La promotion des exportations, hors hydrocarbures notamment, est le cheval de bataille du gouvernement. En dépit des résultats réalisés en 2021 portant nos exportations à 5 milliards de dollars et avec l’objectif d’atteindre les 7 milliards courant 2022, beaucoup de contraintes persistent encore sur le terrain.
Par Akrem R.
Les opérateurs économiques sont confrontés à de multiples obstacles d’ordre administratifs, de changes et surtout, en termes de logistique. En effet, et en comptant sur la volonté politique affichée par le président de la République, il est temps d’organiser une conférence nationale sur l’export, dans le but de tracer une feuille de route nationale et de remédier aux difficultés du terrain.
L’appel a été lancé, hier, par Mohamed-Moncef Bouderba, président de l’Association des producteurs et céramistes algériens (ACA), précisant que cette rencontre regroupera les différents intervenants (opérateurs économiques, organisations patronales, Banque centrale et autres institutions de l’Etat) dans l’acte d’export.
Objectif : booster les exportations
«L’objectif de la conférence nationale sur l’export est d’impliquer tout le monde, permettant à chaque algérien de s’exprimer et de donner des pistes intéressantes pour booster nos exportations. Le but étant de sortir avec une feuille de route, en fixant les objectifs à atteindre à moyen et long termes», a souligné Moncef Bouderba dans une déclaration à la radio nationale « chaine III».
Pour l’intervenant, « nous devons impérativement éviter les erreurs du passé, tout en nous éloignant des décisions administratives». En clair, le gouvernement est appelé à l’association et l’ouverture d’un dialogue franc et sérieux avec les opérateurs économiques afin d’éviter l’élaboration de lois et stratégies «inefficaces», comme ça a été le cas pour le Code de l’investissement. Deux ans après, en effet, l’avant-projet de loi présenté par le ministère de l’Industrie n’a pas été à la hauteur des aspirations des chefs d’entreprises et le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a, d’ailleurs, ordonné de le revoir, tout en impliquant les experts et opérateurs économiques. « Les propositions nationales défendant les intérêts de l’Algérie seront circonscrites dans une feuille de route pour la promotion des exportations», a insisté Bouderda.
Et d’ajouter : « Si nous avons une feuille de route et un plan national de l’économie orienté vers l’export, toute cette réforme peut se mettre en place rapidement et ça va donner une image de stabilité et un retour de confiance et celui de l’investissement. Il y a un grand travail à faire en matière de promotion de l’image de l’Algérie». Le président de l’association des céramistes a plaidé également, pour des mesures d’accompagnements dans le domaine d’export, notamment, en matière de perte de change. Le dinar à double parité est l’une des problématiques à prendre en charge par les pouvoirs publics.
Convertibilité du dinar
«La perte de change doit être associée à la convertibilité de notre monnaie en interne et en externe. Je pense qu’avec un débat serein et avec une proposition concrète, on peut trouver une solution adéquate. En tant qu’opérateur, je suis pour une convertibilité intelligente de notre monnaie, préservant les acquis sociaux et la stabilité monétaire et politique de notre pays. Et, surtout, une convertibilité qui rendrait l’acte économique performant. Donc, la convertibilité de la monnaie graduelle en fonction de résultats économiques de chaque entreprise. La banque centrale a les outils pour le faire. Nous avons besoin d’une vision sereine, permettant à tous les Algériens de faire confiance à son dinar», a-t-il détaillé.
S’agissant de la réforme bancaire, dont un chantier est déjà lancé, l’intervenant a plaidé pour une véritable réforme bancaire et une procédure régissant le commerce extérieur qui doit justement consolider le droit de l’entreprise algérienne de s’internationaliser. « Nos entreprises n’ont besoin que d’être épaulées et soutenues par la Banque centrale pour aller conquérir des parts sur le marché international. Nos produits sont de qualité et compétitifs», a affirmé Moncef, en appelant à la création de plusieurs banques dédiées à l’export. «Le système financier algérien est doté de plusieurs banques algériennes y compris étrangères et il faut les mettre en concurrence pour avoir les meilleurs services à des tarifs compétitifs», a-t-il dit.
En plus de tout cela, l’Algérie est appelée à l’accélération de l’opération de création de zones franches afin de pouvoir disposer de plateformes pour dynamiser l’exportation, ainsi que de procéder à une réorganisation du transport maritime, aérien et ferroviaire sur le plan international. «Nous avons des ports et des aéroports sous exploités. Donc, il faut les remettre au diapason et les équiper de moyens nécessaires pour dynamiser notre commerce extérieur», conclut-il.
Mohamed-Moncef Bouderba : «La céramique algérienne est aujourd’hui aux normes internationales»
«La céramique algérienne est aujourd’hui aux normes internationales. Nous maîtrisons la technologie, les coûts et la qualité », a affirmé, hier, Mohamed-Moncef Bouderba, président de l’Association des producteurs et céramistes algériens. Il a jugé que « les premières expériences d’exportation sont encourageantes » et appelle à un meilleur accompagnement logistique et bancaire des exportateurs algériens.
Pour cet industriel, le contexte de conflit entre l’Ukraine et la Russie ouvre des perspectives économiques pour la céramique algérienne. « Avec l’avantage économique sur le prix du gaz, la céramique algérienne est très concurrentielle » et pourrait, selon lui, « trouver sa place sur les marchés des pays du sud de l’Europe».
Le président de l’association des céramistes a appelé le gouvernement à la relance de programme de logement. Pour lui, ce n’est possible qu’aujourd’hui il n’y ait pas de programmes de logements notamment pour la classe moyenne, d’autant que la situation financière du pays s’est améliorée. La relance de secteur permettra de redynamiser la machine économique du pays, affirme-t-il.
A.R.