Si les capacités de production d’énergie solaire sont immenses, car l’Algérie est considérée en tant que pays africain et méditerranéen qui dispose du plus important potentiel d’EnR au monde, son projet phare de réalisation des 15 mille mégawatts n’a toujours pas vu le jour. Ce vaste projet de transition énergétique auquel aspire l’Algérie a besoin d’un véritable électrochoc pour sa revitalisation. On ne peut qu’admettre, par conséquent, que notre pays accuse un énorme retard dans l’exécution des programmes EnR.
Par Réda Hadi
Pour beaucoup d’observateurs, cet inéluctable choix vivote actuellement dans une léthargie créant une grande confusion parmi les institutions et les responsables en charge de cette mutation énergétique. L’une des principales raisons avancées pour expliquer le retard, est que «les annonces ne sont pas suivies de décisions sur le terrain», comme l’a affirmé chez nos confrères de la radio, le directeur général du Cluster énergie solaire, Boukhalfa Yaïci.
Pour M. Boukhalfa, ce retard inquiète les investisseurs, car «les objectifs fixés dans les plans d’action du gouvernement en 2020 et 2021, ne sont pas tenus, ce qui fait que nous arrivons à la fin de l’année sans visibilité en ce qui concerne le programme de réalisation des 15 mille mégawatts» a-t-il encore affirmé. Celui-ci laisse entendre que la multiplication des intervenants dans ce dossier complique la situation, car «il (le dossier)n’est pas uniquement du ressort du ministère de la Transition énergétique et des Energies renouvelables, il y a d’autres parties prenantes comme le ministère des Finances et le ministère de l’Energie»,
Ce retard est surprenant au regard de ce qu’ont entrepris nos voisins immédiats, et les résultats de l’indice de transition énergétique 2020 établis par le Forum économique mondial, classent l’Algérie à la 87e place sur un classement général de 115 pays, loin derrière le Maroc (51e), le Qatar (53e)
L’Algérie détient, pourtant, tous les atouts, dont les ressources humaines et les infrastructures pour réussir ce basculement vers l’exploitation et l’utilisation de cette énergie verte. Le terrain, en revanche, révèle une toute autre réalité.
Des atouts inutilisés
Un cadre au Centre de Développement des Energies Renouvelables, estime, pour sa part, que «le défi majeur que doit relever notre pays en toute urgence est son intégration dans le marché régional des EnR. Sinon, il sera, tout simplement, marginalisé dès 2030, année butoir du passage à l’énergie verte, zéro carbone», avertit-il.
«L’Algérie est considérée comme l’un des gisements solaires les plus élevés au monde et grâce à sa position géographique, notre pays dispose d’un potentiel qui dépasse les cinq milliards GW h /an. En effet, si on compare le potentiel solaire au gaz naturel en Algérie, il est équivalent à un volume de 37.000 milliards de mètres cubes, soit plus de huit fois les réserves du gaz naturel du pays». Celui-ci précise aussi, qu’il faudrait «une véritable feuille de route qui comporterait un cadre réglementaire précis, des incitations fiscales et juridiques et abandonner les appels d’offres qui risquent de retarder davantage ce processus et favoriser, en revanche, le recours au système EPC+ (Engineering, Procurement ou approvisionnement Construction et plus). Avec ce modèle, c’est la partie réalisatrice qui finance en même temps le projet. L’auteur du financement devient ainsi partenaire du projet en prenant en charge entièrement les éventuels risques inhérents à la construction, à la performance… Le gouvernement ne court de ce fait aucun risque, car il ne dépensera pas d’argent et ne remboursera le prêt qu’avec les revenus du projet lorsque celui-ci deviendra performant», nous a-t-il expliqué.
M. Boukhalfa quant à lui, reste inquiet et avertit: « Depuis deux ou trois ans, il y a une sorte de saut au niveau de la technique des panneaux solaires photovoltaïque qui va rendre obsolètes les investissements. Les investisseurs aujourd’hui ne sont pas en mesure de mettre à niveau leurs usines parce que, déjà, les premiers investissements n’ont pas encore été rentabilisés».
Toutefois, on ne peut qu’admettre que notre pays accuse un énorme retard dans l’exécution des programmes EnR. La levée de entraves, ne devrait être qu’une formalité, si l’on veut réussir cette ambitieuse transition.
R. H.