Protection de l’environnement : L’Algérie au cœur de la «bataille»

Protection de l’environnement : L'Algérie au cœur de la «bataille»

En cette deuxième décennie du 21e siècle, l’Algérie aborde la question environnementale avec des outils et des solutions nationales d’un large éventail. Si on limite notre horizon au seul chapitre de la lutte contre la désertification, il y a lieu de mettre en avant deux mesures majeures : la relance de l’ancien projet du Barrage vert (lancé sur le terrain en 2023) et le projet plantation de 420 millions d’arbres par la compagnie nationale Sonatrach sur une période de dix ans, et ce, dans le cadre de la séquestration de carbone et de sa réduction dans l’atmosphère, en application des engagements internationaux de l’Algérie (différentes conférences des parties sur la lutte contre les changements climatiques, COP).

Par Amar Naït Messaoud

La dimension environnementale est aujourd’hui intégrée dans tous les projets à caractère socioéconomique et dans les investissements. Avec les études d’impact environnemental exigées pour tous les projets figurant dans les établissements classés, une avancée est réalisée dans ce domaine, sans que la problématique ait pu être prise en charge dans sa totalité.

Autrement dit, les carences et les « couacs » liés à la gestion environnementale sont nombreux, tenaces même, mettant à mal le cadre de vie des citoyens, et ce, malgré des réalisations incontestables dans l’installation des centres d’enfouissement technique (CET), des station d’épuration des eaux usées (STEP) et d’autres équipements destinés à rendre à rendre à l’environnement ses lettres de noblesse, ainsi que des actions- de plus en plus fortes et visibles-de plantation d’arbres en milieu urbain.

L’on sait que l’Algérie fait partie de ces pays dont le modeste niveau d’industrialisation est, en principe, loin de lui valoir des retombées significatives sur le plan environnemental.

Par exemple, le bilan établi pour tout le continent africain en matière de pollution atmosphérique génératrice du réchauffement du climat à l’échelle du monde ne représente pas plus de 3 % des émanations globales émises à travers le monde.

Donc, en matière de  »culpabilité », notre pays s’en tire à bon compte à l’échelle de la planète. Ce qui n’exonère nullement les responsables politiques, les techniciens, le monde universitaire et les associations de la défense de la nature d’un examen critique qui devrait accompagner le processus de développement du pays ; d’autant plus que, dans les limites qui sont les siennes, l’Algérie est affectée par « débordements » environnementaux.

La grande mobilité de la population et les différentes vagues d’exode rural qu’a connues le pays ont indubitablement laissé leurs empreintes dans les villes au point où- en plus des problématiques liées à l’anarchie urbanistique et architecturale, et à la promiscuité de plus en plus pesante dans les quartiers et les conurbations- la donne environnementale s’impose dans ses facettes domestiques (gestion des ordures ménagères, eaux usées, protection des espaces verts contre les dégradations,…).

La nature et le volume des atteintes à l’environnement urbain mobilisent de gros montants financiers et un personnel nombreux pour des résultats fort modestes. Le niveau de conscience citoyenne et la collaboration attendue de tous les ménages en vue d’assurer un minimum de salubrité publique sont encore au stade de la formation.

Ajoutons à cela la faiblesse de l’industrie du recyclage ce qui n’encourage pas les ménages au tri sélectif des déchets au niveau souhaité.

Sans doute, aussi bien dans les agglomérations fortement urbanisées que dans les villages ruraux, la première des populations est d’ordre esthétique.

Car, avant de faire des investigations sur d’éventuelles maladies qu’auraient engendrées les décharges sauvages et les dépotoirs fumants, l’on se rend compte que c’est d’abord là une agression pour les yeux.

Ces plaies qui élisent domicile dans les grands boulevards, dans les quartiers populaires et même dans les cités résidentielles, dans des bourgades de campagne (parfois en pleine forêt), posent des questions majeures sur l’attractivité touristique et, plus généralement, sur la gestion des affaires publiques locales et sur le cadre de vie des citoyens.

GÉRER LA POLLUTION « DOMESTIQUE »

Même si une satisfaction réelle que d’apprendre que le taux de raccordement à l’égout des foyers algériens est d’environ 90 %, la transformation de beaucoup de ruisseaux et rivières en égout à ciel ouvert est une atteinte à l’environnement.

Aujourd’hui, dès les premières chaleurs, ces ruisseaux, où autrefois se baignaient proprement les enfants qui ne pouvaient pas bénéficier d’un déplacement vers les plages, sont reconnaissables de loin par les odeurs fétides qu’ils dégagent.

Si l’Oued El Harrach a bénéficié d’un projet spécial d’aménagement dans le cadre de l’aménagement global de la façade maritime d’Alger, le reste des cours d’eau souffrant du même problème des eaux usées stagnantes pose un réel problème de santé publique.

Certaines stations d’épuration, conçues pour de modeste villes dans les années 80’, sont aujourd’hui dépassées par la croissance démographique et le caractère tentaculaire des nouvelles agglomérations.

Le volume des effluents ne fait que croître, généralement, et ironie de l’histoire, à la suite de la grande disponibilité de l’eau dans les robinets, en dehors, bien entendu des moments de restriction due à la sécheresse. Le prix de l’eau est soutenu par l’État.

Le gaspillage du précieux liquide, qui fait augmenter le volume des rejets liquides, est un phénomène qui mérite d’être pris en charge rapidement, d’autant que des investissements historiques- des dizaines de milliards de dollars- ont été consentis dans ce domaine (barrages hydrauliques, stations de dessalement, grands transferts,…).

Ce même problème des eaux usées entraîne une autre ruse de la part de certains agriculteurs, consistant, pour ces derniers, à irriguer leurs jardins maraîchers ou leurs vergers avec le produit des égouts. C’est là une autre atteinte à l’environnement dans ce qu’il a de plus précieux, à savoir le corps de l’homme.

Pendant les années de l’aisance financière (bahbouha), les agressions contre l’environnement s’étaient multipliées sont et diversifiées.

L’affaiblissement de l’autorité de l’État et la gangrène de la corruption avaient, par exemple, fini par exposer certaines nappes phréatiques et des ouvrages d’art (viaducs, ponts) à des dangers imparables par le phénomène d’extraction illicite et sauvage de sable dans les cours d’eau.

Les arrêtés des walis interdisant cette pratique, particulièrement lors des périodes de sécheresse au cours desquelles diminuent drastiquement les apports en éléments de sable, étaient tout simplement foulés au pied, avec des complicités bien établies.

Il en est de même avec les défrichements des massifs forestiers et les vols de bois, outre le fléau des incendies qui emporte chaque année des milliers d’hectares.

CIRCONSCRIRE LES RISQUES INDUSTRIELS

S’agissant de la pollution industrielle, l’Algérie commence à prendre en charge, du moins sur le plan institutionnel et des études, les conséquences logiques d’un processus d’industriel appelé à s’accélérer et à s’étoffer. Les études d’impact environnemental sont exigées pour toutes les nouvelles installations industrielles.

Elles définissent les types et le niveau de pollution attendues, ainsi que la nature et l’ampleur des nuisances pouvant émaner de ces installations (effluents liquides, poussières, fumées, bruits,…).

Sachant que l’on ne peut pas arrêter le progrès et le développement économique du pays, les projets de ce genre ne peuvent être abandonnés malgré les risques de pollution.

Il est alors fait obligation aux industriels de mettre en place les mesures d’accompagnement et d’atténuation de façon à rendre le projet écologiquement viable (récupération et éventuel recyclage de certains rejets, filtres protecteurs contre les poussières dans le cas des cimenteries, optimisation de l’isolation acoustique, stations d’épurations spéciales comme celles acquises par les usines de détergents,…).

Outre des pollutions chimiques, atmosphériques ou acoustiques, les grandes plateformes industrielles charrient d’autres atteintes à l’environnement, souvent lentes et insidieuses, particulièrement sur la partie littorale du pays.

D’après un rapport du Conseil national économique, social et environnemental (Cnes), « l’espace littoral abrite 91 % des industries sidérurgiques, mécaniques, métallurgiques et électroniques, 90 % des industries des matériaux de construction, 85 % des industries chimiques, 65 % des industries du cuir et 56 % des industries textiles ».

Là, le Schéma national de l’aménagement du territoire (SNAT) constitue un outil idéal de rééquilibrage des activités économiques et de l’attractivité des territoires.

Ses orientations devraient avoir force de loi, en chargeant les administrations concernées par la gestion des territoires et les APC, à travers des décrets d’application et des arrêtés, de l’application stricte des orientations du SNAT, aussi bien dans la répartition de l’habitat et du commerce, que de celle des industries et des autres investissements économiques.

A. N. M.

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