La régulation du marché est au centre des préoccupations du gouvernement. Une batterie de mesures a été prise pour garantir une disponibilité continue des produits sur le marché tout au long de l’année, et en particulier durant le mois de Ramadhan.
Par Akrem R.
Pour cette année, des mesures proactives ont été adoptées par le gouvernement, mobilisant tous les opérateurs économiques afin d’augmenter leur production et d’ouvrir des marchés de proximité à travers le pays, quinze jours avant le début de ce mois sacré. Ces actions ont eu un impact positif sur le marché national, où la disponibilité des produits ne pose pas de problème, avec une stabilité des prix pour la plupart des produits, à l’exception de la pomme de terre, dont le prix a frôlé les 140 DA/kg.
L’augmentation du prix de ce tubercule s’explique par la période de soudure, a fait savoir le directeur de la prospective économique au ministère du Commerce intérieur, Abdellah Benhalla, précisant qu’actuellement, seule la production de la wilaya d’El Oued est versée sur le marché.
Un retour à la normale est prévu à partir du mois prochain, avec l’entrée en production de la pomme de terre de Mostaganem, qui commence déjà à être commercialisée.
S’exprimant hier sur les ondes de la radio nationale « Chaîne III », le responsable a souligné qu’une opération de déstockage de la pomme de terre a été lancée, mais en petite quantité, précisant qu’un stock stratégique de 13 000 tonnes est disponible.
«Ce stock de pomme de terre doit couvrir toute la période de soudure et non pas uniquement le mois de Ramadhan. Ainsi, les quantités seront dé- bloquées progressivement afin de répondre à la demande, mais il est vrai que les prix ont augmenté», a-t-il précisé.
Mise en place de deux systèmes d’information
L’intervenant a, en outre, fait savoir que l’observation des fluctuations de prix et de la disponibilité des produits est au cœur des préoccupations du ministère. Deux systèmes d’information, l’un du ministère et l’autre des services de sécurité, surveillent en temps réel l’approvisionnement et les variations de prix des denrées alimentaires.
«Nos agents sont au marché de gros et de détail et ils suivent la fluctuation en même temps de la disponibilité des produits, aussi des niveaux de prix. Et il y a un signalement, donc ces courbes tendances haussières ou au contraire, on prend en charge et on prend les mesures qui s’imposent. Donc voilà c’était le cas par rapport à l’approvisionnement durant Ramadan, où on a constaté par exemple que le marché a connu un approvisionnement régulier et stable», précise-t-il, signalant que certaines hausses de prix ont été observées durant le Ramadan, notamment sur la banane, qui a atteint 900 dinars le kilo en raison d’un manque d’importations, et sur la pomme de terre, affectée par la période de soudure.
Toutefois, des actions correctives ont été prises, indique-t-il, notamment la mise sur le marché de stocks supplémentaires, permettant une stabilisation des prix.
Vers une modernisation des circuits de distribution
En effet, un grand travail reste encore à faire en matière de régulation du marché, notamment en ce qui concerne la distribution, qui demeure le maillon faible de la chaîne commerciale en Algérie. Sa modernisation s’impose avec acuité, d’autant plus que l’absence d’un véritable réseau de distribution est à l’origine des fluctuations des prix et des perturbations dans l’approvisionnement du marché.
Pour éviter ces tensions récurrentes sur les prix et l’approvisionnement, le ministère prévoit une refonte du système de distribution. La mise en place de grandes infrastructures commerciales, la modernisation des circuits de distribution et la réduction des intermédiaires sont au cœur des réformes à venir.
Une nouvelle loi sur la régulation du marché est d’ailleurs en préparation et devrait être adoptée prochainement, annonce le même responsable. Grâce à ces initiatives, le ministère du Commerce espère instaurer une régulation efficace du marché et garantir aux citoyens un accès stable aux produits essentiels, non seulement durant les fêtes, mais aussi tout au long de l’année.
«Donc le plan de charge du ministère c’est justement d’essayer rapidement de réguler le marché à travers les mécanismes de régulation notamment donc la mise en place déjà des infrastructures commerciales donc les grands centres d’achat et de vente qui manquent à l’Algérie malheureusement, la grande distribution, aussi l’élimination des intermédiaires, la restructuration aussi de la société donc Magro où il y a tout un plan de charge pour qu’elle soit demain un régulateur important dans le marché», détaille Abdellah Benhalla.
Mobilisation de 54 173 commerçants pour la fête de l’Aïd
S’agissant de la permanence de l’Aïd El-Fitr, le ministère du Commerce a pris déjà ses devants, en mobilisant 54 173 commerçants à travers 58 wilayas. Des arrêtés seront signés par les 58 walis pour mobiliser les commerçants pour ouvrir durant cette fête de l’Aïd.
Aux yeux de ce responsable, «les préparatifs sont rudes parce que nous avions une mauvaise expérience en 2013 où la fête de l’Aid avait coïncidé avec la saison estivale, ce qui avait généré une pénurie généralisée des produits de première nécessité, comme le pain, à cause de la fermeture des commerces », affirmant que «pour mettre fin à ce genre de comportements, nous avons réquisitionné pour cette fête 6 829 boulangeries ; 29 811 boutiques d’alimentation générale, de fruits et légumes et 16 990 locaux pour divers services, outre 343 minoteries, 155 laiteries et 45 unités de production des eaux de source et minérales pour assurer l’approvisionnement du marché».
Pour mener avec succès cette opération d’envergure, Benhalla a souligné que 2 627 agents de contrôle ont mobilisés à l’échelle nationale et les listes des commerçants concernés par cette permanence ont été publiées au niveau des 58 directions du Commerce des wilayas, des Chambres de commerce et des partenaires, notamment les marchés de gros des fruits et légumes. «Nous allons sensibiliser les opérateurs pour ouvrir durant ces jours de fête et assurer un service public au profit des citoyens», explique-t-il.
Pis encore, le responsable au ministère du commerce a annoncé que les réfractaires feront l’objet d’une sanction financière de 200 000 dinars et une fermeture allant jusqu’à 60 jours à l’encontre des commerçants réfractaires.
«Ces sanctions concernent non seulement la fermeture des locaux durant cette fête, mais aussi, les prix appliqués par certains commerçants réfractaires à la loi. Notamment sur les prix plafonnés, donc fixes, sur les produits subventionnés par l’Etat. Là, les sanctions seront très sévères», détaille-t-il.
Par ailleurs, Benhala a annoncé qu’une application sera lancée ce mercredi et sera exclusivement dédiée aux consommateurs à l’occasion de l’Aid el-Fitr pour leur permettre d’accéder à l’ensemble des listes des permanences et leur localisation et également permettre au citoyen de signaler si un commerçant concerné par la permanence était fermé.
A. R.