Régulation des importations : Les mises au point de Tayeb Zitouni

Tayeb Zitouni, ministre du Commerce et de la Promotion des exportations

Le ministre du Commerce et de la Promotion des exportations, Tayeb Zitouni, a adressé un message clair aux partenaires commerciaux étrangers de l’Algérie, notamment, ceux de l’UE, en indiquant que les mesures prises par le gouvernement visent à la rationalisation des importations et non à les geler.

Par Akrem R.

Depuis 2020, en effet, et sur instructions du président de la Républiques, une batterie de mesures ont été prises par le ministère du Commerce pour la restructuration des importations et pour mettre un terme à l’anarchie dans ce domaine, en adoptant une nouvelle politique pour que l’importation soit complémentaire de la production nationale.

Cette politique «protectionniste», qui n’a pas spécifique à l’Algérie uniquement, a porté ses fruits.

En effet, la facture des importations a reculé significativement durant ces quatre années. «Grâce aux mesures de régulation et de rationalisation des importations, la facture d’importation a baissé à 44 milliards USD en 2023, contre 60 milliards USD enregistrés auparavant, et qui avait conduit notre pays vers l’endettement extérieur, et imposé le recours au financement non traditionnel qui a influencé à son tour de manière négative les taux de croissance économique et ceux de l’inflation», a soutenu Tayeb Zitouni, lors d’une séance plénière consacrée aux questions orales au Conseil de la nation.

Il est prévu que la baisse de la facture d’importation se poursuive pour 2024, «ce qui reflète l’adoption d’une politique économique intégrée, et non pas une politique d’austérité», précise-t-il.

Pour illustrer ses propos, le ministre a fait savoir que son département avait traité en 2023, «32.550 factures de 7.772 importateurs, d’une valeur avoisinant les 14 milliards USD, soit une augmentation de 38% par rapport à 2022».

A partir de ces données, dira le ministre, « il s’avère que l’objectif est d’encadrer les importations et non pas de les geler, comme l’avaient prétendu certaines organisations régionales et des sphères étrangères, cherchant à exercer des pressions sur l’Algérie et à épuiser ses capacités en devises».

Ces mesures «ont contribué au développement et à la diversification du tissu économique, d’autant que plusieurs importateurs sont devenus des fabricants pour le marché national, et même exportateurs, notamment, dans certaines industries agroalimentaires, ce qui a permis la création de milliers de postes d’emploi», a ajouté M. Zitouni.

Pas d’importation de produits fabriqués en Algérie

Dans ce contexte, le ministre a affirmé que «plusieurs cercles exercent aujourd’hui une pression sur l’Algérie, pour qu’elle revienne sur certaines de ses décisions souveraines. Nous n’importons pas les matières produites dans notre pays».

Et d’ajouter : «Certaines parties ont créé une grande agitation médiatique en parlant de la fermeture du commerce extérieur de l’Algérie, alors que nous importons pour une valeur de 44 milliards de dollars, ce qui signifie que ces propos sont totalement infondés», a-t-il poursuivi, ajoutant : «Nous sommes ciblés, et nous ne pouvons pas avoir la souveraineté sur nos décisions politiques sans avoir la souveraineté sur nos décisions économiques».

Il est à rappeler qu’un Haut Conseil de régulation des importations a été créé en 2024, dont la mission principale est d’assurer un suivi permanant pour les produits importés, en proposant des mécanismes et des mesures visant à protéger et à promouvoir la production nationale.

Il s’agit, notamment, de limiter les importations et de favoriser l’achat de produits fabriqués localement. Ces mesures ont pour objectif de soutenir l’économie nationale et de créer des emplois.

La coordination entre les différents secteurs est un élément clé pour assurer une régulation efficace des importations. En effet, avec les nouveaux systèmes d’information et les enquêtes économiques lancées par le ministère, les filières dont l’Algérie enregistre un déficit en matière de production sont définies.

Il s’agit, en premier lieu, des produits alimentaires, semi-finis et équipement industriels. Ces trois groupes continuent de peser lourdement sur la balance commerciale de notre pays, en valeurs, à près de 30 milliards de dollars/an.

Par conséquent, les investissements doivent être orientés vers ces secteurs afin de réduire la facture d’importation et renforcer surtout la sécurité alimentaire de notre pays. L’investissement dans ces domaines est considéré comme stratégique par l’Etat qui a mis en place des incitations pour booster la production nationale et réduire la facture d’importation.

17 plaintes sur la contrefaçon déposées en 2023

Par ailleurs, le ministre a fait état d’un plan «complet et global» pour contrôler les prix, soulignant que la valeur de la monnaie nationale a commencé à augmenter grâce au développement des exportations algériennes, en parallèle avec le début de la baisse de l’inflation et l’abondance de produits de large consommation sur les marchés nationaux, et «cela est attesté par les citoyens, et non par les cercles qui ne veulent pas du bien à l’Algérie et son indépendance, sa souveraineté sur son économie et sa monnaie forte, bref, son développement national».

Concernant la lutte contre le phénomène de la contrefaçon, Zitouni a fait savoir que 17 plaintes ont été déposées en 2023 par les opérateurs économiques auprès des services de contrôle relevant du secteur, dont sept concernent des produits alimentaires.

En outre, 11 plaintes ont été déposées au cours du premier trimestre de 2024, dont quatre concernent des produits alimentaires, selon le ministre.

Les interventions menées concernant ce phénomène ont abouti à l’établissement de 52 procès-verbaux de poursuites judiciaires contre les opérateurs contrevenants, avec la saisie d’une quantité estimée à 31,75 tonnes et 4.718 unités de produits contrefaits, d’une valeur de 8,1 millions DA.

Le ministre a appelé, dans ce sens, à ancrer la culture du signalement chez les consommateurs en Algérie et à éviter l’achat de produits contrefaits en raison de leurs dangers et de leurs effets négatifs.

Il a révélé, à cette occasion, le lancement d’un atelier par le ministère visant à mettre à jour et à adapter la législation régissant les pratiques commerciales, «en les adaptant aux mutations économiques actuelles, telles que le e-commerce».

A. R.

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