Après quelques semaines d’une accalmie relative, une nouvelle spirale de flambées s’empare à nouveau des prix des produits frais sur les marchés de fruits et légumes. Pourtant, aucun signe de pénurie ou de baisse de l’offre, pour une raison quelconque, ne peut justifier ces nouvelles hausses, si ce n’est l’approche de la fête de l’Aïd El Adha dont la célébration aura lieu dans moins de deux semaines.
Par Mohamed Naïli
Les échos provenant de marchés de certaines wilayas du pays confirment cette nouvelle tendance haussière de plusieurs produits frais. C’est le cas de la capitale où des légumes dont le consommateur ne peut se passer dans cette période estivale ne sont pas épargnés. La salade verte est ainsi cédée à 180 DA/kg, alors qu’il y a quelques jours seulement elle coûtait moins de 100 DA. Un citoyen postant sur sa page Facebook une photo d’un étalage de fruits et légumes au marché Laaqiba, dans la circonscription de Belouizdad à Alger, montre des prix inabordables pour les ménages à faible ou moyen revenus, comme la tomate à 130 DA/kg, le haricot vert à 250 DA/kg, le poivron à 150 DA/kg ou la courgette à 120 DA/kg.
Dans la wilaya de Tizi Ouzou, la même tendance est observée à quelques dinars prix, hormis les régions rurales proche des zones de cultures maraichères où les prix enregistrent des hausses moins importantes, comme Tadmaït et Draa Ben Khedda, approvisionnées par les maraichers de Boumerdès, ou la région de Fréha, à l’est de la wilaya, qui est le principal bassin de produits frais de Tizi Ouzou.
Les fruits de saison eux aussi ne sont pas à l’abri de cette nouvelle vague de hausse de prix, comme les pêches, les abricots, les prunes dont les prix moyens enregistrés à travers plusieurs grandes villes évoluent dans la fourchette des 180 – 300 DA/kg, même la pastèque dont le prix se maintient au-dessus des 70 DA/kg alors qu’habituellement en pareille période de l’année, son prix n’excède pas les 40 ou 50 DA, compte tenu de l’abondance de la production et la nécessité de l’écouler pour le producteurs, étant un produit qui ne peut pas être stocké.
Pour se dédouaner de toute responsabilité quant à cette instabilité, les commerçants intervenant sur les marchés de détail attestent qu’eux aussi subissent au niveau des marchés de gros les effets de ces hausses qu’ils ne font que répercuter.
Au niveau des marchés de gros, ces hausses se confirment ainsi, comme le montre la page Facebook « Allô Felah » qui suit l’actualité des marchés et qui, dans la journée d’hier, ses auteurs font une revue des prix des principaux marchés de gros de Sétif, Boufarik, Biskra, Constantine et autres où les prix ne diffèrent de ceux affichés au marché de détail que de 20 à 30 DA en moins, soit la marge bénéficiaire des détaillants.
Des mécanismes à mettre en place
Outre les fruits et légumes, ce sont les viandes blanches qui connaissent à nouveau un renchérissement après une baisse soudaine qui a plongé la filière avicole dans le désarroi ces dernières semaines. Ainsi, hier le prix du poulet se rapprochait des 400 DA/kg (380 DA/kg dans les grandes agglomérations urbaines de Tizi Ouzou), alors qu’au début de ce mois de juin, il est passé sous le seuil des 200 DA/kg.
Interrogé sur ces nouvelles tendances du marché des produits frais, le président de l’APOCE (Organisation de protection et d’orientation du consommateur et son environnement), M. Mustapha Zebdi, les qualifient de « hausses dues à l’instabilité qui caractérise le marché depuis des années », et ce, « en l’absence de mécanismes de régulation et de contrôle pour lutter contre la spéculation d’une manière efficace ».
« Ce n’est pas normal que ces hausses touchent des produits de saison, pourtant disponibles en abondance, comme la tomate, le poivron, la courgette ou la salade », estime-t-il, tout en précisant que « Nous (APOCE, ndlr), en tant que force de proposition, nous surveillons le marché et nous formulons des propositions sur la base de ce que nous constatons sur le terrain, sinon, nous ne pouvons pas intervenir pour freiner ou lutter contre des hausses conjoncturelles comme celles que nous observons depuis quelques jours ».
A cet égard, il rappellera que « notre démarche vise à asseoir des mécanismes pour stabiliser le marché d’une manière pérenne. C’est d’ailleurs dans ce sens que nos propositions sont formulées et sont connues de tous depuis longtemps, sachant que notre but, en tant qu’association, est de protéger le consommateur et son environnement ».
En revanche, contrairement à un grand nombre d’acteurs intervenant sur le marché, le président de l’APOCE rejette l’idée selon laquelle les hausses de ces derniers jours seraient motivées par l’approche de l’Aïd. « L’approche de l’Aïd ne peut pas justifier ces hausses », dira-t-il. Pour lui, « les produits les plus demandés à cette occasion sont connus et peuvent enregistrer des hausses à quelques jours seulement de l’Aïd, ce n’est pas à partir de maintenant alors que presque deux semaines nous séparent encore de cette fête », explique M. Zebdi.
M. N.