Après avoir enregistré deux prorogations de délais, l’appel d’offres à investisseurs lancé par le ministère de la Transition énergétique et des énergies renouvelables pour la réalisation du projet Solar 1 000 MW s’apprête à connaître son aboutissement. C’est ce qu’a confirmé, hier, le chef de cabinet du ministère de tutelle, Pr M’hamed Hamoudi, en déclarant qu’ « il sera procédé très bientôt à l’ouverture des plis », sans pour autant avancer une date.
Par Mohamed Naïli
Revenant sur les raisons de ce report, alors que la date de clôture des soumissions a été fixée initialement au 30 avril 2022, avant d’être prorogée au 15 juin dernier, le chef de cabinet du ministère de la Transition énergétique a précisé que « les opérateurs intéressés par le projet avaient demandé un report parce qu’ils voulaient effectuer des visites sur les sites ». « Compte tenu de l’importante concurrence entre les postulants, chacun souhaitant présenter le meilleur des dossiers, ils veulent intégrer les dernières technologies pour qu’ils puissent être le plus performant possible et présenter la meilleure offre, c’est-à-dire le kilowatt le moins cher, c’est pourquoi, donc, ils ont demandé un report et la SPA Chaems qui supervise le projet, a accordé ce délai pour leur permettre d’ajuster leurs dossiers », expliquait M. Hamoudi, hier sur les ondes de la chaîne 3 de la radio nationale dont il a été l’invité de la rédaction.
Pour ce qui est de la provenance des offres, sans divulguer l’identité des postulants ni leur nombre, il affirmera toutefois que « beaucoup de grandes sociétés venues de pays parmi les plus avancés dans le développement du renouvelable s’y intéressent, dont des Allemands, des Américains, des Français, des Italiens, des Chinois, des Turcs, mais aussi des sociétés algériennes, ce qui constitue d’ailleurs une nouveauté, parce que c’est la première fois que des entreprises algériennes veulent aller dans des projets aussi intéressants ».
Au vu de l’intérêt qu’a suscité ce projet, le responsable du ministère de la Transition énergétique se dit « confiant de cet appel d’offres dont nous allons bientôt ouvrir les plis et choisir les champions pour cette première phase ».
De son côté, le secrétaire général du ministère de la transition énergétique et des énergies renouvelables a fait savoir récemment que 86 entreprises internationales spécialisées dans les énergies renouvelables de 15 nationalités différentes issues de quatre continents ont retiré le cahier des charges pour Solar 1 000 MW. Ce nombre atteste sans aucun doute l’intérêt que suscite ce projet dans les milieux des énergies vertes à l’échelle mondiale.
Selon la présentation du Département de Benattou Ziane, le projet Solar 1 000 MW, dont l’appel d’offre a été lancé à la fin décembre 2021, consiste en la constitution de sociétés de projets (SPV) pour la réalisation de centrales solaires photovoltaïques d’une capacité totale de 1 000 MW réparties sur le territoire national en lots de 50 à 300 MW chacun.
Un hub mondial d’hydrogène vert
En attendant, l’ouverture des plis pour connaitre les offres techniques et financières de chacune des sociétés ayant soumissionné, le projet en question, revêtant une importance stratégique compte tenu de sa teneur, est estimé à un milliard de dollars. Selon les termes définis par la SPA Chaems qui chapeaute ce projet, « la commercialisation de l’électricité produite se fera à travers un contrat de Vente et d’achat d’électricité (Power Purchase Agreement PPA), conclu pour une durée d’exploitation de 25 ans pour chacune des centrales, entre la Société de Projet et l’acheteur désigné ».
Par ailleurs, revenant sur le secteur des énergies renouvelables dans son ensemble, Pr M’hamed Hamoudi estime que « nous avons des potentialités pour devenir un hub mondial de l’hydrogène vert, mais aussi de toutes les énergies renouvelables et tous les produits qui en découlent, entre autres, les sous-produits comme le kérosène vert, le méthanol vert ou l’ammoniac vert ».
Au sujet des coûts des investissements dans ce créneau, que d’aucuns appréhendent, le représentant du ministère de tutelle précise que « même si le coût d’investissement dans l’hydrogène vert est énorme, la demande mondiale demeure très présente. Ce qui accorde à l’Algérie une place importante en la matière », tandis que « l’hydrogène vert peut également permettre à l’Algérie d’économiser la taxe carbone », a-t-il encore défendu.
Dans sa stratégie de sortie de sa dépendance des énergies fossiles et assurer sa transition énergétique, faut-il rappeler, l’Algérie mise sur les différentes sources du renouvelable, que ce soit le solaire, l’éolien ou l’hydrogène vert. Les projections tracées dans ce domaine visent comme objectif à moyen et long termes non seulement de couvrir la consommation locale mais aussi d’exporter vers d’autres pays, notamment l’Europe.
M. N.