La Bourse d’Alger multiplie ses offres aux investisseurs et aux entreprises afin de dynamiser le marché financier et également de réduire la pression sur le Trésor public, ce denier n’étant plus en mesure de fournir les mêmes efforts d’avant 2014.
Par Akrem R
En effet, la baisse drastique des prix du pétrole a mis en péril nos banques, dont la liquidité bancaire s’est effondrée à son plus bas niveau. Ce qui a impacté fortement le financement bancaire, représentant jusqu’à présent 80% du marché financier. Il est, ainsi, devenu très difficile de contracter un crédit bancaire par les entreprises.
A cet effet, et notamment avec la nouvelle vision du gouvernement de rationalisation de dépenses, il est nécessaire aujourd’hui de trouver de nouveaux mécanismes et moyens pour le financement de l’économie nationale, en impliquant d’autres acteurs, dira, Yazid Benmouhoub, Directeur général de la Bourse d’Alger.
En effet, la Bourse peut en être un maillon fort dans le moyen et long terme. D’ailleurs, d’importantes incitations sont proposées aux entreprises afin de se faire coter sur cette place financière qui tente de se positionner sur le marché. Selon son PDG qui s’exprimait hier sur les ondes de la radio nationale « chaine III», le niveau de rémunérations des placements des sociétés en bourse se situe entre 6 et 11% net d’impôts. Un niveau très rentable et également incitative pour les entreprises. En clair, la Bourse d’Alger peut être un facteur et un levier important dans l’inclusion financière. L’introduction d’entreprises publiques et privées performantes en bourse, permettra, sans doute, de capter, au moins, une partie de l’argent dormant hors circuit bancaire et estimée à 90 milliards de dollars. Cet argent, précise Benmouhoub, ne doit plus avoir sa place dans la sphère informelle, suite notamment, à la nouvelle politique du gouvernement ayant lancé une lutte sans merci contre cette forme de l’économie, en recourant à la réforme de notre système financier (bancaire et fiscal).
Ces réformes fiscales et l’ouverture du capital d’entreprises via la bourse, sont susceptibles, d’ici 3 à 4 ans, de dynamiser la première place financière de l’Algérie, en la hissant aux standards internationaux. Ainsi, ajoute-t-il, le financement boursier n’écarte aucun secteur, même celui de l’Agriculture, affirmant que le dispositif est là. Et de préciser : «Le marché boursier n’exige pas de crédits hypothécaires et les plus-values sont exonérées pour une période de cinq années (de 2019 à 2023)». La loi de finances 2021, et notamment en son article 133, a intégré une mesure fiscale pour les sociétés dont les actions ordinaires sont cotées en bourse, et ce, en vue d’inciter la promotion de financement des entreprises via la Bourse. Ainsi, les sociétés cotées bénéficient d’une réduction de l’impôt sur le bénéfice des sociétés (IBS), égale aux taux d’ouverture de leur capital social en bourse, et ce, pour une période de 03 ans à compter du 1er janvier 2021. L’intervenant a rappelé, également, que le marché obligataire est toujours là et la venue d’entreprises sur ce marché, participera à l’inclusion financière.
Outre ces mesures incitatives, la Bourse d’Alger est en contact permanant avec les chefs d’entreprises et le patronat, afin de connaitre, d’abord, les contraintes empêchant leur adhésion, affirme Benmouhoub. En effet, le statut familial (la gouvernance) et la transparence sont deux éléments qui freinent l’émergence d’un marché financier digne de son nom.
Yazid Benmouhoub, DG de la bourse d’Alger : «Nous attendons l’arrivée de 4 à 5 entreprises en 2022 »
Le directeur de la Bourse d’Alger, Yazid Benmouhoub s’est montré optimiste pour l’avenir du marché bousier en Algérie, en annonçant l’adhésion d’au moins 4 à 5 entreprises à la Bourse d’Alger au courant de l’année 2022. Il a, en effet, confirmé que deux banques publiques seront introduites en Bourse en 2022. « La loi de finances 2022, dans son article 157, a levé un verrou qui figurait dans la loi sur la Monnaie et le Crédit et qui permet, désormais, l’introduction en bourse d’une banque ou d’un établissement financier, sans l’accord préalable du Gouverneur de la Banque d’Algérie », indique Yazid Benmouhoub. « Nous considérons cette mesure comme un coup de starter, un signal fort, de la part des autorités pour encourager toutes les entreprises à venir en Bourse », poursuit le DG de la Bourse.
L’intervenant a également annoncé l’entrée en service d’un nouveau système de cotation courant 2022, en se basant sur les nouvelles technologies, dont les transactions et les échanges seront en ligne.
A.R.