Le gouvernement a décidé de sévir contre le phénomène de la spéculation illicite. En effet, tout agriculteur disposant d’une chambre froide ou d’un entrepôt et tout producteur ou commerçant de gros, voire importateur, sont appelés à déclarer leurs entrepôts auprès des services du commerce avant le 30 novembre prochain.
Akrem R
Dépassé ce délai, l’opérateur sera passible des sanctions rigoureuses prévues dans le projet de loi en cours d’élaboration sur la spéculation, a averti Kamel Rezig, ministre du Commerce et de la Promotion des exportations.
En clair, à partir du 1 décembre prochain, tout entrepôt ou chambre froide réservés aux produits alimentaires, aux fruits et légumes ou à d’autres produits, non déclarés seront considérés comme «lieux de monopole et de spéculation». Dans un entretien accordé à l’APS, le ministre a indiqué que la déclaration se fait auprès des services du ministère du Commerce, à travers le renseignement d’un formulaire auquel sera jointe une photocopie du registre du commerce ou celle de la carte d’agriculteur.
Cette nouvelle organisation permettra à la tutelle d’élaborer un fichier des stocks à l’échelle nationale, tout en recensant également les lieux de stockage. Actuellement, la chaine de distribution est prédominée par des opérateurs activant dans la sphère informelle. Des chambres de froid et lieux de stockages sont implantés dans des endroits dissimulés, et difficiles même à trouver. Ces commerçants spéculateurs, imposent leur diktat sur le marché, loin de toute concurrence loyale. En dépit de la disponibilité de la production de la pomme de terre durant cette période de soudure, les prix de ce tubercule flambent en atteignant les 100 DA/kg et parfois plus. Même d’ailleurs, en dépit des opérations de déstockages effectuées dans le cadre du dispositif «SYRPALAC», le marché n’arrive toujours pas à trouver son équilibre s’agissant de la commercialisation de ce produit. Ceci ne peut s’expliquer que par l’existence d’autres factures influant sur le marché.
La solution, de l’avis de beaucoup d’experts, réside dans la numérisation de ce domaine, de la production à la distribution. Il y a lieu, d’abord, de définir nos besoins. «Sans statistique fiable, il est difficile de réguler le marché», dira Hamza Boughadi, expert en économie. Le président de l’Association des commerçants et artisans (ANCA), Hadj Tahar Boulenouar, a estimé, jeudi dernier, lors d’une conférence organisée à la Safexe, que la lutte contre la spéculation passe inévitablement par la lutte contre les monopoles, «une de ses causes principales. Dans tous les secteurs, le monopole est la cause de l’augmentation des prix.
Il faut casser cela et encourager les producteurs. La stabilisation des prix n’est pas possible sans une stabilisation de la production. La hausse durable de la production casse la spéculation. A contrario, la perturbation de la production mène à la spéculation». Ceci dit, le gouvernement est appelé encourager et faciliter l’investissement, tout en l’orientant vers les filières dont nous avons besoin. Ainsi, le développement des filières agricoles notamment, doit se faire en amont et en aval, a recommandé l’expert Laala Boukhelfa. Puisque la nouvelle loi sur la spéculation, ajoute-t-il, sera une partie de la solution et non pas une solution globale pour la régulation des prix et du marché.
A. R.