Le développement de l’investissement en Algérie passe inéluctablement par l’amélioration du climat des affaires. Un aspect auquel le gouvernement accorde une grande importance. D’ailleurs, des réformes sont en cours et un nouveau Code de l’investissement est d’ores et déjà promulgué.
Par Akrem R.
Toutefois les textes d’applications ne sont pas tous fins prêts et l’opération prendra le temps nécessaire, même si instruction a été déjà donnée pour accélérer l’élaboration des différents textes et leur entrée en vigueur. Le nouveau Code de l’investissement tant attendu, est qualifié de «salvateur», et serait même en mesure, selon plusieurs observateurs, de redorer le blason de l’Algérie, notamment en matière d’IDE.
D’ailleurs, c’est ce que le ministre du Commerce et de la promotion des exportations hors hydrocarbures, Kamel Rezig a mis en avant lors de ces différentes rencontres avec des responsables africains, de autres responsables de la Banque mondiale, en marge de sa participation à la 8ème Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD-8), qui s’est tenue au Palais des Conférences de Tunis les 27 et 28 août courant.
En effet, lors de son entretien avec Cheick Oumar Sylla, directeur régional pour l’Afrique du Nord à la Société internationale de finances (IFC – International Finance Corporation), membre du Groupe de la Banque mondiale, et Jesko Hentschel, directeur régionale pour l’Afrique du Nord et elMoyen-Orient, Kamel Rezig a affirmé que l’Algérie est un marché prometteur pour les investissements étrangers notamment après la promulgation du nouveau Code des investissements, ainsi que la loi relative aux zones franches et, surtout, l’adhésion de l’Algérie à la e la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf).
Eradiquer la bureaucratie
Pour étayer ses propos, lit-on dans un communiqué publié sur la page Facebook du ministère, Kamel Rezig a mis en avant les dernières réformes engagées par l’Algérie dans le but de créer un marché compétitif et attractif pour les investissements aussi bien nationaux qu’étrangers.
L’expert international en économie, Abdelatif Hmamda a fait savoir que la nouvelle loi sur l’investissement apporte d’importants changements, et c’est pour cette raison que le gouvernement doit veiller sur son application et sa mise en œuvre.
«C’est la principale problématique en Algérie!» déplore-t-il. Un énorme travail reste à faire dans ce sens, indique le représentant également de la CACI France-Algérie.
En clair, le problème de l’investissement en Algérie ne réside pas seulement au niveau des lois, mais plutôt dans leur stricte application et interprétation. La bureaucratie bat son plein et continue de prendre des proportions alarmantes. D’ailleurs, même le président de la République se plaint de ce fléau à combattre avec tous les forces et énergies, insiste-t-il à chacune de ses sorties médiatiques. Pour cet expert, il y a lieu d’abord de mettre les mécanismes adéquats pour lutter contre la bureaucratie qui mine encore les institutions et administrations publiques.
Plaidoyer pour la création de cellules d’écoute
«Sinon comment explique-t-on, le déblocage de près d’un millier de projets d’investissement dans un laps du temps par le médiateur de la République. Ce dernier a réussi là où les institutions et autres administrations n’ont pas trouvé de solution. A cet effet, nous avons besoin d’une loi donnant plus de forces pour les ministères des différents secteurs (Tourisme, agriculture, industrie, services), tout en leur permettant de lever les obstacles sur les investisseurs sans passer par le médiateur de la République qui a une mission et une durée bien précise», détaille-t-il.
Questionné sur la création d’un guichet unique et l’introduction des TIC pour en finir avec les tracasseries administratives, Abdelatif Hamada a mis en garde contre la bureaucratie numérique.
Il a dans ce cadre recommandé de créer des cellules d’écoutes afin de prendre en considération les doléances des investisseurs et experts du terrain dans l’élaboration des textes d’application de cette nouvelle loi sur l’investissement.
«Le président de la République a toute la volonté nécessaire pour faire bouger les choses, mais il est inconcevable qu’un investisseur ayant l’intention de réaliser son projet en Algérie se retrouve devant la justice pour des raisons bureaucratique!», déplore-t-il en précisant que dans un plan business, il y a les facteurs temps, risques et bénéfices dont il faut tenir compte. «C’est à travers ces trois facteurs qu’un investisseur décide de venir en Algérie ou pas», précise Hmamda. En somme, un grand travail reste à faire en matière du climat des affaires.
A. R.
Abdelatif Hmamda, expert en économie : «Nous devons être la porte de l’Afrique vers l’Europe et non le contraire»
L’expert international en économie, Abdelatif Hmamda, a plaidé la mise en place d’une stratégie et d’une vision à long terme pour l’Algérie (2030 et 2050), tout en prenant en considération les changements et mutations que connait le monde.
«Nous devons impérativement prendre un place de choix dans ce nouveau monde, tout en choisissant les partenaires qui vont nous accompagner dans cette démarche. Nous sommes un pays-continent et nous avons tous les moyens pour devenir une puissance économique», a souligné notre interlocuteur.
Pour lui, être la porte de l’Afrique n’est pas l’objectif escompté et ne répond pas aux aspirations des algériens, car il ne s’accommode pas avec le nouveau monde. En clair, l’Algérie doit jouer son rôle d’acteur principale dans le développement du continent africain et d’être sa locomotive. «L’Algérie est à la recherche de partenaires puissants pour le développement de notre agriculture et la transformation de notre désert en un espace vert», souligne-t-il. Et d’ajouter: «Nous avons les infrastructures de bases, les richesse et l’éléments humains nécessaires pour jouer ce nouveau rôle».
A. R.