La banque d’Algérie vient d’annoncer le pourcentage des crédits alloués aux entreprises algériennes et aux ménages. En recul par rapport à l’année précédente, sa croissance en 2020 a chuté fortement.
Par Réda Hadi
De 8,84 % en 2019, elle et passée à 3,05. Les encours sont passés de 10.857,8 milliards DA à fin 2019 à 11.188,6 milliards DA à fin 2020, a précisé la Banque Centrale. Les crédits alloués aux entreprises publiques ont cru de 2,57%, contre une hausse de 3,45% pour ceux accordés aux entreprises privées et 4,15% pour les ménages. Ainsi, le secteur public s’est adjugé 51,67% du total des crédits accordés en 2020 contre 48,32% pour le secteur privé dont 8,20% alloués aux ménages, selon la BA.
Si cette faible croissance peut s’expliquer, en partie, par les conséquences de la pandémie que nous traversons, il n’en demeure pas moins que ses effets sur les investissements sont préjudiciables à notre économie.
Ainsi, Mahfoudh Kaoubla, analyste économique, a insisté chez nos confrères de la radio nationale, sur la nécessité d’investir comme étant le seul moyen de faire démarrer la machine économique.
Malgré un potentiel indéniable, notre pays est desservi par une bureaucratie lourde, un marché informel-parallèle qui contrôle une grande partie de la sphère marchande, l’absence d’une stabilité des lois sur une longue durée et les changements juridiques qui en découlent, autant d’obstacles pour les investisseurs. La structure de l’économie officielle reste dominée par les grandes entreprises étatiques, peu performantes. Et c’est là où le bât blesse.
Le manque de contrôles par l’Etat sur les prêts octroyés, ont fait que sur le terrain, cela ne s’est pas traduit par une certaine croissance et c’est l’emploi qui en pâtit.
Des analystes précisent surtout que l’Algérie est au milieu du gué, et que la dévaluation du dinar prévue par la loi de Finances 2021, risque de fragiliser une économie qui souffre déjà de scories structurelles. La situation économique et sociale se caractérise par un inquiétant immobilisme, la machine productive est à l’arrêt, la croissance recule pour la quatrième année consécutive pour atteindre des taux négatifs, les gestionnaires et les ordonnateurs sont tétanisés par une peur qui bloque l’investissement. précise, Mahfoudh Kaoubi qui appelle à «agir vite» pour remettre la machine sur les rails.
«En plus des outils dépassés et de l’inefficacité manifeste, la peur paralyse la sphère institutionnelle et administrative», souligne-t-il en appelant à dépénaliser l’acte de gestion devenu, selon lui, « un justificatif systématique de la non prise de décision et du blocage».
Dotée donc de fortes potentialités, l’Algérie peine à démarrer, alors qu’elle est considérée comme l’un des pays africains les plus aptes à surmonter cette double crise (sanitaire et économique)
Pour les économistes nationaux, l’Algérie ne pourra pas se contenter d’apporter de petits ajustements techniques à sa politique économique. Elle devrait tenter (entre autres) de renégocier le contrat social implicite entre l’Etat et les citoyens, longtemps façonné par les avantages (et inconvénients) d’une économie fondée sur la rente pétrolière, à savoir que l’Etat pourvoyait aux besoins d’une population tenue de s’exécuter. Les failles de ce modus vivendi sont de plus en plus apparentes, en particulier lors des fréquentes manifestations socio-économiques qui agitent le pays. Tous appellent à des mesures courageuses pour relancer la machine économie et à l’institution d’un fonds pour venir en aide aux entreprises en difficulté. Peut-être que cela suffira à booster des investissements qui restent timides.
Peu d’investissements, faiblesse du PIB
Avec peu d’investissements, le taux de croissance faiblit. Pour exemple, le taux de croissance du PIB hors hydrocarbures enregistre une baisse de 1,5 % au premier trimestre 2020 contre une hausse de 3,6% une année auparavant, tandis que la croissance hors agriculture connaît une baisse plus importante de 4,7% au lieu d’un accroissement de 1,2%”, selon les données de l’ONS (Office nationale des statistiques). Or notre pays, en dépit de quelques mesures annoncées par les pouvoirs publics, comme la suppression de la règle d’Or des 49/51 -hors secteurs stratégiques-, attire toujours peu d’investisseurs (nationaux ou étrangers). Face à cela, ne reste que l’investissement public.
L’investissement public primordial
L’investissement public est essentiel pour une véritable relance économique. Sauf que cela doit se faire d’une manière suivie et contrôlée.
Par ailleurs, l’investissement public ne peut être véritablement efficient, qu’accompagné de lois efficaces et surtout applicables, pour lui donner de la consistance et surtout se donner les moyens de la réalisation du budget d’équipements adopté par la loi de Finances 2021 afin de maintenir un certain niveau de croissance et par conséquent maintenir en survie les entreprises.
R. H.