Radios locales : L’enjeu de la proximité

Radios locales : L’enjeu de la proximité

La radio se hisse de plus en plus au diapason des préoccupations quotidiennes du citoyen. Sans doute que la qualité du produit et le professionnalisme se gagnent chaque jour sur le terrain, mais, avec une soixantaine de radios (nationales, thématiques et régionales) l’Algérie « redécouvre » la radio à travers la proximité que ce média essaie de tisser un peu plus chaque jour avec le public (actuels auditeurs et public potentiel).

Par Amar Naït Messaoud

Préparation psychologique aux examens de fin d’année pour les élèves, préventions des incendies de forêts, conseils et vulgarisation agricoles, prévisions météorologiques, revue de presse, résultats sportifs, principaux faits divers locaux, conseils juridiques, et plus spécialement ceux en relation avec le statut personnel (Code la famille), lutte contre la consommation des stupéfiants, hygiène, protection de l’environnement, circulation routière, santé publique et maladies à transmission hydrique, les thématiques en relation directe avec la vie pratique se multiplient et se diversifient au fur et à mesure de leur complexification au sein de la société.

La radio, en sa qualité de média de proximité, est en train, de par le monde et en Algérie, de « prendre des galons », ou, mieux encore, de les reprendre. Situation paradoxale, dirions-nous, au moment où les télévisions satellitaires, les journaux électroniques et les réseaux sociaux font place nette à la modernité technologique.

Eh bien, par un heureux « coup de génie » de cette dernière, la radio a investi tous les « recoins » des canaux d’expression portés par cette technologie. On la retrouve sur notre écran de télévision, sur les moteurs de recherche web, dans la voiture et sur le téléphone portable. Ce dernier, en tant que support matériel, rappelle un peu la forme des tout petits postes radio, mais plus miniaturisé (surtout aplati).

C’est devenu une réalité depuis quelques années, lorsque, outre les anciennes chaînes nationales héritée de la RTA (radio et télévision d’Algérie créées après au lendemain de l’Indépendance), les pouvoirs publics ont commencé, à doter les wilayas de radios locales.

En toute évidence, les trois premières chaînes publiques de la radio, d’envergure nationale ne pouvaient plus satisfaire les nouveaux besoins des populations en matière d’information, particulièrement l’information locale de proximité intéressant en premier lieu les populations dans un pays continent.

Avec plus d’une cinquantaine de chaînes, le monde de la radio prend une autre dimension, tout en révélant des insuffisances sur le plan du contenu et de la pertinence.

L’ambition affichée en son temps par un ancien ministre de la Communication, en l’occurrence Nacer Mehal, en soutenant qu’« il appartient aux radios locales de contribuer à la promotion de l’information de proximité, de se rapprocher du citoyen et d’accompagner l’action de développement, outre leur rôle en tant que trait d’union entre les autorités et le citoyen », n’a pas pu bénéficier de tous les moyens matériels et réglementaires pour s’accomplir d’une façon optimale au bénéfice des citoyens.

Il semble que le « trait d’union » dont parle le ministre, devant s’établir entre les autorités et le citoyen, est, parfois, mal vécu, pâtissant d’un déficit de professionnalisme.

L' »hégémonie » de l’information institutionnelle au détriment de la proximité fait peser sur le média une certaine lourdeur. Mais, beaucoup de chaînes régionales réussissent de se rattraper par l’investissement dans les thématiques de proximité, y compris par des émissions en direct par téléphone avec les auditeurs.

UNE NOUVELLE VIE POUR LE « TRANSISTOR »

En tous cas, dans l’éventail des supports constituant le paysage médiatique national, il est établi que la radio n’acquerra ses nouvelles « lettres de noblesse » que par une vision rénovée de la manière d’aborder et de fournir l’information de proximité et d’animer la vie locale.

Car, le canal de la radio présente bien des spécificités au regard de la portée et de l’impact social de ce « nouvel-ancien » média qui a presque un siècle d’existence.

Au cours des deux décennies, l’Algérie a essayé de rattraper un retard de trente ans en matière de couverture radio des différentes régions du pays en installant des radios régionales censées jouer à fond la politique de proximité. Les radios régionales lancées depuis le milieu des années 1990 constituent une initiative louable à plus d’un titre.

Outre la proximité en matière d’information, les émissions culturelles et de divertissement apportent une autre proximité, celle consistant à revaloriser et à réhabiliter le terroir dans toute sa dimension (patrimoine matériel et immatériel).

C’est là assurément, un moyen d’éveil culturel et pédagogique qui participe aussi des efforts de démocratisation de la société. Cet effort pourra être complété, au cours des prochaines années, par l’investissement dans ce type de média par des entreprises de statut privé.

Mais, c’est tout un débat de savoir comment faire vivre une radio privée dans un paysage économique dominé par la publicité publique.

La vision mise en avant par les pouvoirs publics sur la nécessité d’accorder une importance accrue à la radio, un des plus vieux médias auquel la nouvelle technologie numérique a conféré une intéressante plus-value esthétique et pratique, remet sur le tapis la nature et la valeur d’un moyen de communication qui a eu ses heures de gloire pendant plus d’un demi-siècle et qui continue à jouer un rôle primordial dans les pays industrialisés, malgré la fascinante offensive des télévisions satellitaires et des technologies multimédia.

A. N. M.

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