Présente en Libye depuis 2005, Sonatrach cherche à relancer ses projets dans le pays voisin, la Libye, riche en ressources. C’est dans cette optique que quatre mémorandums d’entente ont été signés jeudi à Alger entre des filiales du groupe Sonatrach et des sociétés libyennes, dont la National Oil Corporation (NOC), la compagnie pétrolière nationale de Libye.
Par Akrem R.
Ce rapprochement renouvelé avec la NOC s’inscrit dans une dynamique régionale de coopération Sud-Sud, fondée sur la mutualisation des savoir-faire, la formation des ressources humaines et l’intégration énergétique maghrébine.
La cérémonie de signature s’est déroulée au siège de Sonatrach, en présence du vice-président chargé de l’exploration et de la production, Farid Djettou, représentant le PDG de Sonatrach, Rachid Hachichi, aux côtés de Hussain Safar, membre du conseil d’administration de la NOC, ainsi que des présidents des commissions d’orientation conjointes entre les deux compagnies, Youcef Khanfar et Bachir Karia.
Le premier mémorandum d’entente, qui concerne le domaine de la géophysique, a été signé par l’Entreprise nationale de géophysique (ENAGEO), filiale de Sonatrach, et la compagnie libyenne National Gestion Commerce Organisation (Nageco) dans le but de fusionner les ressources des deux compagnies pour la réalisation de travaux de géophysique, de traitement et d’interprétation sismiques.
Le deuxième mémorandum, lié au domaine des services aux puits, a été signé entre l’Entreprise nationale de services aux puits (ENSP), relevant de Sonatrach, et la compagnie libyenne JOT. Cet accord porte notamment sur l’exécution conjointe de services pétroliers et gaziers, en Algérie et à l’international, y compris en matière de test et forage de puits.
Quant au troisième mémorandum, il concerne les activités et analyses de laboratoires. Signé entre la division Laboratoires, dépendant de l’activité Exploration et Production de Sonatrach, et le centre de recherches pétrolières relevant de la NOC, ce mémorandum permettra d’effectuer conjointement des activités de laboratoire et des analyses dans le cadre des projets de partenariat entre Sonatrach et la compagnie libyenne, selon les explications fournies lors de la cérémonie de signature.
Le quatrième mémorandum d’entente, qui a trait à la formation et au transfert de connaissances, a été signé entre Sonatrach et la NOC dans le but de renforcer la coopération en matière de formation dans toutes les spécialités de la chaîne de valeur des hydrocarbures.
À travers ces accords, signés entre Sonatrach et des entreprises pétrolières libyennes, il s’agit de booster la coopération dans divers domaines comme la formation et le transfert de compétences dans toutes les spécialités relatives au secteur des hydrocarbures.
« Ces accords visent à développer des programmes de formation conjoints, à évaluer et à mettre à niveau les compétences des formateurs, tout en encourageant le partage des meilleures pratiques. L’Institut algérien du pétrole (IAP) et l’Académie de management de Sonatrach seront mobilisés, aux côtés d’institutions libyennes homologues », a expliqué M. Youcef Khanfar.
Ces accords permettront ainsi d’évaluer et de mettre à niveau les formateurs, en sus de favoriser le partage des meilleures pratiques en matière de formation, de fournir le matériel de forage et d’intervention au niveau des puits, et d’assurer les services de maintenance et de formation, selon le même responsable.
Vers un partenariat stratégique renouvelé
Dans son allocution prononcée au nom du PDG de Sonatrach, M. Djettou a salué l’importance stratégique de ces documents, soulignant qu’ils constituent « un nouveau cadre de coopération directe et efficace dans des domaines spécialisés et à fort enjeu » et qu’ils ouvrent aux deux parties « des perspectives prometteuses de coopération directe et efficace dans des domaines spécialisés et importants».
Pour lui, il s’agit d’un jalon supplémentaire dans le renforcement du partenariat stratégique entre l’Algérie et la Libye, dans un secteur où Sonatrach est active depuis plusieurs années, depuis 2005 sur le bloc 65 et depuis 2008 sur le bloc 95/96.
En effet, le même responsable de Sonatrach a réitéré la volonté de la compagnie pétro-gazière à poursuivre ses activités en Libye. « Sonatrach a été et continue d’être présente dans le secteur énergétique libyen », a-t-il dit.
Des pourparlers ont été entamés depuis 2023 entre les deux compagnies (Sonatrach et la NOC) pour la reprise des activités, soldés par la signature d’un avenant au mémorandum d’entente signé en 2022.
Cet avenant vise à enrichir les axes de coopération entre les deux parties à travers l’intégration de nouvelles activités consistant en l’exploration et le développement des ressources conventionnelles et non conventionnelles.
L’avenant concerne, en outre, le développement des explorations pétrolières et gazières au niveau des champs marginaux inexploités, notamment via les techniques de récupération secondaire et tertiaire des gisements épuisés, ainsi que le développement des activités en lien avec la transition énergétique, les énergies renouvelables, et l’échange d’expertises.
Par ailleurs, la SIPEX, filiale de Sonatrach, et la NOC ont signé à cette occasion deux avenants portant prolongation des délais d’exploration au niveau des deux périmètres contractuels 95/96 et 65, situés dans le bassin de Ghadamès en Libye.
De son côté, le membre du Conseil d’administration de la NOC, Hussain Safar, a affirmé que la signature de ces mémorandums souligne la profondeur des relations historiques entre les deux pays frères, exprimant la volonté de la société libyenne de renforcer les relations et de construire un partenariat solide avec le groupe Sonatrach à tous les niveaux, d’autant plus que la Libye ambitionne de retrouver son niveau de production de 2010, soit 2 millions de barils/jour de pétrole.
Le voisin libyen, qui fait face à de multiples défis sécuritaires et politiques, est appelé à approfondir sa coopération avec des groupes ayant une expertise avérée dans le domaine des hydrocarbures, à l’instar de Sonatrach.
Par ailleurs, le marché libyen des hydrocarbures représente une opportunité pour Sonatrach, qui souhaite consolider ses opérations à l’international, tout en diversifiant ses activités.
De ce fait, la compagnie publique, qui fait du déploiement sur le marché africain une action stratégique, pourrait saisir les opportunités offertes par le marché libyen, en particulier dans le domaine gazier, et ce, après avoir déjà investi dans le secteur pétrolier sur deux blocs dans le bassin de Ghadamès.
A. R.