Réduction de la facture d’importation des médicaments: La méthode Ali Aoun

Le ministre de l’Industrie et de la production pharmaceutique, Ali Aoun, a présenté, hier à Alger, les grandes lignes de la stratégie nationale pour le développement de la production de médicaments en Algérie. Une stratégie qui se résume en trois axes : poursuite des efforts pour le développement du tissu industriel d’ici 2024, la maitrise du marché afin d’assurer la disponibilité des médicaments au niveau national et l’accélération de la numérisation des systèmes d’information. Il a ainsi fait le bilan des réalisations de son secteur en 2023.  

Par Akrem R.

Le ministre qui s’exprimait, hier, devant les membres de la Commission de la santé de l’Assemblée populaire nationale (APN), a souligné que l’année courante, 2023, a été marquée par le lancement de plusieurs projets pour la production de médicaments à haute valeur ajoutée en Algérie, à l’instar de l’insuline, l’anesthésie dentaire et de médicaments anticancéreux. Ces produits pèsent fortement sur la facture des importations du pays.

D’ailleurs, l’insuline, à lui seul, représente quelque 400 millions d’euros/an d’importation. En effet, et grâce à la stratégie adoptée par le secteur, en encourageant la production locale, pas moins de 100 millions d’euros ont été économisés cette année, après l’entrée en production d’une usine pour la production de stylos à insuline en full processus, réalisée par un opérateur privé algérien. L’Algérie se dirige résolument vers la réduction davantage de sa facture d’importation en insuline, notamment avec la mise sur le marché de l’insuline en flacon (destinés aux hôpitaux) par le groupe Saïdal. Une usine réalisée, rappelle le ministre, en 2006, avant d’être gelée en 2012. 

Ce projet a été relancé en mars 2023, précise-t-il, indiquant également que son département a accordé une licence à la firme étrangère « Novo Nordisk» pour l’assemblage de stylos à Boufarik, sous condition d’augmenter le taux d’intégration et de réduire les prix des instants. Ce projet devrait participer également, indique-t-il, à la réduction de la facture d’importation d’insuline d’environ 44 millions d’euros, et 17 millions d’euros d’indemnisation au niveau des caisses de sécurité sociale.

Cinq projets pour la production de l’anesthésie dentaire

Concernant la production de l’anesthésie dentaire, le ministre a d’abord pointé du doigt un laboratoire étranger qui a été derrière les perturbations qu’a connues le marché durant les premiers mois de 2023. « Le problème avec la disponibilité de l’anesthésie, c’est qu’il y’avait un laboratoire étranger qui exerçait un monopole sur la distribution de ce produit. Ce dernier est allé même créer une pénurie d’anesthésie sur le marché tout en appliquant des prix exorbitants, passant de 5 euros la dose, à 15 euros l’unité. Chose que nous avons refusée et rejetée au mois de septembre dernier» a expliqué le ministre devant les députés. Suite à cela, le ministère a adopté une nouvelle stratégie, consistant en la diversification des sources d’approvisionnement, en enregistrant de nouveaux médicaments de l’anesthésie dentaire et l’inscription de cinq projets pour la production locale de ce type de médicament. Ces mesures ont donné leurs fruits sur le terrain. Des quantités énormes ont, en effet, été mises sur le marché en l’espace de trois mois seulement (plus de 6 millions de doses d’anesthésie) couvrant ainsi les besoins du marché national à plus de 150% durant cette période, assure le ministre Aoun. Et d’ajouter : « Nous comptons sur la concrétisation de ces 5 projets d’usines spécialisées dans la production d’anesthésie pour en finir définitivement avec la production et la distribution de ce produit».

Six projets d’anticancéreux approuvés

Par ailleurs, le ministre de l’Industrie et de la Production pharmaceutique a rappelé que 6 projets ont été approuvés pour produire des médicaments anticancéreux. Selon le ministre, la production de formes injectables d’anticancéreux devrait démarrer au cours du deuxième semestre 2024, ainsi que la production de solutions ophtalmiques et de pilules contraceptives, outre la possibilité de produire des hormones de croissance. Le ministre a également réitéré la détermination de l’Etat à accompagner les opérateurs nationaux, à l’instar du Groupe Saidal, à produire d’autres types de médicaments à haute valeur ajoutée, et de réhabiliter les usines selon les normes de production. Le secteur ambitionne de lancer des projets dans la production de la matière première. Le ministre a noté que la production pharmaceutique nationale est dépendante de l’importation, d’où la nécessité de se lancer dans ce créneau pour réduire la facture d’importation et garantir la sécurité sanitaire du pays. « Nous avons bien retenu les leçons de la crise de la Covid-19. Des projets sont enregistrés pour la production du paracétamol et de certains antibiotiques par le groupe Saïdal à Médéa», annonce-t-il.  

 Une couverture du marché nationale à hauteur de 70 %

Évoquant la situation de l’approvisionnement du marché national en médicaments, le ministre a indiqué qu’elle a enregistré une nette amélioration, et ce, malgré les quelques perturbations pour certains types de médicaments. «Il y a une nette amélioration en matière de disponibilité de médicaments. Nous avons pu maitriser 90% des médicaments destinés à la pharmacie», indique le ministre.

Ali Aoun a révélé que le taux de couverture du marché avoisine les 68% durant la période allant de fin 2022 au premier semestre 2023, et devrait augmenter à 70% à fin 2023. «Nous attendons à ce que le taux atteigne les 70%, si on prend en compte l’augmentation des capacités de production, au cours du deuxième semestre de cette année, pour certains médicaments, comme l’insuline», souligne-t-il.

Et d’ajouter : «Cette année, nous avons enregistré une augmentation du nombre de médicaments enregistrés dans le cadre de la production locale à 3 327 sur 4.544 médicaments enregistrés au niveau du code, soit une augmentation de 73%»

Le ministre a également indiqué que le nombre de ces médicaments était estimé à 3.303 sur 5.242 médicaments enregistrés au niveau du Code des substances pharmaceutiques, publié en août 2022, soit une augmentation, en un an, du nombre de médicaments enregistrés dans le cadre de la fabrication locale, à environ 300 médicaments. Actuellement, note le ministre, le tissu industriel est composé de 203 laboratoires, dont 109 de production et 14 autres de production via la sous-traitance. Dans le détail, 114 sociétés de production de produits pharmaceutiques, 70 de production de biens médicaux et 5 sociètés de production des biens pharmaceutiques et médicaux.

A. R.

Quitter la version mobile