Les perturbations et les flambées qu’observe le marché national des produits de large consommation ces derniers mois, le fonctionnement des différents secteurs d’activité et l’avancement des projets lancés dans divers domaines, l’action et l’avenir du gouvernement ou encore la hausse des salaires de la fonction publique et des pensions, celle déjà mise en œuvre et celle à venir. Autant de questions que le chef de l’Etat a évoquées lors de sa rencontre avec des représentants des médias, samedi soir.
Par Mohamed Naïli
D’emblée, il est revenu dans le détail sur les jeux et enjeux des pénuries et la spéculation touchant plusieurs produits sur le marché. A cet égard, Abdelmadjid Tebboune rejette toute idée de difficultés financières au niveau de l’Etat pour approvisionner le marché, « notre problème est au niveau de la production locale qui n’est pas suffisante et le déficit est compensé par le recours à l’importation et, pour cela, même si les financements sont disponibles, certains produits sont introuvables sur le marché mondial », dira le chef de l’Etat.
Cependant, M. Tebboune a rappelé que c’est pour une meilleure maîtrise des importations et une régulation efficace du marché, justement, que « j’ai décidé de revenir au monopole de l’Etat sur les importations pour que les institutions étatiques puissent prendre en charge les hausses des prix et offrir aux ménages des produits accessibles et améliorer le pouvoir d’achat ». Allusion faite à la dernière décision de confier à l’OAIC l’exclusivité de l’importation des céréales, avant de déclarer que « l’Algérie dispose de réserves de blé pour une période de 8 mois ».
Si, au niveau de la production locale, le challenge du chef de l’Etat demeure l’amélioration des rendements, en affirmant que « j’ai demandé à ce que les rendements à l’hectare soient améliorés pour atteindre au moins 40 quintaux, malheureusement, l’objectif n’est pas encore atteint », il n’en demeure pas moins que la lutte contre le fléau de la fraude et le détournement des produits subventionnés constituent un défi majeur. A cet égard, il a cité l’exemple de pas moins de 160 minoteries qui bénéficient du blé subventionné mais au lieu de le transformer, elles le détournent et le revendent aux éleveurs illégalement. Un autre exemple de ces pratiques, on ne peut plus malsaines : « Une wilaya approvisionnée pour l’équivalent de 40 quintaux pour chaque citoyen par mois, alors que la consommation réelle ne peut pas dépasser 40 kg au meilleur des cas », regrette le chef de l’Etat, tout en pointant du doigt aussi les barons de la contrebande aux frontières qui, estime-t-il, « absorbe plus d’un tiers de nos importations ».
Enfin, pour faire la lumière sur les perturbations qui se sont emparé du marché, le chef de l’Etat a fait savoir que « l’Inspection générale de la Présidence de la République mène des enquêtes pour connaitre les vraies raisons de toutes ces pénuries qui ne devraient pas avoir lieu ».
Remaniement du gouvernement
Revenant sur l’efficacité de l’action de l’Exécutif, le chef de l’Etat a fait savoir qu’un « remaniement du gouvernement interviendra prochainement », tout en précisant que « chaque membre sera jugé en fonction des actions menées dans son secteur, la norme étant le taux d’application des décisions prises en Conseil des ministres ». S’il affiche une certaine satisfaction quant à certains ministres, comme celui du « Travail et de la sécurité sociale » qu’il cite en exemple, Abdelmadjid Tebboune reconnait tout de même « le manque d’expérience de certains membres du gouvernement ». « Dès le début, j’ai voulu des figures nouvelles qui ne sont pas mêlées à la Issaba, c’est pourquoi, certains membres du gouvernement sans expérience ont trouvé quelques difficultés dans la gestion de certains dossiers », avoue-t-il.
Relancé sur la question du pouvoir d’achat qui constitue une préoccupation majeure des ménages à faibles et moyens revenus dans la conjoncture actuelle, le Président de la République a annoncé de nouvelles augmentations de salaires, des pensions de retraite et de l’allocation chômage récemment instruite d’ici le début de l’année prochaine. « En décembre prochain, la situation des finances de l’Etat sera examinée et à partir de là, il sera procédé à de nouvelles augmentations qui entreront en vigueur immédiatement dès janvier 2023 », a-t-il précisé, en misant sur le maintien du niveau des cours des hydrocarbures sur le marché mondial qui se sont redressés depuis quelques mois.
M. N.