Non actualisées depuis 2001, les données et chiffres de notre agriculture seront enfin actualisés. Un recensement général de l’agriculture sera lancé en octobre prochain, a annoncé en fin de seamine, le premier responsable de ce secteur stratégique, en l’occurrence, Mohamed Abdelhafid Henni. En effet, tous les moyens financiers et humains ont été mobilisés pour garantir sa réussite.
Par Akrem R
Outre l’affectation d’une enveloppe financière de 789,5 millions de DA, quelque 11.000 personnes dont 8000 enquêteurs sur le terrain seront mobilisés pour la réalisation de l’opération de recensement au niveau national. Ce recensement revêt une importance capitale pour l’avenir du secteur et, également, pour garantir la sécurité alimentaire de notre pays.
La conjoncture, marquée par un changement climatique fréquent et des bouleversements géopolitiques, l’impose d’ailleurs. Il est, en effet, plus que nécessaire d’avoir les bons chiffres et fiables de nos différentes filières afin de prendre les décisions appropriées, visant notamment, à l’augmentation de la production locale. « Nous y travaillons pour rendre les chiffres plus fiables que possible», dira d’emblée, Mohamed Tifouri, Directeur des statistiques et de la numérisation au ministère de l’Agriculture et du Développement rural. Pour lui, l’actualisation des données du secteur agricole est une nécessité absolue.
S’exprimant jeudi sur les ondes de la radio nationale, le même responsable a rappelé que la dernière cartographie réelle du secteur s’est effectuée en 2001. «C’est très loin dans le temps, puisque les instances internationales recommandent un cycle de 10 années », a-t-il précisé.
Une nouvelle cartographie agricole
Selon lui, cette opération de recensement général de l’agriculture aura comme objectif de disposer de la cartographie réelle du secteur agricole. « Elle participera, également, à travers le travail collaboratif, au renforcement des capacités de l’ensemble de l’appareil statistique qui ne couvre pas actuellement tout le territoire national». C’est ce qui explique, dira-t-il, la défaillance des chiffres de certaines filières. Dans ce cadre, l’intervenant a déploré le manque du personnel nécessaire et sa formation à l’échelle des structures des statistiques au niveau local.
Tout cela a influé négativement sur l’opération de collectes et d’élaboration d’une banque de statistiques. Une feuille de route est en là pour répondre à cette réalité et redresser cette situation, dira-t-il encore. « Notre objectif est d’avoir une nouvelle cartographie agricole et le renforcement des capacités de l’appareil des statistiques», souligne Mohamed Tifouri.
En clair, la tutelle veut avoir des données fiables, conformément aux orientations du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, qui ne cesse de mettre l’accent sur l’importance de la numérisation et des statistiques dans le développement des différents secteurs. Des instructions fermes ont été données, lors des Assises nationales sur l’Agriculture, afin d’accélérer l’opération de la numérisation. Un programme de numérisation du ministère de l’Agriculture est en cours, dont tous les Offices interprofessionnels seront intégrés dans la future conception de notre système des statistiques. Ceci nous permettra d’avoir, précise-t-il, un système d’information capable de répondre aux questionnements et problématiques en temps réel et d’agir dans l’efficacité. Et d’ajouter : « Nous travaillons d’arrache pied pour mettre le nouveau système d’information dans les meilleurs délais, et ce, dans le sens de développement des filiales agricoles».
Vers le lancement d’une enquête de consommation
Le même responsable a fait savoir qu’en 2022, la production nationale en céréales était de 40 millions de quintaux et 9 000 quintaux de légumes secs. Ces quantités ont permis d’alimenter, en partie, les besoins de consommation nationale.
Sur un autre registre, Tifouri a souligné que « ce travail de recensement viendrait en complément du recensement général de la population et de l’habitat (RGPH) qui définira le nombre réel des habitants ».
C’est à partir de là que « nous aurons la possibilité d’effectuer une vraie enquête de consommation qui nous permettrait de cerner nos besoins de consommation de produits agricoles de large consommation (céréales, légumes secs, lait, viande, produits maraichers, filières industrielles pour garantir cette sécurité alimentaire», annonce-t-il. Actuellement, les décideurs ne possèdent pas de chiffres exacts de la consommation par habitant en ces produits agricole de large consommation. «C’est une information que nous n’avons pas actuellement », enchaine-t-il. Ce déficit en matière d’information sur les quantités consommées par les Algériens, a rendu la mission de régulation «impossible». Plusieurs annonces ont été faites pour ce mois de ramadhan: à titre d’exemple, la viande bovine à 1200 DA/kg, le poulet à 350 DA/kg, disponibilité du lait, mais sur le terrain, elles sont peu visibles. En somme, c’est avec une information fiable qu’on pourra développer le secteur agricole et assurer un approvisionnement en permanence du marché. Dans sa stratégie, le ministère de l’Agriculture, «nous travaillons filière par filière pour assurer l’autosuffisance et ne recourir à l’importation qu’en opérations d’appoint pour combler le déficit sur le marché outre à développer des solutions et d’autres méthodes de production en local».
A. R.