La concrétisation du projet du corridor de l’hydrogène sud (SoutH2 Corridor) se précise. Une déclaration commune d’intentions politiques concernant ce projet important a été signée, hier à Rome (Italie), lors de la première réunion ministérielle des ministres de l’Énergie concernés par le projet du corridor de l’hydrogène sud), entre cinq pays, à savoir l’Algérie, la Tunisie, l’Italie, l’Allemagne et l’Autriche.
Par Akrem R.
Cette déclaration témoigne de la volonté commune de ces pays de renforcer la coopération dans le domaine énergétique, tout en développant les énergies renouvelables, dont l’hydrogène vert. Ce dernier est considéré comme un carburant propre et d’avenir.
C’est dans ce cadre que s’inscrit ce projet « SoutH2 Corridor », dont l’Algérie ambitionne de jouer un rôle clé dans la nouvelle carte énergétique mondiale.
En effet, les signataires ont réaffirmé leur intention de renforcer la coopération pour le développement de ce projet stratégique qui relie les sites de production en Algérie à l’Union européenne, par le biais d’une collaboration au sein d’un groupe de travail commun à cinq parties, a indiqué le ministère de l’Énergie, des Mines et des EnR dans un communiqué.
En vertu de cette déclaration, les partenaires européens reconnaissent les vastes capacités de l’Algérie et de la Tunisie en matière de production d’énergie renouvelable et d’hydrogène vert, ainsi que la nécessité de renforcer la sécurité énergétique entre la région et l’Union européenne pour soutenir la croissance verte.
La déclaration a mis également l’accent sur l’importance du développement des stations d’hydrogène et des infrastructures associées, ainsi que sur l’accélération de la transition énergétique durable pour atteindre les objectifs climatiques mondiaux, tout en attirant des investissements en Algérie et en Tunisie pour soutenir le marché local, créer des emplois et encourager l’innovation.
L’accord insiste également sur l’importance du corridor de l’hydrogène sud en tant qu’infrastructure de transport de l’hydrogène entre l’Algérie, la Tunisie et l’Europe, soulignant la nécessité de renforcer les capacités, de développer les compétences nécessaires, d’identifier les besoins en financement et de mettre en place des mécanismes pour réduire les risques.
Les parties s’engagent à coordonner, ajoute-t-il, leurs politiques et à échanger des expériences afin d’assurer la mise en œuvre efficace du projet, avec un suivi régulier par le biais d’une équipe de travail commune qui se réunira tous les six mois.
Dans son discours, le ministre d’État, ministre de l’Énergie, des Mines et des EnR, Mohamed Arkab, a souligné l’engagement de l’Algérie à développer l’industrie de l’hydrogène vert, en s’appuyant sur sa position géographique avantageuse, ses ressources abondantes en énergie solaire et éolienne, ainsi que sur ses infrastructures avancées dans le secteur de l’énergie.
Il a insisté sur l’ambition de l’Algérie de devenir un centre régional de production d’hydrogène vert et de l’exporter vers l’Europe, contribuant ainsi à diversifier les approvisionnements énergétiques et à réduire les émissions de carbone.
Renforcer l’intégration énergétique entre l’Algérie et l’Europe
Le ministre a également souligné que ce projet représente une opportunité stratégique pour renforcer l’intégration énergétique entre l’Algérie et l’Europe, en se concentrant sur la création d’un cadre juridique et réglementaire approprié, le développement des capacités humaines et technologiques, ainsi que l’attraction des investissements nécessaires pour accélérer la transition énergétique.
Mohamed Arkab a appelé à l’intensification de la coopération internationale pour faciliter le transfert de technologies et renforcer les partenariats entre le secteur public et privé, soulignant que ce projet concrétise la vision ambitieuse de l’Algérie pour réaliser un développement durable et relever les défis climatiques.
Outre le programme de 15 000 MW d’énergies renouvelables d’ici 2035, dont de nombreuses stations solaires sont en cours de réalisation à travers le pays, l’Algérie a défini une feuille de route pour développer l’hydrogène vert, avec pour objectif d’atteindre une production conséquente au cours de la prochaine décennie.
Cette stratégie vise à satisfaire une consommation locale de 300 000 tonnes et à exporter plus de 1,2 million de tonnes vers les marchés extérieurs, notamment européens.
Le plan de développement de l’hydrogène vert, qui s’étend de 2030 à 2040, a pour principaux objectifs de positionner l’Algérie comme un acteur clé dans la production et l’exportation d’hydrogène vert, en particulier vers le marché européen.
Il est à noter qu’une étude comparative réalisée par la société italienne spécialisée « Snam » sur le coût de production et de transport de l’hydrogène vert dans diverses régions d’ici 2040 a mis en évidence les avantages concurrentiels significatifs de l’Algérie en termes de coûts et de prix.
L’étude a estimé que le coût de l’hydrogène livré par l’Algérie à un pays européen, tel que l’Allemagne, serait d’environ 0,98 dollar par kilogramme.
Selon l’étude comparative, le coût de l’approvisionnement en hydrogène à partir de l’Algérie est compétitif, avec un coût estimé à 0,98 dollar par kilogramme pour l’Algérie, contre 3,25 dollars pour l’Arabie Saoudite, 1,71 dollar pour la Russie et 1,01 dollar pour l’Espagne.
En somme, l’Algérie cherche à développer la production et l’exportation d’hydrogène vert et à se transformer à court terme en un pôle énergétique important, en mettant en œuvre des projets garantissant la production et l’exportation, dans une première phase, de 30 à 40 térawattheures sous forme d’hydrogène vert gazeux et liquide, principalement destiné au marché européen, tout en envisageant la production de 10 térawattheures d’hydrogène bleu destiné au marché local.
A. R.