Lors de son passage à l’émission « Invité du jour » sur la Chaîne 3 jeudi dernier, Merouane Chabane, directeur général de l’agence nationale pour la promotion et la rationalisation de l’utilisation de l’énergie (APRUE), a présenté le programme national de maîtrise de l’énergie (PNME).
Par houria Mosbah
«L’homme intelligent résout les problèmes que l’homme sage a su éviter», a-t-il cité pour expliquer la démarche derrière le programme.
Cette initiative repose sur deux axes principaux : l’efficacité énergétique, avec une dimension technologique avancée, et la sensibilisation aux comportements favorisant l’économie d’énergie.
Le PNME inclut des projets incitatifs pour intégrer des équipements performants dans des secteurs clés comme le bâtiment, l’industrie et les transports.
En parallèle, il mise sur des actions de sensibilisation visant les ménages, les autorités locales et les industriels, afin de promouvoir une transition énergétique durable.
M. Chabane a également rappelé les engagements climatiques de l’Algérie, inscrits dans la convention des nations unies pour les changements climatiques, le protocole de Kyoto et l’accord de Paris.
L’objectif est de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 7 % d’ici 2030. En 2020, les émissions algériennes dépassent 200 millions de tonnes équivalent CO2 de gaz a effet de serre.
«Nous consommons plus d’énergie pour générer moins de richesse », a-t-il observé, pointant une intensité énergétique deux fois supérieure à celle des standards internationaux.
Réduire l’impact des secteurs énergivores : focus sur le bâtiment et les collectivités locales
Le bâtiment, représentant 47 % de la consommation énergétique nationale, est au cœur des efforts. L’APRUE encourage des mesures d’efficacité énergétique dès la conception des nouveaux bâtiments : isolation thermique, double vitrage, architecture bioclimatique et adoption de normes réglementaires plus strictes.
« L’objectif est d’enrayer cette hémorragie, avec une croissance annuelle de la consommation dans le bâtiment estimée à 8 % », a souligné M. Chabane.
Afin d’élargir l’impact des efforts, l’APRUE encourage également l’installation d’équipements performants dans les ménages pour réduire leur empreinte énergétique.
Des aides couvrant jusqu’à 50 % du coût des équipements permettent ainsi de combler l’écart entre les appareils économes, mais onéreux, et les modèles moins chers et énergivores.
Pour le bâti ancien, la tâche est plus complexe. Réhabiliter thermiquement toitures et façades nécessite des matériaux isolants abordables, des installateurs qualifiés, et des solutions innovantes.
L’APRU travaille à créer un écosystème adapté à cette transformation, visant à rénover 100 000 à 200 000 logements par an.
Les collectivités locales sont également impliquées via des projets comme « Commune verte », qui aide à optimiser la consommation énergétique des infrastructures locales, notamment l’éclairage public.
«Nous cherchons à intégrer des études préalables pour évaluer l’efficacité des mesures, comme l’installation de panneaux solaires ou l’isolation des écoles», a détaillé le directeur.
Transport durable : défis et solutions
Dans le secteur des transports, l’APRUE œuvre sur trois axes principaux : l’amélioration de l’efficacité énergétique du parc existant, notamment via le développement du GPL, la promotion de la multimodalité pour encourager l’usage de transports collectifs, et le soutien aux formes de mobilité douce, comme les vélos électriques.
«Avec la même énergie, un train peut transporter 100 personnes, contre une seule pour un véhicule individuel», a rappelé M. Chabane, en insistant sur la nécessité de développer des infrastructures adaptées.
L’État a déjà investi massivement dans des modes de transport guidés tels que tramways, téléphériques et trains, et prévoit de renforcer ces efforts.
Avec ce programme ambitieux, l’APRUE vise à aligner l’Algérie sur des standards énergétiques durables, tout en répondant aux défis économiques et climatiques.
« La transition énergétique est un processus global, qui nécessite la participation active de tous les acteurs, du simple consommateur aux décideurs institutionnels », a conclu M. Chabane.
H. M.
