Projet de création d’1 millions de micro-entreprises à 2024 : L’Ansej, un exemple à ne pas suivre

dispositif Ansej

Le gouvernement ambitionne la création de un million de micro-entreprises durant la période de 2000 à 2024, soit près de 250 000 entreprises par un. La concrétisation de ce programme ambitieux sur le terrain aura sans doute des retombées positives sur l’économie nationale, à travers la création de la valeur ajoutée et de l’emploi.

Akrem R.

C’est une bonne initiative et même salutaire, toutefois, l’expérience précédente, connu chez les algériens sous le nom «Ansej», interpelle plus que personne sur l’utilité de créer un tel nombre d’entreprises, sans mettre en place un écosystème favorable pour le développement de ces dernières.

Durant les 20 dernières années, pas moins de 380 000 micro-entreprises ont été créées dans le cadre du dispositif Ansej. Mais 70% d’entre elles sont en difficulté. Elles sont incapables de rembourser leurs dettes estimées à 170 milliards de DA, sans compter les autres avantages fiscales et parafiscales, qui se chiffre elles aussi à plusieurs milliards de DA.

Le remboursement des crédits bancaires est devenu, pour un bon nombre de jeunes entrepreneurs, quasiment impossibles. L’unique et seule solution qui leur reste c’est de mettre la clef sous le paillasson.

Ce programme qui devrait être un levier de croissance au pays est devenu, aux fils des années, un lourd fardeau à supporter par le Trésor public, qui se trouve dans une situation d’asphyxie financière.

Et en dépit, de tous cela, les pouvoirs publics tentent de trouver une solution à ce lourd héritage, en mettant en place un programme d’assainissement afin de donner un second souffle à ces entreprises.  

Une chose qui sera néanmoins ardue notamment durant cette période de transition politique, ou la question économique est réduite en seconde position.

Dans ce cadre, le président de la fédération nationale des entrepreneurs jeunes, Akrem Ziadi a affirmé qu’en dépit d’intérêt qu’accorde l’Etat à la micro-entreprise, en l’a considérant comme étant la colonne vertébrale de l’économie nationale, mais l’absence et le manque d’un réel accompagnement sur le terrain pour ces entreprises mène vers «l’échec».

La plupart des micro-entreprises créées dans le cadre des dispositifs Ansej, Cnac et Angem font face à la problématique de manque de plan de charge. La disposition de la réservation de 20% des marchés publics à cette catégorie d’entreprises n’est pas souvent applicable.

À cet effet, des experts estiment plus que nécessaire d’amender le code actuel, régissant les marchés publics, dans le but de donner plus de chances aux chefs de la mico-entreprise dans les appels d’offres pour la réalisation de grands projets.

Libérer l’investissement

 L’expert en investissement, Mohamed Sayoud a réitéré son appel pour la libération et l’encouragement de l’investissement, tout en procédant à la réglementation du loyer.

«Il faut aussi mettre fin à la spéculation des propriétaires des locaux d’imposer le paiement des loyers un ou 2 ans à l’avance, qui est une entrave et un frein à l’entrepreneuriat car partout dans le monde, le loyer est payé mensuellement», a-t-il souligné.

Par ailleurs, le Pr Nadji Khaoua, enseignant universitaire a affirmé que dans les conditions actuelle, ou la disposition individuelle et collective à entreprendre est pratiquement inexistante, l’objectif annoncé, à savoir la création d’un million de micro-entreprises ne peut réellement être atteint et n’a pas une grande importance en lui-même.

Pour lui, il ne s’agit pas d’aider à créer tel ou tel nombre de microentreprises, mais d’enraciner et de diffuser le «compte-sur-soi» pour créer de l’activité pour soi en vue de créer de la valeur ajoutée.

«Cette nouvelle manière de mobiliser la population et les jeunes à la recherche d’emploi, en particulier, exige du temps pour voir ses premiers résultats.  En parallèle, pour convaincre la société que ce chemin ardu, compter sur soi pour entreprendre et créer de la valeur ajoutée, exige la poursuite inlassable et sans faiblesse de la lutte contre la corruption et les divers clans prédateurs du pouvoir de 1999 à 2019», a-t-il souligné.

Notre interlocuteur  a, ainsi, mis l’accent sur la nécessité d’un renouvellement complet et total des divers niveaux centraux et intermédiaires des directions de l’économie et des administrations centrales.

Car l’encadrement administratif, économique, et politique de l’ancien régime, dira-t-il, ne pourra pas accompagner et faciliter la construction d’une économie moderne.

Il est à noter que l’ANADE a enregistré l’inscription de plus de 32.000 demandes de création de micro-entreprises entre le 1er janvier dernier et le 7 avril en cours, un chiffre en nette augmentation par rapport aux quatre années passées où le nombre de demandes n’a pas dépassé les 26.000 en raison de problèmes liés à la communication.

Le ministre délégué auprès du Premier ministre chargé des micro-entreprises Nassim Diafat a annoncé récemment la création d’une instance consultative regroupant tous les représentants des opérateurs économiques, que lui-même présidera, dans sa mission principale est de surmonter les difficultés et à accompagner les opérateurs économiques.

A. R.

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