Une caravane «Educatour» s’est lancée, à partir de Tamanrasset, pour la promotion du tourisme dans la région de l’Ahaggar, samedi 25 septembre dernier, et ce jusqu’à aujourd’hui, mardi. Composé d’une cinquantaine de véhicules tout-terrain, à cet éductour, prennent part des représentants de 127 agences de tourisme et des tour-opérateurs, issus de différentes régions du pays.
Par Réda Hadi
Pourtant quel que soit l’effort ou les mesures prises, le tourisme algérien n ’arrive pas à décoller et encore moins, le saharien. Pour ce type de tourisme, c’est principalement, la clientèle étrangère qui le nourrissait. Si le Sud algérien possède des atouts indéniables, il n’est pourtant pas une destination chérie des touristes étrangers, comme par le passé. Selon des sources de patrons d’agences de voyage, depuis plus de 20 ans, l’Algérie n’accueille pas plus de 3000 personnes par an en moyenne. Le Sud algérien, pourtant, peut être un atout majeur pour la relance de ce secteur dans sa globalité.
Certains spécialistes assurent que faute d’une véritable vision stratégique et de la levée des lourdeurs bureaucratiques, le développement du tourisme saharien ne pourra jamais connaitre un véritable essor.
Toujours les mêmes problèmes…
M Farhi Belgacem, patron d’une agence de voyage et de location de 4x4x à Tamanrasset, nous a parlé sans ambiguïté de la situation qui prévaut dans ce secteur et particulièrement à Tamanrasset. « Si les atouts du Sud sont incontestables, en revanche, leur exploitation laisse à désirer. Les rares touristes étrangers qui reviennent, se voient offrir les mêmes prestations au fil des ans. Cela est d’autant plus vrai, que nous péchons par manque d’investissement. Mais comment voulez-vous investir sans rentrée d’argent ?», s’interroge-t-il.
«De plus, nos ambassades ou consulats trainent de pieds pour délivrer des visas.
A Tamanrasset qui est un haut lieu du tourisme saharien c’est l’agonie. Ce n’est pas en organisant une virée vers des sites déjà connus que l’on va faire progresser les choses. Il y a encore des tas d’endroits à faire découvrir aux touristes. Il faut sortir des sentiers battus pour se faire connaitre», dit-il
Ce directeur d’agence nous a précisé aussi, que «les prix et la sécurité sont des armes que nous devons posséder pour conquérir une nouvelle clientèle. Or, si la sécurité semble être maitrisée en dehors de nos frontières, nous entendons un autre écho alarmiste, qui rebutent d’éventuels postulants au voyage», jugeant la décision prise par les pouvoirs publics d’adapter les prix du billet comme «encourageante mais pas suffisante».
M. Farhi a également précisé que «les sites actuellement visités, sont dans un état de conservation lamentable, à cause de la dégradation du temps et de celle des touristes. Beaucoup de sites sont vandalisés et pas du tout entretenus», a-t-il conclu.
Pour Billel Aouali, économiste, «il faut une politique de tourisme adaptée. Et surtout savoir vendre son produit. De ce point de vue-là, nous avons beaucoup à apprendre de nos voisins. Mais, dans le secteur, les professionnels croient de moins en moins à ce genre de communication surannée et illisible. Nous ne savons pas rendre l’Algérie attractive. Pour se renseigner sur la destination, les étrangers désirant visiter le pays ont le choix entre les pages Facebook de certains opérateurs et les sites de certaines institutions publiques, dont celui du ministère du Tourisme décliné en deux langues seulement, arabe et français. «Le site du ministère du Tourisme est frappé d’ indigence, celui de l’Office national algérien de tourisme (Onat), même chose. Nos sites, nos portails, sont très loin par rapport à la concurrence dans le bassin méditerranéen. Le site de la Tunisie est en quatre langues. Visit marocco est décliné en onze langues»
De plus pour cet expert, «ce genre de virée organisée est tout à fait factice», expliquant que, pour combler le déficit des étrangers, «il faut relancer le tourisme domestique».
Pour l’économiste, «il s’agit donc aussi, de réconcilier le pays avec le tourisme interne et d’encourager les jeunes à voyager, mais, surtout, à aller à la découverte de ses richesses. C’est en tout cas l’axe principal à optimiser impérativement pour limiter les dégâts et contenir au maximum les pertes. L’enjeu en vaut la chandelle puisque l’objectif est de sauver des centaines de milliers d’emplois. De plus, on pense pouvoir relancer le tourisme quand on en aura besoin. Sauf qu’une destination touristique se construit ou se reconstruit dans la durée et pas avec une baguette magique. Résultat : l’Algérie est pratiquement inexistante sur la carte touristique mondiale aujourd’hui.
R. H.