Le gouvernement vient de d’établir une liste de 10 produits interdits à l’exportation, selon des sources médiatiques. Cette décision intervient dans la cadre de la préservation de notre production nationale, et pour freiner la contrebande aux frontières. La liste en question comprend, ainsi, les œufs frais, les pommes de terre, l’ail, les légumes secs (haricots, lentilles, pois chiche), semoule de froment (blé) et de l’orge, farine de froment (blé), sucre, huile de soja, pâtes alimentaires et, enfin, double et triple concentrés de tomate.
Par Réda Hadi
Cette mesure fait suite aux exigences du président de la République qui a ordonné lors du Conseil des ministres du 13 mars 2022, d’interdire l’exportation des produits de large consommation importés par l’Algérie.
Le directeur général de la régulation et de l’organisation des activités commerciales au ministère du Commerce, Sami Koli, a précisé que la décision d’interdire l’exportation de certains produits alimentaires qui dépendent de matières premières importées n’est pas injuste pour les opérateurs économiques, mais vise plutôt à préserver l’intérêt général du pays.
Pour ce responsable, cité par APS, «l’exécution de cette mesure constitue une contribution par les opérateurs à la lumière de la conjoncture mondiale difficile marquée par l’annonce par plusieurs pays de décisions d’interdire l’exportation des matières premières brutes ou les produits exportés vers d’autres pays. De même qu’elle s’inscrit dans le cadre des efforts déployés par les pouvoirs publics pour fournir les produits de large consommation».
Pour des économistes, cette mesure est à même de diminuer, considérablement, la contrebande aux frontières et répond à une logique économique au moment où notre pays fait face à une crise financière et budgétaire marquée par une baisse des revenus et des réserves de change.
Les opérateurs quant à eux, marquent leur désapprobation à l ‘instar de Ali Hamani, président de l’Association des producteurs algériens de boissons (APAB), qui a affirmé à des confrères de la presse nationale que «des produits sont en souffrance au niveau des ports et des frontières, tels que les jus et les boissons gazeuses».
Il donne l’exemple de grandes quantités de boissons de marque « Ifri », toujours bloquées. «Même le navire qui devait acheminer la cargaison vers l’île Maurice est reparti vide», a-t-il affirmé.
Ali Hamani explique qu’ «une instruction a été donnée par le ministère du Commerce mi-février pour arrêter l’exportation de produits alimentaires. Le ministère a envoyé une note dans ce sens à la Direction générale des Douanes pour bloquer toute marchandise de cette catégorie à l’export. Nous avons reçu un écrit nous informant de la mise en œuvre de cette mesure»
Selon Billel Aouali, économiste, cette mesure est bénéfique à plus d‘un titre : « Il n‘est pas économiquement parlant, juste de dire que cette mesure est injuste. En effet, pourquoi exporter des produits de large consommation et de surcroît subventionnés, alors que notre pays en est en manque et subit des pénuries?»
Et de rajouter : «Même si le produit à exporter est à forte valeur ajoutée, puisque vendu en devises, il n‘en reste pas moins que c‘est une production locale et même si les intrants sont importés, cette interdiction permettra de stabiliser les prix, de réguler, d‘une certaine manière, le marché en répondant à la demande nationale, et évitera, c‘est certain, la contrebande aux frontières. Les produits concernés, sont ceux de large consommation, et doivent répondre, en premier lieu, à la demande domestique»
R. H.