui permettra de produire du fil et autres matières textiles au lieu de les importer ».
Comme exemple de réussite de l’industrie textile locale et son potentiel important, le président de la CIPA cite l’entreprise algéro-turque Tayal, dans la wilaya de Relizane à l’Ouest du pays, qui, dit-il, « travaille bien. Elle importe toutes ses matières premières, elle transforme et exporte toute sa production parce qu’elle a de la demande. Mais, maintenant, il faut que nous travaillions nous-mêmes pour tisser et produire ce dont nous avons besoin, parce que la laine nous en produisons, le cuir aussi et nous en jetons même. Donc, il va falloir que nous puissions transformer nous-mêmes. Je pense que le secteur des textiles est très important et stratégique pour le futur ».
Au moment où les besoins du marché national en habillement sont couverts dans leur quasi-totalité par l’importation, la mise en berne de l’industrie textile locale suscite ainsi des interrogations et sa relance est désormais perçue comme une priorité du secteur de l’industrie.
Si le cas du complexe algéro-turc Tayal, lancé en 2018 (pour des capacités annuelles prévisionnelles de 44 millions de mètres linéaires pour le tissage, plus de 12 000 tonnes pour la filature et 30 millions de pièces pour les différents produits d’habillement), constitue une réussite, dans la mesure où l’entreprise parvient à exporter l’intégralité de sa production, elle est loin de répondre aux attentes, puisque sa politique commerciale ne profite pas au marché national des produits textiles qui recourt à l’importation des produits finis (habillement et autres).
Moins de 1% du PIB
Dans un état des lieux dressé en 2020, la Fédération des travailleurs du textile et des cuirs (FNTTC) a formulé au gouvernement une série de recommandations pour assurer la relance de cette filière dont, sur les 200 000 travailleurs qu’elle employait jusqu’à la fin des 1980, il ne reste que 13 000 actuellement.
Au volet financier, la FNTTC a proposé des allégements ou des différés de remboursement sur les crédits d’investissement contractés par les unités de production ainsi que l’assainissement ou le rééchelonnement de leurs dettes fiscales. La deuxième proposition phare concerne la matière première, à savoir, la relance de la culture du coton dans les périmètres agricoles qui lui sont favorables, comme cela a été le cas dans les années 1970 sur les côtes d’Annaba, à Boussaâda ou Batna. Parallèlement, il est demandé de développer une filière de production de matière première synthétique issue de l’industrie pétrochimique dont l’Algérie dispose de potentialités.
Pour le cuir, la Fédération des travailleurs du secteur suggère la relance de l’ancienne entreprise publique SOCOB, spécialisée dans la collecte et le traitement du cuir, pour que l’opération de récupération des peaux issues de l’abattage puisse « se faire durant toute l’année et non pas à l’occasion de la fête de l’Aïd El Adha seulement », est-il souligné.
Compte tenu des potentialités du secteur et des besoins du marché national en la matière, estimés à quelque 2 milliards de dollars, il est primordial de donner un nouveau souffle à la filière textile qui, dans son état actuel, contribue à moins de 1% au PIB (produit intérieur brut).
M. N.