Quelle que soit la raison évoquée, les Algériens ont perdu l’habitude de se rendre aux toilettes dans les cafés. Pour la simple raison qu’elles sont fermées au motif que l’eau manque. Argument irrecevable, dans la mesure où la réglementation fait obligation, aussi bien pour les gérants de café, que de restaurants, d’avoir des toilettes par souci d’hygiène. La Direction nationale du commerce, dont dépend ce type d’établissements a décidé de faire respecter la loi en rétablissant l’obligation pour les gérants de café et de restaurants d’avoir des toilettes avec l’eau courante. Faute de quoi, une fourchette de sanctions est prévue qui va de l’amende à la fermeture.
Par Réda Hadi
S’il fut un temps où il était courant de pouvoir accéder aux toilettes des cafés sans consommer, cette habitude est au fil du temps devenue préjudiciable pour les gérants de ces établissements, qui n’ont pas vocation à accueillir sans limite tous ceux qui ont une envie pressante: cela représente un coût supplémentaire pour lui (papier toilette, électricité, eau), voire, parfois, des dégradations. Il est donc logique qu’il veuille en réserver l’usage à ses clients. C’est, du moins, la raison principale évoquée par les tenants de cafés pour fermer les toilettes
Or dans la réalité, il n‘en est rien . A de rares exceptions près, les toilettes dans les cafés ou caféterias sont fermées, même pour les clients. Cela est d’autant plus vrai dans les villes, où l’affluence peut vite leur faire endosser le rôle de toilettes publiques.
Pourtant la loi est claire en ce sens, et est définie dans le décret exécutif n° 19-158, définissant les établissements hôteliers et fixant les conditions et les modalités de leur exploitation,
Selon Ammi Hassen qui tient une cafeteria, «je ne ferme pas les toilettes de mon établissement par plaisir, mais, je subit trop de dégradations. Même certains clients quant ils utilisent les toilettes, les laissent après utilisation dans un état délabé. Il faut tout nettoyer et même les murs sont salis. Je suis obligé de réserver un employé rien que pour les toilettes». Et de préciser que «mon établissement, n ‘est pas des toilettes publiques»
Les clients sont d’un tout autre avis.«Je ne comprends pas», nous dit Salah, un client rencontré dans une cafeteria à Bab Ezzouar: « S’il me vient un besoin pressant, je ne vois pas la raison pour laquelle on ferme les toilettes. C’est un problème général en Algérie. Dans certains cafés, on ne réserve les toilettes qu’aux habitués. La loi et claire, mais personne ne la respecte»
Pour ce client, on peut toujours trouver un compromis. «Les toilettes peuvent être payantes pour ceux qui ne consomment pas. Ainsi, ceux qui ne sont pas clients pourront y accéder, moyennant paiement de la somme demandée. Les clients, eux, pourront demander un jeton pour pouvoir y accéder gratuitement: dans la mesure où ils consomment, il est interdit de leur faire payer cet accès, puisque ces établissements ont l’obligation de mettre à la disposition de leur clientèle des sanitaires».
En réponse à ce problème, beaucoup suggèrent de multiplier les toilettes publiques. En effet, la multiplication du nombre de toilettes publiques dans les centres urbains est devenue une nécessité pour permettre aux personnes souffrant de pathologies chroniques, ou même celles qui sont en bonne santé de pouvoir se soulager quand le besoin se fait sentir. Ce qui, de toute évidence, permettra de mettre fin aux comportements inciviques d’épanchement d’urine dans certains lieux et murets situés sur la voie publique, et mettra fin aux dissensions entre clients et gérants de cafés.
R. H.