Les produits ultra-transformés représentent un danger pour la santé et compromettent l’équilibre nutritionnel. Souvent associés à diverses maladies, ils sont loin de l’innocence et de la candeur qu’ils prétendent incarner.
L. HAMIDI
Docteur en droit
Dans leur naïveté, de nombreux adeptes s’abandonnent à leur esthétique alléchante, derrière laquelle se cache pourtant une réalité inquiétante : de véritables bombes caloriques prêtes à exploser à tout moment. Bien souvent, ils résultent d’un mélange d’ingrédients perturbant notre harmonie. Soupes instantanées, pizzas surgelées, biscuits fourrés ou salades composées : tous sont gorgés de substances artificielles vouées à rehausser la saveur ou à maintenir une certaine fraicheur. La longue liste d’additifs (colorants, conservateurs, exhausteurs de goût, édulcorants) forme une panoplie d’éléments nocifs pour l’organisme humain.
Contrairement aux aliments peu ou non transformés (légumes, fruits, œufs), ceux ultra-transformés subissent de multiples étapes de traitement (chauffage à haute température, fractionnement, hydrogénation, extrusion, cracking) et des modifications chimiques permettant d’obtenir un produit fini à la fois attractif visuellement, agréable à l’odorat et délicieux en bouche.
Ils sont conçus à partir de matières visant à améliorer le goût, la texture et à prolonger la conservation. Chacun de ces agents est identifié par un code à trois chiffres, précédé de la lettre E : E 100 pour les colorants, E 200 pour les conservateurs, E 300 pour les antioxydants, E 900 pour les édulcorants, etc.
Dans cette catégorie, on retrouve ceux riches en sel, chargés de sucre ou saturés de graisse. Fréquemment, les trois cohabitent dans un même produit.
La pizza surgelée en est un exemple frappant : elle associe des fromages gras, du sucre ajouté dans la pâte ou la sauce tomate, et du sel pour relever le goût.
On peut aussi citer les barres chocolatées, les viennoiseries, les sodas, les gâteaux et bonbons, les boissons sucrées ou énergisantes, les soupes instantanées et, plus généralement, toute préparation combinant ces composants en excès, comme certaines charcuteries ou aliments frits.
L’industrie agroalimentaire ne semble pas s’émouvoir outre mesure des conséquences de cette alimentation industrielle, hypercalorique et privée de fibres, de vitamines et de minéraux. Surnommés calories vides, ces aliments sont pauvres en oligoéléments.
Une consommation régulière expose à des maladies invalidantes telles que le diabète, l’hypertension et, parfois, le cancer.
Cette abondance nourricière, fruit d’une facilité nutritionnelle mise en avant de façon ostentatoire dans les rayons des supermarchés, envahit le panier de la ménagère. Elle délaisse le naturel au profit du transformé, souvent pour des raisons économiques ou par manque de temps.
Le poids des géants de l’agroalimentaire, soutenu par des moyens financiers colossaux, leur permet d’investir massivement dans le marketing et les stratégies commerciales, s’adressant particulièrement aux personnes les plus vulnérables ou les moins enclines à s’interroger sur la qualité des préparations à déguster.
La première cible demeure les enfants : séduits par des emballages colorés et des campagnes publicitaires ludiques et divertissantes, ils parviennent aisément à manipuler les parents qui finissent par capituler devant leurs exigences.
L’attrait par la publicité est un procédé de plus en plus utilisé pour attirer une clientèle en quête de sensations, d’émotions et de nouveautés promotionnelles.
Plusieurs facteurs savamment exploités par l’agro-industrie expliquent l’engouement pour la matière transformée. Tout est fait pour captiver les clients et les entraîner dans le piège d’une consommation irréfléchie, instinctive, voire inconsciente : prix et disponibilité, confort et convenance, marketing et publicité, addiction.
1- Le prix et la disponibilité constituent des facteurs essentiels dans l’acte d’achat. Pour les ménages à budget restreint, des prix compétitifs et abordables stimulent l’adhésion.
Ces derniers sont d’ailleurs attentifs aux promotions récurrentes mises en place par les promoteurs, incitant à acheter davantage et en plus grande quantité.
La disponibilité mérite tout autant d’être soulignée : sa visibilité dans les supermarchés, superettes et distributeurs automatiques agit comme un puissant levier. C’est la séduction par la présence.
2- La convenance et le confort figurent parmi les autres facteurs d’attraction, car ils s’adaptent au rythme élevé des individus, souvent soumis aux pressions et aux impératifs du quotidien.
Se tourner vers des plats prêts à consommer facilite grandement la vie de ceux qui n’ont pas la possibilité de préparer eux-mêmes leurs recettes favorites, souvenirs de leur enfance et d’un passé lointain.
On y retrouve tous les outils de l’aisance et de la commodité : grâce à des emballages pratiques et des procédés qui prolongent la durée de vie, les aliments se conservent mieux et plus longtemps.
C’est là un argument de poids vis-à–vis des contraintes de la modernité et des cadences de vie qui en découlent. Des formats standardisés permettent de choisir des plats micro-ondables, présentés dans un conditionnement à la fois esthétique et fonctionnel pour se nourrir sereinement, que ce soit en déplacement professionnel ou personnel.
3- Le marketing et la publicité participent pleinement à l’animation commerciale. Les campagnes publicitaires, alléchantes et percutantes, influencent nos choix et orientent nos priorités. Elles jouent souvent sur des ressorts émotionnels, vantant les mérites d’un produit et envoyant des signaux forts à l’attention d’un consommateur ébloui par un message enchanteur, source de bien-être, d’épanouissement et de tranquillité.
Cette séduction touche parfois des familles confiantes : le packaging aux couleurs vives suggère des promesses vertueuses, l’exotisme et de prétendues qualités nutritionnelles.
Ces messages, censés informer, entretiennent au contraire l’incertitude et la confusion. Ils saturent nos pensées et éveillent des désirs déconnectés du naturel.
4- Des aliments addictifs sont de plus en plus consommés, provoquant de fortes envies et une perte de contrôle qui peuvent rendre certaines personnes boulimiques et incapables de résister à l’intense désir de manger.
Cette attirance pour la nourriture transformée évoque la dépendance au tabac ou à l’alcool, tant elle s’accompagne d’une accoutumance physique et psychologique.
Le consommateur devient dépendant de saveurs soigneusement mises au point dans des laboratoires spécialement dédiés à l’étude du goût et de l’addiction, prévues pour susciter une envie forte de savourer.
Ces aliments stimulent la production d’hormones du plaisir, déclenchant une sensation de faim qui conduit à manger davantage.
Les barons de l’alimentaire ont su répondre à des clients exigeants en proposant une offre variée, adaptée à leurs attentes. Les nouvelles techniques de marketing et les approches douces fondées sur la persuasion ont réussi à séduire des acheteurs d’abord méfiants, mais qui ont finalement adopté le discours et la rhétorique des vendeurs : coût attractif, praticité, accessibilité et longue durée de conservation semblent être les maîtres mots d’une duperie subtile, enveloppée dans le gant du charme et de l’enchantement.
Au final, n’est-il pas préférable d’opter pour des denrées naturelles ? La nourriture moderne, synonyme de simplicité et de liberté, peut avoir des effets pernicieux sur notre vigueur. Souvent trop calorique, pauvre en fibres et en vitamines, le transformé regorge d’ingrédients manufacturés : excès de sucre, graisses saturées et additifs de synthèse en font des aliments séduisants, mais dangereux.
Leur consommation excessive favorise l’apparition d’affections chroniques telles que les maladies cardiovasculaires et cérébro-vasculaires.
Ne serait-il pas plus judicieux de privilégier une diététique équilibrée, respectueuse de l’environnement, démunie de conservateurs et de colorants artificiels ? Le moment n’est-il pas venu de repenser nos habitudes alimentaires et de prévenir les risques sanitaires par une éducation nutritionnelle renforcée ? Existe-il des alternatives plus proches de notre sérénité mentale et de nos traditions culinaires, capables de nous offrir des repas digestes, éloignés de l’ultra-transformé et des manipulations génétiques préoccupantes ? Notre vitalité dépend d’une alimentation variée, expurgée des trois poisons blancs que sont le sel, le sucre et le gras.
A titre d’illustration, privilégier le riz complet au riz blanc ainsi que le pain complet au pain blanc dépourvu de nutriments essentiels, constitue un véritable passeport pour la santé.
L. H.