La percée de l’Algérie vers l’Afrique se précise. Alors que le projet de la route transsaharienne Alger-Lagos sera bientôt finalisé, un autre projet d’envergure international, à savoir l’extension de notre réseau ferroviaire vers l’extrême sud (Tamanarasset), sera également lancé incessamment avec le partenaire qatari.
Par Akrem R.
Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune a ordonné avant-hier lors d’une réunion du Conseil des ministres, Aissa Bekkaï ministre des Transports, de lancer dans l’immédiat des études techniques afin d’étendre et d’élargir le réseau ferroviaire du Nord vers le grand Sud, entre Alger-Tamanrasset- Adrar.
C’est un projet stratégique permettant à l’Algérie d’insuffler une nouvelle dynamique économique et commerciale dans la région, dira d’emblée le ministre Bekkai, lors de son passage, hier, au forum de la radio nationale. Il a relevé que son département a déjà une stratégie pour la création d’une industrie ferroviaire.
En clair, la réalisation de ces nouvelles lignes nécessitera la mise en place d’une industrie locale afin d’optimiser les coûts de réalisation et, également, de participer à la création d’un tissu de sous-traitance autour de cette industrie. «Nous veillons à ce que nous préservions d’abord le réseau existant, à travers des travaux de maintenance périodique et la réalisation des projets inscrits et, enfin, l’élaboration des études nécessaires pour le projet annoncé par le président de la République», a souligné Aissa Bekkaï, en faisant savoir que l’Algérie dispose d’un réseau de 2300 km en exploitation et de 4000km autres, en cours de réalisation, dont les taux d’avancement avoisinent les 90%.
Vers la création de sociétés mixtes algéro-qataries
La réalisation de ce projet sera confiée à la SNTF et l’Agence nationale d’études et de suivi de la réalisation des investissements ferroviaires (Anesrif) pour la partie algérienne. Ces deux sociétés ayant les compétences et le savoir faire seront également appui par des sociétés qatari. « Des sociétés mixtes seront créées prochainement notamment par la réalisation des études, des travaux et l’exploitation», affirme-t-il.
Selon une vidéo postée sur le site officiel de l’Anesrif, quatre nouvelles lignes ferroviaires sont au programme. Il s’agit de la ligne Port El Hamdania- Tamanrasset sur une longueur de 1900 km et une vitesse de 220 km/h, en passant par Tipasa, Blida, Bouira, Djelfa, Lagouat, Ghardaia, Minaa, Ain Saleh et Tamanrasset.
La deuxième ligne de 572 km, reliera le port de Djen Djen (Jijel ) à Hassi Messouad , en passant par les wilayas de Jijel, Constantine, Batna, Biskra, El Meghaier, Touggourt et Hassi Messaoud. Quant à la troisième ligne, elle liera le port d’Oran à Tindouf sur une longueur de 1650 km en passant par Sidi Bel Abbes, Naama, Bechar, Tindouf pour arriver, enfin, à Ghar Djebilet, où se trouve le gisement de fer. Un groupement algéro-chinois a été déjà créé pour entamer, dès 2024, l’exploitation de ce gisement.
Enfin, la quatrième ligne reliera le port d’Annaba avec l’extrême Sud, Touggourt et Hassi Messaouad, en passant Par les wilayas d’El Taref, Guelma, Souk Ahras, Tebessa, Oued Souf et Hassi Messouad. Une fois ce projet réalisé, le vertical Nord-Sud sera renforcé. « Nous sommes déterminés à ce que ce projet réussisse vu son importance économique et sociale», souligne le ministre des Transports.
Le transport ferroviaire est un alternatif efficace à la maitrise des coûts de transport de marchandises, notamment, réduire les embouteillages, le désenclavement des régions et l’instauration d’un développement régional équilibré. Ainsi, à travers ce genre de projets, l’Algérie améliorera son interactivité pour l’investissement, notamment les IDE et, surtout, une compétitive du produit «made in Algeria» sur le marché africain.
Dans ce cadre, l’expert en économie, Abderahmane Hadef, a recommandé de travailler avec les régions connues pour être des prolongements naturels de l’Algérie que sont l’Afrique et le Moyen-Orient, une option à mettre en valeur à travers une profonde exploration des possibilités d’échanges économiques qui seraient basés sur une complémentarité et des coopérations mutuellement bénéfiques. « Il faut, dorénavant, se projeter sur des partenariats avec les pays africains permettant la transformation des matières premières du continent dans un effort de développement complémentaire et inclusif d’industrialisation. A ce sujet, l’Algérie doit tout mettre en œuvre pour valoriser ses atouts en infrastructures de base pour, par la suite, devenir une vraie plaque tournante intra-africaine et de l’Afrique vers le reste du monde. Les opportunités existent dans tous les secteurs. Il est temps de savoir les exploiter et de donner l’occasion aux professionnels, et plus particulièrement, les acteurs du secteur privé de prendre le leadership et d’aller relever ce grand défi», indique-t-il dans l’une de ses contributions.
Aissa Bekkaï : « Une nouvelle approche pour la gestion des ports »
Le ministre des Transport, Aissa Bekkaï a qualifié la gestion de nos 10 ports d’ «inquiétante», relevant que son département tente d’y remédier et de changer les choses à travers une nouvelle approche méthodologique. Il a fait savoir que l’activité portuaire est basée dans trois 3 ports, alors dans les 7 autres, l’activité commerciale est pratiquement «inexistante». « Nous avons demandé aux gestionnaires de ces ports de changer leur méthode de travail et leur manière de fonctionner. Il y a un sérieux problème de gestion. Ces ports fonctionnent comme étant des administrations, travaillant… de 8h à 16h30 !», a-t-il déploré.
Des instructions ont été données par le Premier ministre pour que les ports travaillent en mode H24 et 7jours/7. « Nous, au ministère des Transports, nous veillons à l’application de cette instruction», a-t-il souligné.
A. R.
Ahmed Souahlia, expert en économie : « Ce projet ferroviaire Nord-Sud améliorera l’attractivité de l’Algérie»
L’expert en économie, Ahmed Souahlia, a indiqué que l’Algérie à besoin d’investissements étrangers, notamment du Qatar et du Koweït, pour le développement de nos infrastructures de base (ports, chemin de fer, routes et aéroports), nécessaire pour la relance de notre économie. C’est à travers, dira-t-il, ces projets d’infrastructures de base qu’on va désenclaver les régions isolées et assuré la liaison des différents régions du pays avec de nouveaux moyens de transport.
Ceci permettra, ajoute-t-il également, d’améliorer l’attractivité de l’Algérie, en captant de nouveaux investisseurs pour la création de valeur ajoutée à l’économie nationale. « Nous sommes la porte de l’Afrique. La volonté politique affichée par le gouvernement pour la diversification de l’économie et le développement des activités des services, le transport notamment, donnera certainement un nouveau souffle et une dynamique à l’activité économique dans le pays et également en matière d’échanges commerciaux», souligne-t-il.
Et d’ajouter : «Le développement du segment du transport (terrestre, maritime et ferroviaire) est vital pour l’économie algérienne et, également, pour les pays africains. D’ailleurs, l’ambition de l’Algérie sur le plan international est de créer des alliances entre pays africains pour l’exploitation optimale de ressources naturelles africaines et d’en finir avec la dominance des Occidentaux et autres puissances étrangères». Notre interlocuteur a plaidé, enfin, pour l’exploitation optimale des infrastructures afin de les rentabiliser.
Propos recueillis par A. R.
Oran, Arzew, Mostaganem trois ports de l’ouest ne sont apparemment pas concernés par les projets ferroviaires aboutissant au bassin de Hassi-Messaoud, le grand sud et l’Afrique sahélienne.
la jonction à partir de la rocade nord (Relizane) au reste de la ligne nord-sud au niveau de Laghouat constituera la liaison la plus économique.
On parle de la ligne Nord Sud à partir du Nouveau Port du Centre de Hamdania, sauf que le plus difficile est la liaison Chiffa-Boughezoul qui est loin d’aboutir quand on connait la difficulté du tracé.