La saison agricole 2021-2022 s’annonce déjà bonne. La mise en place d’une nouvelle organisation pour la filière des céréales et les mesures d’incitations aux profits des céréaliculteurs auront certainement des résultats positifs.
Par Akrem R.
D’ailleurs, le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Mohamed Abdelhafid Henni, table sur une production nationale entre 27 et 30 millions de quintaux, tout en précisant que ces chiffres ne prennent pas en compte les quantités prélevées par les agriculteurs pour ensemencer leurs champs, celles destinées aux œuvres caritatives (zakate) et celles vendues directement. En somme, avec cette production, l’Algérie serait en mesure de réduire ses importations de 25 à 26%, dira-t-il d’emblée. «Durant les années précédentes, la quantité collectée, la plus importante, était de 27 millions de quintaux, toutes variétés confondues. Pour cette campagne, nous espérons atteindre, au moins cet objectif et nous tablons sur un volume entre 27 et 30 millions, avec un impact sur les importations de 25 à 26%», a déclaré M. Henni qui s’exprimait, hier, sur les ondes de la chaîne III de la Radio algérienne.
Il est à noter que l’Algérie est considérée comme l’un des grands importateurs de céréales dans le monde, avec 10 millions de tonnes annuellement. D’ailleurs, à notre pays, passe, régulièrement, une commande sur le marché international, où les prix des céréales flambent ! En outre, et afin d’atteindre ces objectifs, l’Etat a décidé de mettre le paquet, en augmentant ses subventions destinées aux céréaliculteurs. En effet, une enveloppe de 30 milliards de DA a été déjà dégagée par la tutelle pour la compensation de la différence engendrée par la révision à la hausse d’un quintal de blé dur, passant de 4500 DA à 6000 DA. «Il s’agit d’une très bonne nouvelle pour les agriculteurs. L’Etat est mobilisé pour financer cette augmentation des prix d’achat des récoltes », a-t-il dit. Ainsi, cette mesure a été saluée par l’ensemble des agriculteurs et experts, notamment, estimant que cette mesure incitera l’investissement agricole. Outre ces incitations financières, un plan de développement multisectoriel a été mis en place, annonce Mohamed Abdelhafid Henni, en collaboration avec le ministère des Ressources en Eau, ainsi que les walis, qu’il salue pour avoir facilité l’accès aux forages d’eau aux agriculteurs. A cela, s’ajoute la contribution de l’agence spatiale algérienne (ASAL) pour la délimitation de nouveaux périmètres agricoles, notamment dans les Hauts Plateaux et le Grand Sud. C’est, d’ailleurs, sur l’agriculture saharienne que le département de Henni mise pour répondre aux besoins de la population, en matière de céréales et autres produits agricoles.
100 quintaux à l’hectare dans le Sud
« Si l’on prend comme exemple la filière des céréales, aujourd’hui, nous sommes à 200 mille hectares en agriculture saharienne, avec l’irrigation permanente, en respectant l’itinéraire technique, en ayant la qualité des semences requise et en disposant des intrants en matière d’engrais de fonds et de couverture, les rendements peuvent atteindre les 100 quintaux à l’hectare », a précisé le ministre de l’Agriculture, avant de lancer une pique aux détracteurs d’une agriculture intensive dans le Sahara : « Ce n’est cela l’avenir du pays ! », une réponse claire aux partisans de ces techniques dans le Sahara, vu le stress hydrique.
Par ailleurs, l’augmentation des rendements des céréales est tributaire d’une bonne semence locale, un suivi strict de l’itinéraire technique et, également, la mécanisation de l’outil de production, a affirmé Laala Boukhalfa, expert en agriculture, tout en saluant la récente décision du président de la République, concernant l’augmentation des prix d’achat des céréales auprès des agriculteurs, en émettant le souhait de la généralisation de cette mesure importante, aux autres filières.
«Si nous orientons une partie de la facture consacrée à l’importation de 10 millions de tonnes de blé annuellement, nous pouvons augmenter les rendements de 30 à 40%. Des expériences à Menaa et Bechar ont donné des rendements encourageants, variant entre 60 à 80 quintaux/ha. C’est à travers cette stratégie qu’on peut réduire nos importations en céréales», a-t-il prédit. En clair, la clé de la réussite, selon cet expert, c’est de prendre en charge les doléances des agriculteurs, en les dotant en moyen nécessaires pour le développement des 54 filières agricoles.
Céréales : Augmenter la production à 71 millions de quintaux d’ici 2024
Dans son plan de relance, le gouvernement avait élaboré une feuille de route pour l’augmentation de la production nationale et la réduction sensible de la facture des importations, notamment des produits de base comme les céréales, le sucre, la poudre de lait et l’huile, qui figurent parmi les principaux objectifs du secteur.
Cette feuille de route permettra de réduire la facture d’importation du blé tendre (-400 millions de dollars), des huiles (-983 millions de dollars), du sucre (-555 millions de dollars), du maïs (-17,6 millions de dollars), des tomates industrielles (-55 millions de dollars), des graines de pommes de terre (-42 millions de dollars) et de l’ail (-12 millions de dollars). Le secteur entend, également, renforcer la production céréalière pour atteindre 71 millions de quintaux d’ici à 2024, dont 10% dans les wilayas du Sud. Concernant le blé tendre, le ministre a souligné que l’Etat continuera à subventionner le pain. Quant aux autres produits fabriqués à base de blé tendre, les producteurs devront payer son prix réel. L’Algérie importe pour 164 milliards de dinars de blé tendre destiné à la fabrication du pain. Les mesures de renforcement de sa production et de contrôle de l’utilisation de la partie subventionnée, permettront d’économiser 36 milliards de dinars. Dans ce cadre, un cahier des charges a été mis en place entre les minoteries, les boulangeries et l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) ainsi que les quantités destinées aux boulangeries et aux grossistes seront contrôlés.
A. R.