Promotion des exportations hors hydrocarbures : Comment garantir les conditions du succès

Exportations hors hydrocarbures : Les PME appelées à créer des consortiums

Les exportations algériennes hors hydrocarbures, qui se situent à près de sept milliards de dollars/ans au cours de ces deux dernières années, font face au défi de maintenir la cadence et de la renforcer dans le futur proche. Ce besoin et cette dynamique ont été réitérés au cours de la journée de sensibilisation sur l’exportation au profit des exportateurs et des autres agents économiques intéressés par cette activité, organisée jeudi dernier par la Chambre algérienne de commerce et d’industrie (CACI). On a mis en avant, à l’occasion de cette journée, l’ambition fixée par le gouvernement à l’horizon 2030, à savoir atteindre un montant de 30 milliards de dollars d’exportations hors hydrocarbures. La barre est placée très haut, mais jugée dans les « cordes » de notre pays, au vu de ses potentialités encore inexploitées, d’abord dans le domaine de la production et de la productivité dans le sens absolu, avant de nous pencher sur le segment de l’exportation. En effet, des réserves « dormantes » sont identifiées presque dans tous les secteurs d’activité : agriculture, tourisme, artisanat, industries de transformation, agroalimentaire,…etc.

Par Amar Naït Messaoud

La journée de sensibilisation dédiées aux opportunités d’exportation hors hydrocarbures a permis d’expliquer et de vulgariser la réglementation nationale inhérente aux avantages et mesures prévus par les pouvoirs publics destinés à assister et encadrer les agents économiques versés dans l’activité d’exportation hors hydrocarbures.

Le panel de petites et moyennes entreprises (PME) ayant assisté à la journée de sensibilisation et de vulgarisation, active dans les domaines de l’agroalimentaire, la chimie, les cosmétiques, l’équipement électrique, les produits agricoles, les appareils électroniques et électroménagers.

L’encadrement et l’appui pédagogique ont été assurés par des experts versés dans les domaines de la logistique, du transport et du consulting.

Le directeur général de la Cambre algérienne du commerce et de l’industrie, Hocine Zaoui, a soutenu que «porter le volume des exportations hors hydrocarbures à 30 milliards de dollars à l’horizon 2030 se veut un défi qui peut être réalisé grâce à plusieurs facteurs, tels que le climat d’affaires qui incite les investisseurs locaux et étrangers à diversifier la production industrielle, agricole et de services».

SAISIR LES OPPORTUNITÉS DISPONIBLES

Il s’agit, dans ce sens, pour les opérateurs économiques, de savoir «saisir les opportunités disponibles pour se positionner au niveau des marchés extérieurs, notamment à la faveur des facilités accordées par les pouvoirs publics pour les accompagner et les encourager, y compris celles données dans le cadre du Fonds spé- cial pour la promotion des exportations».

Ce dernier est destiné à amortir les coûts d’exportation et à prendre en charge une partie des charges fiscales et douanières des opérateurs activant à l’export.

Telles que sériées et explorées par différents experts nationaux, les potentialités algériennes en matière d’exportations sont nombreuses.

Il suffit de valoriser les produits algériens, dans le sens de les élever aux standards internationaux, de renforcer la compétitivité des entreprises algériennes qui disposent déjà de plusieurs avantages comparatifs- et d’exploiter les créneaux demeurés jusqu’ici en friche.

Cela, outre les opérations connexes liées au conditionnement, à l’emballage, aux règles de manutention et de transport qui doivent impérativement se hisser aux standards internationaux.

Il tombe sous le sens que les entreprises devant se lancer dans l’exportation sont aussi censées fournir des efforts colossaux sur le plan de la gestion des ressources humaines, du management et de la formation. Les pouvoirs publics sont appelés à soutenir ces efforts par le renforcement et l’amélioration du niveau de formation dans les universités et les centres de formation professionnelle, comme ils sont aussi interpellés pour assister les exportateurs potentiels dans les créneaux que ces derniers auront choisis.

NCADREMENT ET SOUTIEN DE L’ÉTAT

Il y a lieu de noter que depuis 1996, un Fonds spécial pour la promotion des exportations (FSPE) existe. Il a pour mission d’ « apporter un soutien financier aux exportateurs dans leurs actions de promotion et de placement de leurs produits sur les marchés extérieurs », comme le souligne la brochure du ministère du Commerce portant sur ce texte de loi.

Il y est précisé que « l’aide de l’État, par le biais du FSPE, est octroyée à toute entreprise résidente productrice de biens ou services et à tout commerçant régulièrement inscrit au registre de commerce œuvrant dans le domaine de l’exportation ».

Les soutiens accordés par les pouvoirs publics dans ce cadre sont fixés par le ministère du Commerce selon des taux déterminés à l’avance, « en fonction des ressources disponibles ».

Les soutiens concernent les charges liées à l’étude des marchés extérieurs, la prise en charge partielle des frais des participations aux foires et expositions à l’étranger, une partie des coûts de prospection des marchés extérieurs, le coût de transport international et de manutention dans les ports algériens des marchandises destinées à l’exportation, et le financement des coûts liés à l’adaptation des produits aux marchés extérieurs.

La participation aux foires et expositions à l’étranger peuvent être soutenues à hauteur de 80%, dans le cas d’une participation collective aux foires et expositions inscrites au programme annuel officiel, et à hauteur de 100 % dans le cas d’une participation revêtant un caractère exceptionnel ou se limitant à la mise en place d’un guichet unique.

Pour ce qui est du transport, transit et manutention de marchandises destinées à l’exportation le Fonds apporte ces aides jusqu’au seuil de 80%, dans le cas de transport international des dattes et ce, pour toutes destinations de ce produit. Pour les autres produits, la fourchette des soutiens varie de 25 à 50 % du coût.

LE FONDS ET LE TRAVAIL DE FOND

Outre le Fonds spécial pour la promotion des exportations, d’autres dispositifs et mesures institutionnelles de soutien aux exportations hors hydrocarbures sont instaurés : abattements fiscaux, mesures incitatives douanières, contrôle des changes, réglementation bancaire, facilitation dans les procédures de contrôle des marchandises lors de leur passage dans les ports,…etc.

Le Fonds était demeuré, pendant des années, peu actif. Il est évident que, pour qu’il soit sollicité et pour que les décaissements se fassent, le mouvement des exportations hors hydrocarbures est censé prendre son élan.

Or, les flottements- sur les plans politique et économique- qui avaient caractérisée la période de l’aisance financière des deux premières décennies des année 2000, avaient oblitéré les chances de la diversification économique, de la performance en matière de productivité et de vision vers des horizons ambitieux en matière de diversification des recettes extérieures.

Aujourd’hui, en examinant de près le volet des exportations hors hydrocarbures, les pouvoirs publics, les organisations patronales et les opérateurs économiques sont appelés à se pencher sur les segments respectifs qui leur reviennent dans ce dossier, à commencer par la production de la ‘’matière brute’’ (fruits, légumes, appareils électroménagers, plantes médicinales, huiles essentielles, semi-produits industriels,…) jusqu’aux certifications nécessaires, service après-vente, en passant par le conditionnement et l’emballage aux normes internationales, la communication, la participation aux salons à l’étranger, l’identification des marchés internationaux, la fidélisation de la clientèle et diplomatie économique censée être assurée par nos ambassades et consulats à l’étranger.

A. N. M.

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