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Protection de la forêt et de l’environnement : Pour une nouvelle pédagogie de la sensibilisation - ECOTIMES

Protection de la forêt et de l’environnement : Pour une nouvelle pédagogie de la sensibilisation

Protection de la forêt et de l’environnement : Pour une nouvelle pédagogie de la sensibilisation

Tout au long de l’été, un travail de sensibilisation aux incendies de forêts a été mené sur l’ensemble des wilayas forestières du pays, impliquant l’administration des forêts, la protection civile, les services de sécurité, les collectivités locales et le mouvement associatif, particulièrement les associations de chasseurs.

Par Amar Naït Messaoud

Caravanes sur les routes en distribuant des prospectus et en prodiguant des conseils, conférences, cours dans les écoles, prêches dans les moquées, participation à des volontariats de nettoyage dans et à la lisière de la forêt…, sont les quelques actions par lesquelles les pouvoirs publics ont impliqué l’ensemble de la société dans la protection de la forêt, patrimoine de plus en plus menacé par les incendies, l’urbanisation effrénée, les délits de coupe et de carbonisation, les constructions illicites et, enfin, le changements climatiques.

Sur les 4,1 millions d’hectares d’espaces forestiers, seul un million est considéré comme vraie forêt, un peuplement avec ses caractéristiques techniques de densité, d’envergure des arbres et de richesse en biodiversité.

Le taux de couverture forestière du territoire du Nord du pays ne représente que 11%. À l’échelle du territoire national, et au regard de l’espace désertique pris en compte, ce taux descend à 3%.

C’est dire les défis que notre pays est appelé à relever pour étendre son patrimoine forestier, valoriser et protéger le patrimoine existant et lutter contre le phénomène de désertification.

C’est l’ambition incarnée par la relance, depuis 2023, du projet du Barrage vert hérité des années 70’ et 80’, réalisé alors par les éléments de l’Anp.

Nouveau souffle pour la mission de sensibilisation

Pour l’opinion publique la plus large, la forêt, l’évocation de l’espace forestier aux contours plus ou moins confus, c’est d’abord les incendies de l’été et, accessoirement, lorsque cela est possible, les quelques lieux de villégiature, suburbains ou plus éloignés.

Mais, il faut reconnaitre que, sans besoin d’accompagnement statistique, ce dernier aspect- récréation et loisirs dans les milieux forestiers- a été révélé et boosté par les différents confinements imposés par la pandémie du coronavirus entre 2019 et 2021.

C’est à cette occasion que beaucoup d’Algériens, privés de la plage, ont découvert la forêt, la montagne et quelques autres espaces qui relevaient auparavant de la « coquetterie » de rares initiés.

Mais, globalement, la donne a très peu changé. La forêt est connue d’abord de ses occupants naturels, à savoir les habitants dont les bourgades sont enclavés dans les massifs ou ceux habitant à la lisière des forêts.

Elle est naturellement connue de ses gestionnaires, les forestiers : agents, cadres d’exécution et cadres/gestionnaires.

Comme elle est connue de la grande entreprise publique de génie rural (GGR), qui a un long passé d’intervention en milieu forestier, depuis son prestigieux ancêtre d’après l’Indépendance, l’Office national de travaux forestiers (Ontf), en passant par les structures intermédiaires des années 90’ et début 2000.

Faire connaître la forêt au large public est une mission exaltante, mais qui requiert de la patience, de la pédagogie et de l’engagement. Il ne suffit pas de répéter les discours développés dans les prospectus portant sur la prévention des feux de forêt.

Étant, pendant de longues années, limitée à la distribution de prospectus et aux journées de plantation avec les écoliers, la sensibilisation avait besoin d’un nouveau souffle en diversifiant la nature des intervention et en impliquant un large panel des acteurs institutionnels, médiatique, scientifiques et associatifs.

Certes, des initiatives louables ont été prises au niveau central pour associer les riverains de la forêt, principalement ceux organisés en associations, dans la protection de la forêt en les faisant participer à des actions sur le terrain, y compris celles requérant un suivi d’une année ou deux.

Cela n’a pas été toujours facile, d’autant plus que l’histoire des associations dans notre pays n’a pas encore acquis complètement la maturité suffisante d’un engagement citoyen désintéressé.

Qu’à cela ne tienne, des individualités, des personnes éclairées (étudiants, agriculteurs, chasseurs) se sont engagés sur le terrain pour prêter main-forte aux services des forêts et à la protection civile. C’est là une entreprise en perfectionnement continu.

Des expériences à valoriser

Outre cette implication sur le terrain pour toutes les catégories de la société, le volet de sensibilisation destiné aux élèves scolarisés dans les écoles primaires, les collèges et les lycées est appelé à revêtir d’autres formes qui épousent les méthodes d’enseignement. La première est le contact direct par le moyen d’un cours ou d’une conférence.

L’expérience a montré qu’il faut aborder le sujet sous ses aspects les plus pratiques et les plus proches des élèves qui écoutent. Il ne s’agit pas de trop s’étaler sur la forêt en général et ses bienfaits, mais sur les espaces forestiers locaux, en les désignant par leurs noms les plus communément utilisés par la population.

Des expériences menées sur le terrain, dans des établissements scolaires situés en plein massif ou à la lisière de la forêt, nous édifient sur l’importance d’utiliser la toponymie locale pour désigner les sommets de montagne, les rivières et cours d’eau ainsi que les forêts ou morceaux de forêt.

Les élèves souriaient, s’échangeaient entre eux des regards à la fois de surprise et d’approbation. Ils ne croyaient pas que les noms qu’ils étendaient chaque jour dans la maison pour désigner une source, une piste, un sommet de colline, un plateau forestier, pouvaient avoir une importance auprès d’une administration dont les agents portent une tenue verte officielle ou avoir un prolongement dans les documents cartographiques ou administratifs.

À la vue des expressions des visages des élèves, on lit une forme de réhabilitation de la culture locale et du sentiment d’appartenance à une communauté et à un espace géographique qui n’est pas si anonyme qu’ils le pensaient.

Les interventions en classe portent sur l’importance de la forêt dans la maintien de la biodiversité, à commencer par cette riche faune qui y trouve son habitat.

La protection des terres agricoles contre l’érosion, la protection des retenues d’eau et des barrages contre l’envasement, etc. Il est aussi expliqué le danger des coupes illicites et des défrichements, particulièrement pour les besoins de la carbonisation.

Des projections vidéos et des sorties sur le terrain pour l’étude de cas réels donnent la dimension de la problématique étudiée et invitent les élèves à formuler des questions pertinentes et parfois inattendues.

Méthodes innovantes et adaptées

Le constat fait sur le terrain au cours de la dernière décennie est que le rôle utilitaire le plus classique de la forêt, à savoir le combustible pour la cuisine et le chauffage en hiver, est complètement oblitéré par l’installation généralisée du réseau de gaz naturel.

Le gaz de ville, comme l’a dit un ancien haut responsable de l’État, est devenu aussi un gaz rural.

Cette utilité de la forêt ayant disparu, le niveau culturel ou de formation des populations ne leur permet pas, d’emblée, de saisir la dimension écologique de la forêt et les défis des changements climatiques.

Des extensions de terrains agricoles ont empiété sur la forêt, des constructions y ont été réalisées, de jeunes plantations ont été broutées par les troupeaux d’ovins, de bovins ou de caprins.

Pire, des constructions illicites sont réalisées sur des terrains forestiers. C’est pourquoi, la sensibilisation en direction de la population, et particulièrement des jeunes, doit être innovante, en cherchant à identifier et établir toutes les missions et les utilités de l’arbre, de la forêt et de la verdure, y compris en abordant, avec des outils pédagogiques simplifiés et adaptés au niveau des élèves, le thème et le défi de l’heure, à savoir les changements climatiques.

L’actualité nationale et mondiale ne manque pas d’éléments d’information à ce sujet : étalement des journées caniculaires dans l’année, tempêtes de sable au nord du pays, longue sécheresse conduisant à l’assèchement de certains barrages hydrauliques et retenues d’eau, stress hydrique ayant affectés les vergers arboricoles, des arbres forestiers et surtout les céréales, pluies torrentielles inhabituelles dans certaines régions du pays conduisant à des inondations historiques, recul de la diversité biologique (espèces et nombre), etc.

La sensibilisation et l’action pédagogique dédiées à la protection de la nature, de l’environnement et plus spécifiquement de la forêt, devraient revêtir des formes innovantes, adaptées au niveau d’instruction du public ciblé, à la relation qui le lie à cet environnement (public rural, urbain, seminomade,…) et aux nouveaux défis environnementaux.

De même, le moyen de communication adopté (discours direct, audiovisuel, prospectus, banderoles, orientations sur un site forestier, caravane de sensibilisation sur les routes péri-forestières, cours dans une classe,..) devrait bénéficier de l’innovation pédagogique et communicationnelle à même d’obtenir des résultats probants en matière d’assimilation, de réactivité et de duplication du message à l’échelle de la communauté.

A. N. M.

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