La situation des entreprises industrielles, notamment du secteur public, est préoccupante. Un bon nombre de ces entités sont déficitaires. Elles n’arrivent même pas à garantir les salaires de leurs employés.
Akrem R.
Le fleuron national de l’industrie électronique «Eniem» est l’une des sociétés qui n’arrivent pas à se sortir de crise qui perdure depuis des années. Des solutions conjoncturelles ont été adoptées par les pouvoirs publics, sans toutefois garantir quelque résultat probant en termes de réhabilitation de la société. Et, qui plus est, cette dernière n’est qu’un échantillon parmi 2 000 entreprises industrielles étatiques qui traversent des crises cycliques, liées, notamment, aux problèmes de trésorerie, d’approvisionnement en matière première, à la mauvaise gestion et, également, à l’absence d’une véritable stratégie en management et manque d’agressivité sur le marché. En somme, les plans de redressement et de relance, engagés par l’Etat depuis des années, ont tous été voués à l’échec. Selon les derniers chiffres annoncés par le Premier ministre et grand argentier du pays, pas moins de 2790 milliards de DA ont été injectés, durant la période allant de 1991 à 2021, pour la préservation des entreprises publiques!
En finir avec les plans de relance sans objectif
Les entreprises publiques sont devenues au fil du temps, un véritable gouffre financier ruinant le Trésor public qui se trouve dans une situation intenable et n’est plus en mesure également d’assumer d’autres plans de redressements. Toutefois, le gouvernement compte donner une «ultime» chance à ces entreprises, en engageant un nouveau plan de relance, notamment en injectant l’argent nécessaire et en soumettant les gérants de ces groupes à des contrats de performance.
Lors d’une réunion tenue dimanche après-midi avec les responsables des groupes publics, en vue de faire le bilan de leurs activités, le premier responsable du secteur, en l’occurrence, Ahmed Zaghdar, a appelé à la relance, dans les plus brefs délais, des entreprises industrielles à l’arrêt ou en difficulté, tout en insistant sur l’impératif de réviser le mode gestion de ces groupes industriels, notamment, ceux en difficulté. « Il est impératif d’intégrer des contrats de performance dans le mode de gestion», a souligné le ministre, selon un communiqué rendu public par son département. A travers cette décision, l’Etat veut en finir avec le laisser-aller des gestionnaires qui se comportent comme de simples fonctionnaires. Dans ce cadre, l’enseignant universitaire et l’expert en économie, Ahmed Souahlia a estimé que l’injection de nouveaux fonds dans ces entreprises en difficulté ne réglera pas même d’iota leur problème. Il est recommandé, dira-t-il dans une déclaration à Eco Times, l’engagement d’une étude et diagnostic réel afin de décider du devenir de ces entreprises. «Des décisions courageuses, même douloureuses pour les travailleurs, doivent être prises. Nous devons nous conformer à la réalité économique et en finir avec les plans de redressements qui n’ont pas apporté les résultats escomptés», a-t-il souligné.
Revoir le mode de gestion des groupes publics
Notre interlocuteur a suggéré, par ailleurs aux pouvoirs publics de chercher des solutions au cas par cas, pour les entreprises à l’arrêt ou en difficulté. En effet, des réformes sont à engager sur les plans de gestion, de marketing, innovation et également en matière d’emploi. Les entreprises publiques font face au phénomène de sureffectifs. Une entreprise qui devrait fonctionner avec 1000 travailleurs se trouvent avec 8 000 à 10 000 employés ! « Nous devons travailler à l’avenir, sur la productivité et compétitivité de l’entreprise afin d’atteindre l’efficacité économique. Un groupe public doit être rentable et source de financement au budget de l’Etat et non l’inverse», a-t-il dit. Concernant les entreprises non solvables, l’expert est catégorique : « Il faut les privatiser, en ouvrant le domaine industriel à la compétition et l’innovation avec, notamment, l’entrée du capital privé qui va donner une impulsion à l’investissent productif».
Il convient de rappeler que plusieurs entreprises publiques connaissent une crise aigue, alors que d’autres ont carrément mis la clé sous le paillasson. Par ailleurs, le secteur de la construction a été fortement impacté par les mesures de confinement sanitaire, imposées par le coronavirus avec plus de 20 000 entreprises du bâtiment à l’arrêt. Aussi, l’un des exemples de ces entreprises fermées, est sans conteste, l’usine de fabrication de levure de Guelma, fermée depuis 2002. Cependant, selon des sources proches du dossier, cette usine reprendra la production dans les tout prochains jours, conformément aux instructions du chef de l’Etat.
Des aides fiscales et parafiscales aux PME privées
S’agissant du secteur privé, des mesures ont été prises par le gouvernement durant cette période de pandémie et récession économique, en accordant des échéanciers pour le paiement des impôts et autres charges parafiscales et également, le rééchelonnement des crédits d’investissements. Toutefois, ces mesures qui avaient, certes, réduit légèrement l’impact de la pandémie sur les entreprises, demeurent insuffisantes. Des chefs d’entreprises et organisations patronales, ont plaidé pour une amnistie fiscale. «La situation des entreprises est préoccupante. Les pouvoirs publics sont appelés à prendre des mesures courageuses afin de préserver l’outil de production et les emplois. Une amnistie fiscale serait la meilleure solution pour la sauvegarde de ces entreprises en difficulté financière. Sans cela, on risque de voir la sphère de l’informel s’élargir», avait déclaré Abdelwahab Ziani, président de la Confédération des industriels et producteurs algériens (CIPA).
Par ailleurs, Abderrahmane Hadef, expert en économie, avait recommandé dans une précédente déclaration à notre journal, «de mettre en place un plan de sauvetage, en ciblant les filières impactées par la double crise à travers des mesures fiscales et parafiscales. A cela, il faut penser à un programme de relance pour les filières les plus impactées, à l’instar du BTP, l’industrie agroalimentaire et le tourisme. Il serait souhaitable de créer une caisse de soutien (des crédits d’exploitation) pour alléger la pression sur la trésorerie des nos entreprises, dont la plupart sont des PME et PMI, dira-t-il.
A. R.