Le développement de l’agriculture passe inéluctablement par la modernisation des outils de production, et notamment par la formation d’une main-d’œuvre qualifiée. Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, qui a érigé le secteur agricole en priorité nationale, ne cesse, d’ailleurs, de souligner l’importance de la formation pour préparer la relève.
Par Akrem R.
L’objectif est clair : adapter l’offre de formation aux besoins d’une agriculture en pleine transformation, en dotant les jeunes de compétences techniques modernes. C’est dans ce cadre que le ministère de la Formation professionnelle œuvre, en engageant des réformes profondes dans la structure actuelle de la formation nationale.
En effet, un Centre national d’excellence dans le domaine de l’agriculture sera créé prochainement à El Oued, une wilaya modèle en matière de production agricole. Cette dernière s’est transformée en véritable pôle de production, notamment de la pomme de terre, avec un taux de couverture de 60 % des besoins nationaux.
L’annonce a été faite hier, depuis El Oued, par le ministre de la Formation et de l’Enseignement professionnels, M. Yacine Oualid.
En inspectant l’Institut National Spécialisé de Formation Professionnelle (INSFP), le ministre a annoncé le projet de sa transformation en Centre national d’excellence dans le domaine de l’agriculture, ainsi qu’un ensemble de mesures, notamment le lancement de huit nouvelles spécialités agricoles dès la prochaine rentrée professionnelle, en réponse aux besoins du marché et afin de renforcer les filières à forte valeur ajoutée.
Ce programme comprend également le doublement du nombre de stagiaires dans le domaine agricole, traduisant ainsi la volonté d’élargir la base de la formation dans ce secteur stratégique.
Une stratégie claire qui s’accorde parfaitement avec les orientations du président de la République, qui avait ordonné, lors d’une réunion du Conseil des ministres en mars 2025, l’intensification de la formation des jeunes dans les filières agricoles stratégiques.
Il avait également insisté sur le renforcement des cursus spécialisés dans l’élevage, l’arboriculture et l’horticulture à large usage, en intégrant les technologies modernes pour améliorer la productivité et la rentabilité du secteur, en ordonnant également l’organisation d’un salon national dédié aux petits éleveurs de bétail, en coordination avec le ministère de l’Agriculture En effet, la préparation de la relève, en multipliant le nombre de places et de formations, est plus que nécessaire afin d’atteindre les objectifs fixés par les hautes autorités du pays, à savoir le renforcement de la sécurité alimentaire et la conquête de parts de marché à l’international.
Préparer la relève
Si la production locale en produits agricoles a atteint des niveaux appréciables, couvrant près de 70 % des besoins nationaux, l’Algérie reste toutefois dépendante des marchés internationaux pour certains produits stratégiques, à l’instar du blé tendre, du sucre, des légumineuses, entre autres.
Pas moins de 10 milliards de dollars sont consacrés annuellement par l’État à l’approvisionnement de la population. Ceci montre qu’un travail considérable reste à faire en matière de développement et de modernisation de l’agriculture algérienne.
Cette dernière est encore largement dominée par de petites exploitations, représentant environ 70 % des exploitations agricoles, mais occupant seulement 25 % de la surface cultivée. Le passage d’une agriculture paysanne à une agriculture moderne et performante est donc conditionné par une formation adaptée aux nouvelles technologies et, surtout, aux ambitions de l’État.
Ainsi, le lancement de grands projets en partenariat avec les Qataris et les Italiens, pour la production respectivement de lait en poudre et de blé dur, nécessite également une diversification de l’offre de formation afin de répondre aux besoins spécifiques de ces deux projets.
Cela s’ajoute aux autres projets d’investissement en cours de réalisation dans le Sud, dans le cadre de la promotion de l’agriculture saharienne. En effet, les besoins en main-d’œuvre liés à ces projets se chiffrent en milliers de postes d’emploi. Le projet de Baladna requiert à lui seul plus de 5 000 emplois directs et 10 000 autres indirects. Quant au projet italien, il devrait contribuer à la création de 6 700 emplois, dont 1 600 permanents.
Ces chiffres illustrent l’importance de la formation pour répondre aux besoins d’un secteur stratégique pour l’État, qui a besoin de sang neuf afin de satisfaire les aspirations des Algériens en matière de sécurité alimentaire et d’amélioration des conditions de vie.
L’agriculture en pleine transformation
Le ministre de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, Youcef Cherfa qui s’est exprimé avant-hier à l’ouverture de la 23ème édition du Salon international de l’agriculture, de l’élevage et de l’agro-industrie (SIPSA FILAHA), a déclaré que le secteur de l’agriculture connaît un dynamisme sans précédent.
Il a expliqué que cette dynamique enclenchée ces quatre dernières années, est le résultat des réformes engagées par le président de la république pour booster l’investissement agricole et renforcer la souveraineté alimentaire de l’Algérie.
Au quatrième trimestre de 2024, la valeur ajoutée du secteur agricole a augmenté de 5,2%, témoignant d’un dynamisme accru par rapport à la hausse de 2,5% observée durant la même période en 2023.
La croissance annuelle du secteur, évaluée sur la base des quatre trimestres de 2024, atteint 5,1%, contre 2,9% en 2023, selon les chiffres de l’Office national des statistiques (ONS).
Par ailleurs, le ministre de la formation et de l’enseignement professionnels, Yacine Oualid a aussi dévoilé de nouveaux mécanismes d’accompagnement pour les porteurs de projets issus de la formation professionnelle, à travers un encadrement et un soutien adaptés pour transformer leurs compétences en projets concrets et réussis.
Dans le contexte de l’évolution technologique, il a souligné que le secteur de la Formation a engagé un processus de modernisation globale de l’équipement technico-pédagogique, avec l’acquisition de matériels modernes permettant aux apprenants de se familiariser avec les dernières innovations dans les métiers agricoles.
A.R.