Récupération des fonds détournés et transférés à l’étranger : L’appel du Premier ministre aux pays concernés

L’Algérie poursuit ses efforts pour la récupération des fonds détournées et transférés d’une manière illicite à l’étranger. En effet, elle (l’Algérie) compte sur l’appui et la contribution des pays récepteurs de ces fonds pour les restituer. Un appel a été lancé, hier à Alger,  par le Premier ministre, Aïmène Benabderhmane. 

Par Akrem R.

S’exprimant lors de son intervention à un forum organisé par la Haute Autorité de lutte et de prévention contre la corruption, dont il a donné le lancement officiel de la Stratégie nationale de transparence, le Premier ministre a appelé l’ensemble des pays concernés et organisations internationales à aider l’Algérie et tous les pays en voie du développement  à récupérer les fonds publics détournés et transferés à l’étranger.

«L’Algérie est déterminée à continuer sa lutte contre le phénomène de la corruption jusqu’à son éradication complète. Nous appelons les pays et les institutions qui ont bénéficié de la domiciliation des fonds détournés d’aider l’Algérie à les récupérer», a-t-il lancé.

Pour lui, il est inconcevable que ces pays et ONG nous demandent de lutter efficacement contre la corruption, sans toutefois nous aider dans nos efforts pour la restitution des fonds détournés, déplore le Premier ministre.

Ce dernier a pointé même du doigt certains pays qui donnent des leçons en matière de lutte contre la corruption, tout en préparant le terrain et la protection aux détenteurs de fonds détournés ! En effet, ces pays sont appelés à coopérer davantage avec les pays d’origine de ces fonds acquis d’une manière illicite pour les restituer et participer au développement économique et sociale des pays en voie du développement à l’instar de l’Algérie.

Des milliards de dollars ont été transférés illicitement du territoire algérien vers l’étranger, détournés par les oligarques de l’ancien régime de Abdelaziz Bouteflika. Leur récupération a constitué une promesse centrale dans la campagne électorale du Président Abdelmadjid Tebboune : « Le recouvrement des fonds détournés est un devoir et un engagement que j’ai pris devant le peuple algérien», avait-il déclaré, en fin 2022, le chef de l’Etat  avait fait savoir que quelques 20 milliards de dollars ont été déjà récupérés et l’opération est toujours en cours.

Durant les années 2017 et 2018, des chefs de partis d’opposition et l’opinion publique algérienne se sont posés la question de savoir « où sont passés les 1000 milliards de dollars récoltés par le pays fruit de ses ventes des hydrocarbures durant les 20 ans de la présidence de Bouteflika ». Après une embellie financière qui aura duré plus de 15 ans, le pays a connu une véritable crise financière qui a contraint les autorités de l’époque à enclencher, dès 2018, la planche à billets (financement non-conventionnel) pour assurer les dépenses de fonctionnement.

Au lendemain de son élection à la tête de l’Etat algérien, le 12 décembre 2019, le président Tebboune s’était engagé à récupérer les fonds détournés, assurant qu’il disposait déjà d’un plan pour cela. En septembre 2022, à l’occasion de la présentation de sa déclaration de politique générale devant les députés à l’Assemblée populaire nationale (APN), le Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane avait fait part du lancement de 219 commissions rogatoires internationales, dont 43 exécutées et 156 en cours de traitement par les autorités judiciaires des pays concernés, en vue de saisir et de confisquer des fonds détournés et transférés illégalement à l’étranger.

Selon lui, un comité d’experts, chargé de la gestion du dossier de recouvrement de ces fonds, en coordination avec les représentations diplomatiques algériennes, a été mis en place. Le premier ministre algérien a cité aussi la mise en œuvre des accords et des instruments internationaux (Eurojust, initiative StAR, network GlobE) à cet effet.

Il avait également évoqué la «mise en échec des tentatives de dissimulation et de dissipation des produits de la corruption, grâce au dispositif de veille mis en place à cet effet, ce qui a permis la récupération d’importants biens mobiliers et immobiliers et d’éviter la dissipation de fonds détournés vers l’étranger». En somme, le processus de récupération par l’Algérie des fonds détournés et illicitement transférés vers l’étranger semble être sur la bonne voie.

A. R.

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